Dans L’Expresso du 09/09/2016

L’enseignement de l’économie est-il le même d’un bout à l’autre de l’Europe ? L’occasion de le vérifier a été donnée par la 21ème conférence de l’AEEE qui s’est tenue du 21 au 26 août à Kufstein, dans le Tyrol autrichien. Florence Aulanier y représentait l’Apses, l’association des professeurs de SES. Elle fait un bilan des échanges et des ateliers. Les professeurs d’économie ont-ils des choses à s’apprendre ?

17 nationalités présentes

Du 22 au 24 août 2016, les petites rues de la ravissante cité de Kufstein, dans le Tyrol autrichien, étaient  encore plus cosmopolites que d’habitude. En effet, c’est ici que la 21ème conférence de l’AEEE  (Association of European Economics Education) (1) s’est tenue.

Cette association, composée  de nombreuses associations européennes de professeurs d’économie et de sciences sociales (selon les configurations nationales des programmes d’économie), dont l’APSES (2),  a pour objectif de favoriser les rencontres et les réseaux entre les professeurs d’économie en Europe. Les conférences proposent à la fois des séances plénières et des ateliers.

Parlons des conférences. Cette année, Doris Ritzberger-Gruenwald, directrice du département d’analyse et de recherche de la banque centrale autrichienne, nous a présenté une enquête sur les connaissances en économie des Autrichiens. Le professeur Michael Wohlgemuth, responsable  du Think Tank Open Europe Berlin, a abordé l’éventualité d’une Europe à la carte post-Brexit ,  et le docteur Nils Goldschmidt s’est interrogé sur les liens actuels entre éthique, culture et politiques économiques.

Jeux sérieux et classe inversée

Dans les 45 ateliers animés par des professeurs d’économie de toute l’Europe, les échanges ont été très nombreux et fructueux. 90 participants, 17 nationalités (y-compris des japonais, taiwanais, américains, canadiens, sud-africains), pour une réflexion intense sur les enjeux de l’enseignement de l’économie aujourd’hui.

Tous les thèmes  étaient axés sur la didactique. Les français Nicolas Olivier et Christophe Viscogliosi ont animé un atelier remarqué sur la pédagogie inversée (Flip class) (3), thème également abordé par le professeur néerlandais Théo Ross. Comment améliorer ainsi l’engagement  de chaque élève, afin de favoriser une meilleure réussite de chacun ?

Des jeux sérieux liés à l’économie ont été présentés : comment faire saisir aux élèves la loi des rendements décroissants en quelques minutes, à l’aide de deux poinçonneuses, de deux  paires de ciseaux et de deux équipes d’élèves ?

La transformation de l’enseignement de l’économie

Ce fut également l’occasion de découvrir les enjeux et transformations de l’enseignement de l’économie dans d’autres pays. Ainsi, en Roumanie, dès octobre 2016, l’économie sera un enseignement obligatoire pour tous les élèves dès l’âge de 11 ans, à raison d’une heure par semaine. L’idée est de favoriser une meilleure compréhension des réalités économiques, de la signification des taux d’intérêt, de la logique du marché, etc.

Les collègues polonais, venus nombreux, ont expliqué comment intégrer le corpus linguistique économique dans une programmation informatique efficace des modèles théoriques. Jen-Ruey Tsaur, professeur de Taiwan, s’est demandé si la dernière réforme de l’éducation dans son pays provoquait plus d’intégration, ou d’exclusion scolaire.

D’autres sujets portaient sur l’éducation au développement durable, sur l’enseignement des différents agrégats, sur la façon dont la crise est abordée dans les programmes nationaux, sur les liens entre les mathématiques et l’économie, et sur la façon dont l’informatique pouvait faciliter la compréhension et la maîtrise des modèles micro-économiques. Des enseignants de l’université de Potsdam ont présenté le protocole de leur enquête permettant d’établir une corrélation entre la réussite des étudiants en économie et la prise en compte de leurs émotions.

Des préoccupations variées et toutes liées à l’amélioration de l’enseignement de l’économie et/ou des sciences sociales, ce  qui rejoint les objectifs de l’Apses, qui est membre de l’AEEE et participe à ce titre à l’organisation des conférences.

Un blog commun en construction

L’AEEE a également pour objectif de faciliter la création de réseaux entre les associations européennes de professeurs d’économie, ainsi qu’entre les professeurs eux-mêmes. Il s’agit en effet de réfléchir aux enjeux de l’enseignement de l’économie en Europe, de comprendre ce qui nous rapproche, d’agir ensemble, et aussi de faciliter les échanges scolaires et les expériences pédagogiques communes.  Afin de renforcer les liens créés lors des temps forts que sont les conférences internationales, qui ont lieu tous les deux ans, un blog de l’AEEE sera très prochainement accessible. L’objectif est de traiter un thème par mois, en proposant des interventions d’universitaires, mais aussi des expériences pédagogiques de professeurs de l’enseignement secondaire de toute l’Europe. Le premier thème sera consacré aux migrations en Europe. A travers ces échanges didactiques internationaux, l’Europe existe d’une bien jolie façon. La prochaine conférence de l’AEEE aura lieu en 2018.

Florence Aulanier

Membre du bureau national de l’Apses et du conseil de l’AEEE

Notes :

1 Le site de cet événement  de l’AEEE

2 L’Apses

3 On retrouvera ici l’ensemble de leur démarche, ainsi que des séquences pédagogiques mutualisées.

Par fjarraud , le vendredi 09 septembre 2016.

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