L’Association des Professeurs de Sciences Économiques et Sociales (APSES)

 

A l’attention des Rectrices et Recteurs d’académie

Paris, le 13 février 2019.

 

Mesdames et Messieurs les Rectrices et Recteurs d’académie,

 

L’APSES tient à vous alerter sur les effets actuellement constatés de la mise en œuvre dans les académies d’une réforme des lycées de plus en plus contestée.

L’absence de financement dédié des enseignements optionnels – langues vivantes, enseignements technologiques en seconde notamment – ainsi que les faibles marges « d’autonomie » octroyées, en particulier pour les classes de première, conduisent dès la rentrée prochaine à des effectifs particulièrement chargés (35 élèves dans toutes les classes) et à la réduction considérable dans de nombreuses disciplines des possibilités de travailler en demi-groupes.

Cette pénurie conduit également à renforcer les hiérarchies disciplinaires et les inégalités sociales que la réforme prétendait abolir. Car comment justifier que les élèves choisissant des spécialités de sciences expérimentales bénéficient – comme ils se doit – des dédoublements qui leurs sont nécessaires, alors que les élèves choisissant des spécialités liées aux humanités et aux sciences sociales en sont privés ? Et ceci alors même que les spécialités représenteraient les coefficients les plus élevés du nouveau baccalauréat, en étant à la fois évaluées par des épreuves écrites et lors du Grand oral en fin de classe terminale ?

Nous en appelons donc à votre rôle de régulateurs et d’arbitres impartiaux pour que, quel que soit le sort réservé à une réforme dont les effets néfastes sont de plus en plus patents, les élèves puissent l’an prochain bénéficier de conditions décentes d’apprentissage dans toutes les disciplines, qui doivent être placées à égale dignité.

En effet, les « choix » opérés par les établissements s’avèrent particulièrement critiques pour les sciences économiques et sociales (SES). Dans la plupart des établissements, aussi bien en seconde qu’en première, les SES perdent les dédoublements qui leur étaient indispensables pour permettre aux élèves de s’approprier des savoir-faire complexes (étude de documents statistiques, construction d’argumentations reposant notamment sur des tableaux, des graphiques, nécessité d’utiliser les TICE pour la recherche documentaire, la manipulation de tableurs dans le traitement d’enquêtes sociologiques….). De plus, les professeur.e.s de SES sont la plupart du temps évincé.e.s de l’accompagnement personnalisé et de la spécialité « histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques », pourtant initialement conçue pour être pluridisciplinaire, annonçant un véritable plan social pour notre discipline.

De même, le retour des SES dans le tronc commun de seconde ne s’accompagne d’aucune revalorisation matérielle des conditions d’enseignement. Future spécialité du cycle terminal, parmi les sept considérées comme « les plus courantes » par le ministre Blanquer, de facto présente dans de nombreux attendus des formations du supérieur, la discipline reste marginalisée. Or, les élèves n’ont jamais fait de SES avant la classe de seconde, et ne maîtrisent pas les méthodes des sciences sociales. Alors qu’ils n’auront qu’une vision partielle des SES, comment pourraient-ils faire des choix informés pour leur poursuite d’étude ?

Nous souhaitons donc que vous recommandiez aux établissements de votre ressort :

– d’acter l’intégration des SES au tronc commun de seconde, et ainsi de proposer, entre les disciplines, une répartition équitable des dédoublements, des interventions en AP, des missions de professeur principal ;

– de proposer des dédoublements équitables entre les élèves quels que soient leurs choix de spécialités, en première et en terminale, afin de garantir leur égalité face aux épreuves de spécialités en première et terminale, représentant les plus forts coefficients du nouveau baccalauréat ;

– d’indiquer un cadrage de la répartition des horaires entre SES et Histoire-Géographie pour l’enseignement de la nouvelle spécialité pluridisciplinaire « Histoire, géographie, géopolitique, science politique », dans le souci de l’égalité des élèves face aux apprentissages et in fine lors des épreuves du baccalauréat.

 

Dans l’espoir que vous pourrez intervenir en ce sens, nous vous prions de croire, Mesdames et Messieurs les Rectrices et Recteurs d’académie, à notre sincère attachement au service public de l’Éducation.

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