Paris, le 5 juillet 2022 :

Aux épreuves du baccalauréat de mai 2022, il a été demandé aux candidat.e.s, en spécialité SES, de « Montrer que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance ». Ce sujet borné est malheureusement conforme aux objectifs d’apprentissage des programmes rénovés de SES en 2018 par un groupe d’experts présidé notamment par l’économiste Philippe Aghion. L’APSES n’a eu de cesse depuis de dénoncer les angles morts de ces programmes ainsi que leur incapacité à exposer clairement les termes des débats inhérents aux objets d’étude des sciences sociales.

Dans les programmes, la croissance ne fait pas débat

Un exemple criant : le programme élude le débat concernant la soutenabilité de la croissance et enseigne que la crise climatique pourra être évitée par les innovations vertes. Les élèves ne sont pas invités à questionner le dogme de la croissance économique ; soit une large part du débat démocratique concernant la possible bifurcation écologique qui s’impose à l’humanité, comme en attestent les rapports du GIEC.
Ainsi, face à l’urgence climatique de plus en plus manifeste, les programmes de SES apparaissent borgnes et très en retard face aux débats scientifiques et citoyens qui interrogent nos sociétés.

Encyclopédiques, peu problématisés, et manquant de pluralisme, ils conduisent à une accumulation de savoirs tronqués qui empêchent l’appropriation, par les élèves, des débats qui animent nos sociétés et les sciences sociales. En outre, ce constat est aggravé par la préparation, à marche forcée, d’un baccalauréat avancé au mois de mars.

Les programmes de SES doivent être réécrits au plus vite

En tant qu’enseignant.e.s, nous portons une grande responsabilité : l’Ecole doit permettre aux jeunes générations de s’approprier pleinement les enjeux écologiques et les débats scientifiques sur la question de l’environnement, des sciences de la nature aux sciences sociales. C’est pourquoi, l’Assemblée générale de l’APSES, qui s’est tenue les 25 & 26 juin à Bordeaux, a décidé d’initier un travail de refonte des programmes de SES, de la seconde à la terminale, en commençant par construire un chapitre sous le prisme de la bifurcation écologique qui s’impose à l’humanité.

Nous exhortons le gouvernement à permettre cette bifurcation pédagogique urgente en annonçant sine die la réécriture des programmes de SES. Sans attendre, nous appelons nos collègues enseignant.e.s en lycée et chercheur.e.s en sciences sociales à l’université à participer à ce chantier démocratique, scientifique et pédagogique urgent et prioritaire.

L’APSES collectera et diffusera toutes les initiatives de bifurcation pédagogique et appelle les enseignant.e.s de SES à mettre en œuvre ces orientations dans leurs classes, dès la rentrée 2022, dans le cadre de leur liberté pédagogique.

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