Association des enseignants et chercheurs en Science politique (AECSP)

Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES)

Association des professeurs de Sciences économiques et sociales en khâgne et hypokhâgne B/L (APKHKSES)

Association des sociologues enseignant-e-s du supérieur (ASES)

Association française d’économie politique (AFEP)

Association française de sociologie (AFS)

Collectif de défense et de promotion des sciences économiques et sociales (CDP-SES)

 

A monsieur le Ministre de l’Education nationale.

 

Paris, le 4 février 2018

 

Objet : réforme du baccalauréat et du lycée et formation des lycéens en sciences économiques et sociales.

 

Monsieur le Ministre,

Nous avons pris connaissance du rapport « baccalauréat 2021 » qui vous a été remis mercredi 24 janvier par Monsieur Pierre Mathiot, et souhaitons vous faire part de notre appréciation sur les conséquences qu’aurait la réforme proposée sur la formation des lycéens en sciences économiques et sociales (SES), et sur leur poursuite d’études dans l’enseignement supérieur.

Le projet de réforme du lycée comporte deux avancées importantes pour la diffusion de la culture économique et sociale. D’une part, les SES intègreraient le tronc commun lors du premier semestre de la classe de seconde, et d’autre part elles seraient proposées de manière optionnelle à tous les lycéens de première et terminale qui le souhaitent. Ces propositions, qui suivent les préconisations du rapport du Conseil supérieur des programmes et du Conseil national éducation économie qui vous a été récemment remis, nous semblent un premier pas nécessaire tant pour la formation citoyenne que pour la préparation à la poursuite d’études supérieures.

Pour autant, le projet soulève également de vives inquiétudes quant au maintien d’un parcours cohérent et approfondi de formation aux sciences sociales au lycée, au premier rang desquelles l’économie, la sociologie et les sciences politiques. La série ES peut aujourd’hui se targuer de ne pas avoir démérité : série mixte socialement (la composition sociale de ses élèves est la même que celle de l’ensemble des élèves de seconde générale et technologique), ses élèves apprécient les enseignements qui y sont proposés (les effectifs croissants de la série ES, qui regroupe aujourd’hui un tiers des élèves de la filière générale, en attestent), ont accès à des poursuites d’études diversifiées pour lesquelles leurs taux de réussite sont élevés.

Nous souhaitons que la réforme du lycée tienne compte de ce bilan très positif de la série ES et permette d’améliorer les poursuites d’étude dans l’enseignement supérieur. Or nous avons certaines inquiétudes à ce sujet. Dans le projet envisagé par le rapport Mathiot, l’ensemble des élèves de première générale devront choisir une majeure de deux disciplines. Parmi les 9 couples de disciplines constituant une majeure, 4 seraient des couples d’un parcours « scientifique », et 5 seraient des couples d’un parcours « lettres-humanités-société » au sein duquel les SES ne seraient proposées que deux fois. Les élèves choisiraient ensuite deux disciplines mineures, avec la possibilité de changer de mineure à chaque semestre. Un lycée soucieux de l’égale dignité des voies de formation n’aurait pas cantonné les SES dans un ensemble « lettres-humanités-société » tendant à dénier la spécificité d’une troisième culture qui a justement l’attrait de se situer au croisement des sciences et des humanités. Il nous semble important pour l’articulation entre le futur lycée et les formations du supérieur, notamment à l’université et en CPGE, que tous les lycéens se spécialisant en Sciences économiques et sociales puissent bénéficier d’une formation suffisante en mathématiques et ceux qui le désirent d’une formation avancée.

Le choix des disciplines en majeures et mineures par les lycéens risque par ailleurs d’amoindrir la cohérence et la richesse du parcours économique et social, qui associe de façon équilibrée aujourd’hui, en série ES, entre autres, les SES, les mathématiques, les sciences, l’histoire-géographie, deux langues vivantes, les lettres et la philosophie, dont les programmes peuvent être conçus en complémentarité et dans la continuité sur 2 ans. Nous attirons donc votre attention sur la nécessité de proposer des programmes cohérents, avec un horaire suffisant, pour assurer la réussite des élèves dans l’enseignement supérieur.

L’absence d’indications quant au volume horaire de l’enseignement de SES dans le projet nous inquiète à ce titre. La classe de seconde étant le seul niveau d’enseignement où les SES seraient enseignées à tous les élèves, mais pour un semestre seulement, il nous semble indispensable qu’elles le soient pour une durée minimale de 2H par semaine. De même,  il nous paraît nécessaire que les élèves qui ont souhaité se spécialiser en majeure SES au long du cycle terminal y bénéficient d’un volume horaire hebdomadaire de 5H minimal en classe de première et de 6H en classe de terminale, étant donné que les SES y sont absentes du tronc commun. A chaque niveau d’enseignement, les élèves doivent pouvoir bénéficier de dédoublements définis nationalement, une absolue nécessité pour les apprentissages des élèves, et particulièrement pour qu’ils puissent s’approprier les méthodes des sciences sociales et se préparer efficacement aux épreuves du baccalauréat.

Dans le cadre de la concertation qui s’est actuellement ouverte, nous souhaitons donc pouvoir vous rencontrer au plus tôt pour vous convaincre du bien-fondé de nos propositions. Dans l’attente, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de nos sentiments respectueux.

Association des enseignants et chercheurs en Science politique (AECSP)

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