Paris, le 04/04/2024

Le colloque « Les Sciences économiques et sociales face aux enjeux écologiques » a réuni une centaine de collègues du secondaire et du supérieur le lundi 25 mars à l’université Paris Dauphine. Les échanges ont montré l’insuffisance de la formation des lycéen·nes concernant les questions écologiques : les programmes de SES passent en effet à côté d’un des plus grands défis du monde contemporain et font l’impasse sur le renouvellement des connaissances en sciences sociales sur ces questions.

Reprendre la main sur nos programmes, développer l’esprit critique et former des citoyens

Les SES doivent amener les élèves à comprendre les mécanismes de fonctionnement du monde social, à débattre des questions vives auxquelles ils et elles font face, dans une approche scientifique, pluraliste et pluridisciplinaire des sciences sociales. Des points fondamentaux ont été actés lors de ce colloque : les enjeux écologiques soulèvent des problématiques économiques, sociologiques et politiques qui doivent être comprises avant l’entrée dans le supérieur.

Au lycée, les SES doivent permettre :

• De comprendre les questions environnementales comme étant encastrées dans des façons de produire et des rapports sociaux historiquement construits : nos élèves doivent pouvoir situer la problématique écologique actuelle dans l’histoire du(des) capitalisme(s) et de l’extension des marchés, et des autres systèmes fondés sur le productivisme et l’extractivisme ;
• De mettre en débat la diversité des possibilités qui s’ouvrent aujourd’hui pour réduire l’empreinte écologique : la poursuite d’une croissance fondée sur les innovations, mais aussi une redéfinition des activités de production et des modes de consommation, des circuits d’échange, de la place du marchand et du non-marchand ;
• De connaître d’autres indicateurs que la seule augmentation de la quantité de biens et services produits, de s’interroger sur leur fonction et les modalités de leur élaboration ;
• D’appréhender les questions environnementales comme des questions sociales : d’étudier en tant que telles les inégalités environnementales, d’intégrer les questions écologiques à l’analyse des classes sociales et de la justice sociale, dans une perspective de transition ou de transformation des sociétés. De s’interroger sur ce que peut être une transition écologique et sociale juste, et de connaître un éventail large d’outils pour une telle transition.
• De comprendre que l’environnement est un enjeu de conflit social et de débat démocratique, en particulier à travers l’étude du mouvement écologiste. De savoir que des expériences d’organisations sociales alternatives sont menées. De comprendre comment le « commun » peut constituer une réponse démocratique face aux problèmes d’usage d’une ressource rare. De mieux connaître les difficultés de l’action publique pour l’environnement et les moyens de les dépasser.

Refonder les programmes de SES

Les problèmes écologiques ne doivent donc pas constituer un chapitre en plus dans un programme déjà très lourd. Ils amènent au contraire à redéfinir les questions abordées avec les élèves, et les savoirs que nous enseignons. Cela suppose une véritable formation professionnelle continue, pour que les collègues puissent s’approprier l’état actuel de la recherche. Aussi, le chantier à venir est conséquent et décisif. D’ores et déjà, nous reprenons la main sur notre métier et nous mettons au travail pour définir des contenus d’enseignement qui permettent d’articuler refondation et allègement de nos programmes. Si nous voulons continuer à jouer notre rôle de passeur·es de connaissances, qui reste plus que jamais essentiel dans ce contexte de changements rapides, voire brutaux, qui traversent nos sociétés, il nous faut urgemment opérer une bifurcation pédagogique pour donner davantage de sens et de rigueur scientifique à nos enseignements.

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