Paris, le 7 février 2022

L’APSES se félicite des effets d’une mobilisation collective qui a conduit le ministre de l’Éducation nationale à enfin entendre la réalité du terrain, et à repousser les écrits du baccalauréat au mois de mai.

Dans un message adressé à toute la profession, le ministre développe même un véritable réquisitoire contre ces épreuves de la mi-mars, utilisant des arguments qui convergent avec ceux qui amènent l’APSES à demander le rétablissement des épreuves terminales en juin :
« Les élèves et tous les acteurs de la communauté éducative disposent ainsi d’une pleine visibilité sur les prochaines échéances. Ils pourront également séquencer leur travail sans être pressés par une série continue d’épreuves. Nous répondons là à des demandes fortement exprimées : celles de pouvoir se projeter sur l’intégralité de l’année scolaire et de subir le moins de perturbations possible. »

Covid ou pas, le calendrier du bac n’est pas tenable

Le ministre semble reconnaître ainsi à demi-mot que la crise sanitaire n’est pas seule à rendre ce report nécessaire. Si elle a fortement perturbé la scolarité des élèves, elle ne fait finalement que révéler davantage les malfaçons et incohérences de la réforme du lycée.
Déjà, le renoncement aux épreuves d’E3C, prévues en cours d’année de première, avait montré le problème d’un lycée totalement désorganisé par des évaluations à répétition. Aujourd’hui, avec le report des épreuves de spécialité en mai, le ministère acte enfin le fait que les élèves ont besoin de toute l’année pour assimiler les savoirs et s’entraîner aux méthodes.

Un lycée Blanquer qui renforce la sélection sociale et les inégalités

Malgré ces aménagements, la réforme du lycée général et technologique demeure élitiste et source d’inégalités sociales renforcées :

• Le baccalauréat est devenu plus inégalitaire en raison du renforcement du contrôle continu, de l’absence d’horaires dédiés à la préparation des épreuves (le grand oral en particulier) et d’un calendrier qui, en l’état, ne respecte pas les rythmes d’apprentissage des élèves, en particulier les plus fragiles ;
• La suppression des séries a privé de nombreux·ses élèves de savoirs indispensables à la construction d’un parcours d’apprentissage cohérent ;
• La baisse des moyens entraînée par la réforme a dégradé le suivi des élèves (diminution du nombre d’heures à effectifs réduits, augmentation du nombre d’élèves suivis par enseignant·e, éclatement du groupe classe et des équipes pédagogiques) ;
• Les programmes toujours plus pléthoriques ne font pas sens pour les élèves et constituent un obstacle à l’apprentissage de la démarche scientifique, à l’initiation aux méthodes d’investigation et au développement de l’esprit critique ;
• Le lycée a été transformé en outil de sélection généralisée et opaque pour le supérieur.

L’APSES continue à se mobiliser contre la réforme du lycée Blanquer et demande :

• Des épreuves terminales nationales et anonymes en fin d’année scolaire ;
• Une voie générale rénovée où est rendue possible une véritable articulation entre les disciplines, dans des séries repensées ;
• L’allègement et la réécriture des programmes afin de les rendre réalisables par les enseignant·e·s et assimilables par les élèves ;
• Des heures dédiées en demi-groupes pour le travail spécifique sur les compétences de l’écrit comme de l’oral ;
• La création de places dans l’enseignement supérieur permettant d’accueillir dignement la jeunesse et de lui garantir le droit à des études de qualité.

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