Communiqué de presse
Concours de l’enseignement : une réforme imposée au risque d’un métier déqualifié !
Lille, 09 avril 2025
En avançant le principal concours de recrutement des professeur⋅es du second degré (CAPES) au cours de la 3e année de licence, le gouvernement Bayrou reprend à l’identique une idée, pourtant largement décriée, lancée par M. Attal en 2024 et poursuivie par M. Barnier à l’automne dernier. Mal pensé et imposé dans la précipitation aux professionnel⋅les du terrain, ce projet de réforme pose un ensemble de difficultés et de questions auxquelles trois ministères successifs n’ont toujours pas apporté de réponses satisfaisantes.
La formation des enseignant·es : une réforme cruciale qui nécessite une concertation avec les acteurs du terrain
Le concours actuel, placé en fin de Master 2, place les étudiant·es dans l’impossibilité de se former sereinement. L’année de Master 2 se déroule en « alternance », ce qui implique de concilier l’exigeante préparation du CAPES avec l’apprentissage pratique du métier. Cette incohérence appelle une réforme de la formation mais le gouvernement fait fausse route.
En l’absence de garanties sur la part accordée au disciplinaire dans la formation en Master, l’avancement des concours au niveau L3 risque d’aboutir à la déqualification des professeur·es. On ne peut ainsi que s’étonner de la contradiction existante entre la volonté d’élever le niveau d’exigence auprès des élèves tout en abaissant le niveau de formation universitaire requis pour le recrutement des enseignant·es.
Les SES, un enseignement nécessitant une formation pluridisciplinaire de qualité
Cette réforme est particulièrement inadaptée pour recruter des enseignant·es du second degré, notamment dans des enseignements à dimension pluridisciplinaire comme les sciences économiques et sociales (SES). L’enseignement des SES requiert des candidat·es au CAPES qu’elles ou ils aient des connaissances solides dans les diverses sciences sociales, ce qui entre en contradiction avec la structure des licences disciplinaires telles qu’elles sont généralement organisées à l’Université aujourd’hui. Les étudiant·es en licence entreront dans le métier sans avoir eu ni le temps ni les moyens de se former correctement à l’ensemble des sciences sociales constitutives des SES (notamment économie, sociologie et science politique) ainsi qu’aux enjeux didactiques propres à ces disciplines et à leur croisement.
Abandonner le projet et oser écouter le terrain
Pour toutes ces raisons, l’APSES appelle le gouvernement à abandonner ce projet dangereux, et à prendre attache avec l’ensemble des acteurs de terrain pour réfléchir à une réelle amélioration de la formation des enseignant·es.
Si un système de pré-recrutement pourrait être instauré dès le niveau licence, le CAPES comme concours de recrutement dans un corps de la fonction publique doit être placé au cours du Master, et s’attacher à garantir une place centrale à la maîtrise des connaissances disciplinaires et de la didactique propre à chaque matière.