Entrevue entre l’APSES et Madame la Conseillère éducation, enseignement supérieur, recherche et innovation de la Présidence de la République.

Présent⋅es :

  • Pour l’APSES : Benoît Guyon, Solène Pichardie, Amandine Oullion, Olivier Louail
  • Pour l’Elysée : Anne Laude, conseillère éducation du Président

La rencontre et les échanges, cordiaux, se sont déroulés au palais de l’Elysée et ont duré près d’une heure. Nous présentons ici les points évoqués par les représentant⋅es de l’APSES.

A la fin de l’entretien, Madame la Conseillère a indiqué prendre attache avec le Ministère de l’Éducation nationale quant à ces différents éléments.

Propos introductif de l’APSES

  • Présentation de l’association et de sa représentativité
  • Présentation du contexte d’intervention des SES au lycée

Le calendrier du bac

Présentation de l’enquête de l’APSES publiée en janvier 2023

  • 1/3 des collègues sont en retard dans la progression.
  • Une adaptation des collègues : les enseignant⋅es sont moins en retard que l’an dernier sur le programme.
  • Revers de la médaille : diminution du temps consacré aux évaluations et aux activités de remédiation, avec des effets négatifs sur l’acquisition des connaissances par les élèves et sur l’égalité des chances.
  • Des effets négatifs sur la maîtrise des méthodes, et notamment de la dissertation (spécificité des SES). Nous tenons à cette dissertation, qui est importante pour maintenir l’exigence au baccalauréat et pour préparer au supérieur. Dans le contexte de la réforme du bac (calendrier contraint) et du lycée (éclatement du groupe classe), il est difficile de maintenir des entraînements en conditions réelles, et des entraînements tout court. Nous sommes donc obligé⋅es de revoir les exigences à la baisse.
  • Une régression dans les pratiques pédagogiques. Abandon des pratiques pédagogiques diversifiées, et notamment de l’entraînement à l’oral qui n’est préparé qu’entre mars et juin. Ce travail de l’oral est d’autant plus difficile que les groupes de spécialité SES sont les plus chargés : 27 élèves en moyenne sur les deux niveaux du cycle terminal selon la DEPP.
  • Des inquiétudes sur la démobilisation des élèves au troisième trimestre, et sur la désorganisation du trimestre, y compris pour les classes de Seconde et de Première (enseignant⋅es mobilisé⋅es pour le baccalauréat notamment).
  • Des inquiétudes du côté des enseignant⋅es du supérieur quant à l’acquisition des savoirs et des méthodes, il s’écoule beaucoup de temps (6 mois) entre les écrits de mars et la rentrée de septembre.

Sur la base de ces constats , l’APSES demande des épreuves terminales en juin.

La question de Parcoursup

Il y a convergence entre les associations du supérieur qui ont signé un courrier commun avec l’APSES (AFSP, AFS, ASES, AFEP) sur l’idée que le bac en mars pose problème pour la formation et la préparation des élèves, et pour améliorer leurs chances de réussite en première année.

Pour l’APSES, la sélection ne justifie pas de sacrifier l’acquisition des contenus et l’égalité des chances.

Par ailleurs, la validité des notes du bac en mars pour servir de base à une sélection dans l’enseignement supérieur est sujette à caution. Avec le bac en mars, on remarque une dégradation des exigences sur les sujets de bac : comme les élèves ne sont pas prêts en mars, on ne demande plus aux élèves de faire preuve d’esprit critique mais simplement de dérouler leur cours, on réduit les exigences  dans la maîtrise des savoir-faire statistiques. L’année dernière, les notes ont aussi été remontées.

Nous constatons que la manière d’enseigner la discipline change en raison du nouveau calendrier du baccalauréat, et cela nous amène à diminuer les exigences et à moins suivre les élèves. Or si nous ne formons pas nos élèves et que nous ne les préparons pas correctement aux épreuves du baccalauréat et à la poursuite d’études, c’est ce qui se passe dans les familles qui va être déterminant et ce sont les inégalités qui vont se renforcer.

Les effets de la réforme du lycée sur l’enseignement des SES

Présentation de la note d’information de l’APSES

Selon les données de la DEPP, les SES constituent la 2e discipline qui perd le plus d’heures après les mathématiques depuis la mise en place de la réforme.

Dans le cadre du lycée actuel, les SES se distinguent par la faiblesse de l’horaire en Seconde. L’APSES demande 3h en classe de seconde pour s’aligner sur les autres matières de tronc commun.

Sur la santé des collègues , nous avons intégré des questions sur les risques psychosociaux dans notre dernière enquête.

  • Accélération des cadences de travail ;
  • Sentiment de travail empêché, conflit de valeurs (respecter les injonctions institutionnelles et faire le programme, ou former correctement les élèves) ;
  • Des collègues vont travailler alors qu’ils sont malades, par peur de perdre des heures de cours.
  • Les femmes sont particulièrement touchées.

Les programmes de SES

L’APSES demande :

À court terme, des allègements

À plus long terme, une réécriture pour :

  • Des programmes plus en adéquation avec l’actualité de la recherche (par ex. sur les questions environnementales) ;
  • Sortir du cloisonnement disciplinaire. Demande d’une approche par objets.
  • Des programmes plus adaptés à des élèves de lycée.

Le partenariat MEN-IDE : Melchior

La plateforme Melchior, issue du partenariat entre le Ministère et l’Institut des entreprises (IDE), produit des propositions pédagogiques qui posent problème car elles visent à présenter les entreprises partenaires (par ex. Vinci, Total) sous un jour favorable. Le problème est qu’il s’agit d’un partenariat officiel. L’inspection promeut ces contenus auprès des collègues de SES.

Ce partenariat pose problème vis-à-vis des principes de neutralité du service public et de laïcité.

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