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Lycée : La solution finale pour les SES ?

La réforme du lycée va-t-elle permettre la victoire finale du lobby patronal sur les sciences économiques et sociales ? Un article des Echos annonçant l’éclatement des SES en plusieurs disciplines fait réagir l’association des professeurs de SES (Apses). Dans le vieux combat qui oppose le lobby emmené par Michel Péberau, et l’Apses, le ministre va-t-il céder au patronat et faire disparaitre les SES ?

 

Une vieille histoire

 

C’est une vieille histoire commencée sous Sarkozy et Darcos. En 2008, quelques mois après la victoire de N Sarkozy, deux rapports sont diligentés sur l’enseignement des sciences économiques et sociales (SES). Le premier est rédigé par  l’Académie des sciences morales et politiques sous la direction de Pierre André Chiappori. Il fustige l’enseignement des SES le qualifiant « d’inadapté dans ses principes et biaisé dans la présentation, soit en fait néfaste ». Ce rapport remis au ministre Xavier Darcos inspire la commission Guesnerie réunie par le ministre pour réformer les programmes de SES. En 2010 ils sont fortement réorientés. Cela génère un conflit avec l’Apses qui s’oppose à ces programmes et finit par les détourner à son profit n’hésitant pas à créer un « contre manuel » respectant la lettre des programmes mais certainement pas leurs intentions. L’Apses obtiendra aussi des aménagements des programmes.

 

Il y a un an, dans la fièvre de la campagne des présidentielles, l’Académie des sciences morales et politiques (ASMP), présidée par M Pébereau, lance une nouvelle offensive. L’ASMP organise un colloque qui juge « néfaste » l’enseignement des SES.

 

Mais en décembre 2017, le Conseil supérieur des programmes et le Conseil national éducation économie publient un rapport commun qui confirme l’idée d’un enseignement associant étroitement économie et sciences sociales et politiques. Ce rapport ne sera, selon une source bien informée, pas remis directement au ministre, signe qu’il ne le satisfait guère.

 

Les SES démembrées dans la réforme du lycée ?

 

C’est justement ce point central des SES que le ministre, selon Les Echos, s’apprete à faire sauter.  » Jean-Michel Blanquer va-t-il maintenir les  » SES » en un seul bloc ou les scinder en différentes disciplines – sciences économiques, sciences politiques, droit… -, et ainsi faire coïncider les disciplines du lycée avec celles de l’enseignement supérieur ? », écrit Les Echos.  » Il faut des disciplines permettant à l’université de savoir si les attendus sont au rendez-vous ou pas », décrypte une source bien informée qui se demande toutefois  » si le ministre va aller au charbon avec l’APSES, car une césure des sciences économiques et sociales ne se ferait pas sans cris ni heurts ».

 

La réponse de l’Apses

 

Pour l’Apses ce démembrement des SES serait un casus belli.  » Ce prétexte est bien sûr fallacieux. Car pourquoi vouloir réserver un traitement de faveur aux SES et ne pas proposer, selon la même logique, de séparer l’histoire de la géographie, ou la biologie de la géologie ? », écrit l’Apses.  » Le succès non démenti des sciences économiques et sociales depuis plus de 50 ans montre pourtant qu’associer les différentes sciences sociales pour étudier le monde contemporain est une nécessité à la fois pour la formation intellectuelle et citoyenne.  Comprendre les débats sur l’emploi et le chômage, sur les entreprises et l’économie de marché, ou encore déconstruire les stéréotypes liés au genre ne peut se faire de manière mono-disciplinaire ».

 

Du coup l’Apses durcit le ton sur la réforme du lycée.  » Plus largement, il est enfin temps de reconnaître que les SES contribuent pleinement à la citoyenneté des élèves. Cette discipline centrale de la troisième culture, celle des sciences humaines et sociales, doit pouvoir intégrer le tronc commun de la classe de seconde, et se déployer en première et en terminale au sein d’une série qui assure une formation intellectuelle cohérente. L’APSES s’opposerait donc vivement à toute fusion des séries L et ES, dont on aurait peine à saisir les motifs, et qui ne ferait que renforcer la hiérarchie des séries et la domination de la série S. »  JM Blanquer présentera son projet le 14 février.

 

François Jarraud

 

L’avis de l’ASMP

Rapport CSP CNEE

Selon Les Echos

Communqiué Apses

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