L’APSES a été reçue mardi 2 octobre par le Conseil supérieur des programmes et les copilotes du groupe d’élaboration des projets de programmes de la spécialité Sciences économiques et sociales (SES). A la suite de cette réunion, nous proposons une première analyse de ces projets et nos suggestions d’amélioration dans une lettre adressée au CSP.
Les programmes qui nous ont été présentés oralement comportent selon nous certaines avancées par rapport aux programmes actuels : rééquilibrage entre l’économie d’une part et la sociologie-science politique de l’autre, introduction de chapitres de science politique dès la classe de Seconde, réduction du nombre de chapitres, ou suppression de la longue liste de notions qui conduisait au bachotage et bridait la liberté pédagogique.
Le projet de programme complet a depuis été mis en ligne par le SNES (avec IC et préambule) : https://www.snes.edu/IMG/pdf/2nd_ses.pdf
Pour autant, ces projets de programmes ne sont à ce stade pas satisfaisants pour plusieurs raisons :
- ces projets sont construits sur un principe de séparation disciplinaire (économie d’un côté, sociologie et science politique de l’autre, se privant par ailleurs de convoquer les apports de l’anthropologie ou de la psychologie sociale même lorsque cela serait pertinent) bien moins fécond et attractif que l’approche pluridisciplinaire par objets d’étude, approche plébiscitée par les enseignants et les élèves, et qui est d’ailleurs celle que le Conseil supérieur des programmes a lui-même proposé pour les autres enseignements de spécialité pluridisciplinaires ;
- ces projets restent encore trop volumineux, d’autant plus que l’horaire est très faible en classe de seconde (1h30) et en baisse en première (4 heures contre 5 heures avant la réforme) ;
- en première en économie, la place de la micro-économie est excessive par rapport à celle de la macroéconomie, qui paraît anecdotique. La vision de l’économie qui est proposée aux élèves parle bien trop peu du rôle des institutions et des politiques publiques, et l’approche choisie est à plusieurs endroits trop techniciste et ardue pour des élèves ;
- en première en sociologie, la disparition de la notion de catégorie socio-professionnelle ou le recul du raisonnement en termes de groupes sociaux est également dommageable, le programme de seconde commence par un chapitre d’épistémologie, ce qui est intéressant en soi mais peu envisageable en début d’année de seconde ;
- Dans de nombreux chapitres, les questions proposées sont souvent très descriptives et trop peu problématisées, et paraissent trop éloignées des enjeux contemporains et des débats de société qu’elles permettent pourtant d’éclairer (l’économie de marché, l’environnement, le chômage, les inégalités, la fiscalité, etc.).
- En première, les regards croisés associent de façon asymétrique les sciences sociales : il s’agit avant tout de chapitres traités sous l’angle économique et faiblement avec les apports de la sociologie ou de la science politique.
Sur les 2 années de seconde et première, avec ces projets de programme, les élèves n’auraient que peu entendu parler de revenus, consommation, inégalités, chômage, travail, budget de l’Etat, environnement, groupes et réseaux sociaux, redistribution, alors même que les modèles stylisés du marché auront occupé 4 chapitres. On peut interpréter ce déséquilibre comme un manque de pluralisme théorique ou comme une interrogation insuffisante du monde dans lequel évoluent les élèves.
Le projet de programme de première est actuellement soumis à consultation sans aucune visibilité sur le programme de terminale ni sur l’évaluation en fin de première et en fin de terminale.
Parce que les futurs programmes de SES contribueront à la formation intellectuelle de centaines de milliers de lycéens dans les années à venir et particulièrement en 2nde où les SES (re)deviennent un élément obligatoire de la formation des futurs citoyens, nous pensons qu’il est absolument nécessaire que plusieurs modifications soient d’ores et déjà apportées aux projets de programmes.
Les programmes de SES doivent pouvoir à la fois davantage contribuer à la culture générale et à la formation citoyenne et des élèves, ces deux éléments étant également nécessaires à leur réussite dans l’enseignement supérieur.
C’est pourquoi nous soumettons des propositions d’amendements de nature à les améliorer, et à renforcer leur acceptabilité par tous les acteurs intéressés par l’enseignement des sciences économiques et sociales, et cela dès avant la phase de consultation qui s’ouvrira en Novembre, phase pendant laquelle il sera crucial d’entendre les remarques de l’ensemble de la communauté éducative.
Voir le détail des propositions de l’APSES dans le fichier suivant :