Paris, le 26 mars 2018 :
Face à la marginalisation et la dénaturation programmées des Sciences économiques et sociales dans le cadre de la réforme du lycée, l’APSES appelle l’ensemble de la communauté éducative et l’ensemble des citoyens à un grand rassemblement à Paris le mercredi 11 avril, veille de la présentation de la réforme du lycée au Conseil supérieur de l’éducation.
La culture économique et sociale réduite à un strapontin en classe de seconde
Alors que les entreprises d’influence de l’opinion et le déferlement des ¨fake news¨ nous rappellent chaque jour la nécessité pour les citoyens de disposer des outils d’analyse proposés par l’économie, la sociologie et les sciences politiques afin de mieux saisir les enjeux démocratiques contemporains (avenir de la croissance, dynamiques de l’emploi et de la mobilité sociale, persistance des inégalités, notamment entre les femmes et les hommes, effets contrastés de la mondialisation ou défis de la construction européenne, montée de l’abstentionnisme…), le Ministère de l’Education nationale aurait pu se saisir de la réforme du lycée pour offrir enfin à tous les lycéens la culture économique et sociale qui leur est aujourd’hui indispensable.
Mais l’occasion est doublement manquée :
en première et terminale, les SES hériteraient du statut d’enseignement de spécialité, optionnel, avec une perte horaire de 20% par rapport à ce dont bénéficient les élèves de l’actuelle série ES, qui a pourtant largement démontré son succès tant en termes de recrutement que de débouchés ;
en seconde, les SES intégreraient les enseignements de tronc commun, mais à hauteur de 1H30 par semaine seulement. Un horaire absolument dérisoire pour un enseignement absent du collège et au regard des besoins de formation et d’orientation des élèves.
Fusion avec la gestion et recul de la sociologie, amputation des sciences politiques : une tentative de démembrement ?
Cette marginalisation est d’autant plus inquiétante qu’elle s’accompagnerait d’une double dénaturation :
en seconde, le Ministère envisage de fusionner les SES avec l’enseignement d’économie-gestion, au détriment de l’approche sociologique pourtant essentielle pour aborder notamment des questions aussi vives que, par exemple, les inégalités dans toutes leurs dimensions (économiques, de genre, scolaires, etc.) ;
en première et terminale, les programmes de SES seraient purement et simplement amputées de la science politique, cette dernière étant exfiltrée dans une nouvelle spécialité histoire-géographie-géopolitiques-sciences politiques au contenu des plus flous.
Face à ce risque de dilution des SES, l’APSES appelle donc l’ensemble de la communauté éducative et des citoyens à un grand rassemblement à Paris le mercredi 11 avril après-midi (lieu à déterminer). Comme plus de 15.000 personnes dont 250 chercheurs en sciences sociales l’ont réclamé en signant la pétition initiée par l’APSES, les SES doivent bénéficier en tronc commun de seconde d’un horaire revalorisé à la hauteur des besoins de formation des élèves. A tous les niveaux d’enseignement la discipline doit rester pleinement pluridisciplinaire, associant l’économie, la sociologie et les sciences politiques : il en va de la meilleure compréhension des phénomènes économiques, sociaux et politiques, comme en témoigne le succès des SES auprès des élèves.