Paris, le 10 janvier 2022
Indépendamment de la situation sanitaire, le ministre maintient, contre vents et marées, un des totems de sa réforme du lycée : des écrits du baccalauréat en mars de l’année de terminale, qui compteront pour 32% de la note finale et seront intégrés dans Parcoursup pour la sélection dans les filières du supérieur.
Comme l’année dernière, l’APSES a réalisé une enquête auprès des professeur·e·s de SES, sur l’avancement, à la fin du premier semestre, de la préparation des élèves de terminale aux épreuves écrites de spécialité.
Au vu des premiers résultats de cette enquête (voir la note de synthèse), force est de constater que les élèves ne seront pas préparé·e·s à affronter les épreuves du baccalauréat.
Le chiffre : seulement 7 % des classes arrivent à suivre le rythme !
Durant les 14 semaines entre septembre et les vacances de Noël, sur les 7 chapitres attendus pour les épreuves de mi-mars, seulement 7 % des collègues déclaraient avoir traité 5 chapitres, ce qui correspond au rythme d’avancement à tenir si l’on suit les recommandations du programme. Au contraire, 40,7% des professeur·e·s n’ont pu traiter que 3 chapitres complets avec leurs élèves… A la rentrée de janvier, il restait alors à ingurgiter peu ou prou la moitié du programme attendu, le tout en 8 semaines (sans compter la semaine de bac blanc que certains lycées parviennent à organiser) ! Au-delà du programme, notre enquête montre que la préparation aux épreuves du baccalauréat est problématique. Ainsi, plus de 70% des enseignant·e·s n’ont pas pu encore, ne serait-ce qu’une seule fois, confronter leurs élèves à une épreuve type bac de 4h.
Par ailleurs, la situation sanitaire et les nombreuses contaminations transforment, en ce mois de janvier, les écoles ouvertes en écoles désertes, avec des élèves et des professeur·e·s malades et absent·e·s. Cette accélération de l’épidémie entraîne dans les classes des ruptures d’apprentissages qui pénalisent les élèves les plus fragiles et qui introduisent une rupture d’égalité entre élèves face à la préparation aux épreuves du baccalauréat.
Mais, au-delà du Covid, il s’agit bien d’un problème structurel : la réforme du lycée dégrade durablement les conditions d’enseignement, d’apprentissage et d’évaluation ; elle instaure en outre de nouveaux programmes lourds et inadaptés.
Sur la base de cette enquête et celle de l’an dernier, comme depuis deux années maintenant, nous appelons le ministre à entendre raison. L’APSES demande :
– Des épreuves terminales de spécialité en juin et non en mars, pour laisser aux élèves le temps d’y être effectivement préparés et de s’approprier les contenus enseignés ;
– La réalisation d’un bilan, par le ministère, à partir des copies de baccalauréat afin d’évaluer les acquis des élèves suite à la mise en œuvre des nouveaux programmes du cycle terminal.
– Dès l’année prochaine, un allègement significatif des programmes trop lourds et inadaptés aux conditions d’enseignement, même en dehors du contexte de crise sanitaire.
Compte-tenu de l’urgence de la situation, l’APSES appelle les enseignant·e·s de SES à rejoindre la grève du jeudi 13 janvier.