Paris, le 9 novembre 2020

Le 5 novembre 2020, Jean-Michel Blanquer a annoncé une modification de l’organisation du baccalauréat 2021 afin de tenir compte du contexte sanitaire exceptionnel auquel font face les lycées en cette période de reprise épidémique du Coronavirus.
Au-delà de leur caractère improvisé et bien tardif, alors que des propositions de la communauté éducative sont sur la table depuis juin dernier, ces annonces ne sont pas à la hauteur des enjeux pédagogiques, et vont générer un stress croissant pour les élèves et les enseignant·e·s, notamment en Terminale.

Contrôle continu à tous les étages

Le Ministre de l’Éducation Nationale a annoncé la suppression des épreuves communes en Première et en Terminale, remplacées par le contrôle continu (notes des bulletins scolaires).
Il serait préoccupant que le Ministère profite de cette situation de crise pour donner un poids démesuré au contrôle continu dans l’obtention du baccalauréat, et ce pour la seconde année consécutive, alors que cette solution entraîne des entorses majeures à l’égalité de traitement des élèves et qu’elle a déjà conduit à des manipulations de notes selon des modalités problématiques lors des jurys du baccalauréat de l’année dernière. Quelle sera la valeur d’un diplôme dépendant à ce point d’une évaluation locale face à la boite noire que constitue ParcourSup ?

Exigence sanitaire et flou pédagogique

Face à l’urgence sanitaire, le Ministre autorise la réduction de 50% des heures de cours effectuées dans les établissements et la mise en place d’un enseignement hybride, tout en renvoyant cette décision au niveau local. D’un lycée à l’autre, les élèves auront des conditions d’apprentissage très différentes, ce qui risque de renforcer encore les inégalités de réussite scolaire. De surcroît, les programmes restent impératifs dans toute leur étendue alors que la scolarité des élèves va être à nouveau perturbée.

Épreuves « finales » maintenues en mars

Dans cette configuration, le maintien intégral du calendrier des épreuves de baccalauréat apparaît incohérent et inacceptable. C’était pourtant déjà mission impossible pour les enseignant.e.s de S.E.S. et leurs élèves de traiter les 8 chapitres exigibles pour le 15 mars, au regard des lacunes accumulées durant les 55 jours de confinement l’année dernière et de la lourdeur des programmes. Cela le deviendra encore plus dans un contexte sanitaire dégradé imposant un recours croissant au travail à la maison pour les élèves.

Il est tout aussi inacceptable de maintenir le Grand Oral en l’état : en plus des graves défauts de conception qui grèvent cette épreuve depuis le départ, et de l’impréparation qui a présidé à sa mise en œuvre à marche forcée, le maintien des attendus pour l’épreuve de spécialité et le contexte d’enseignement dégradé rendront le suivi des élèves encore moins possible. Cela revient à entériner les inégalités sociales de réussite scolaire en évaluant les élèves en fonction des appuis qu’iels auront pu trouver dans leur entourage pour préparer cette épreuve en quasi-autonomie.
Dans l’intérêt des élèves et des enseignant·e·s, nous demandons au Ministre de sortir du déni, et d’annoncer au plus vite :
• le report des épreuves de spécialité en juin, en limitant les objectifs d’apprentissage ;
• la suspension du Grand Oral pour cette année (dans l’attente d’une refonte de cette épreuve et d’une véritable préparation des élèves) ;
• la garantie aux équipes enseignantes des moyens nécessaires pour assurer l’enseignement de qualité qu’elles doivent aux élèves.

Cette crise sanitaire rend particulièrement visibles les méfaits de la triple réforme du lycée, du baccalauréat et de l’orientation dans le supérieur, avec son brassage continu des élèves dû à l’éclatement des classes, avec son calendrier aberrant d’évaluation, avec ses programmes intenables et avec la réduction des moyens alloués aux dédoublements.

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