L’APSES interpelle l’inspection générale sur les difficultés rencontrées par les collègues lors de cette rentrée 2020/2021.

 

M. le doyen de l’inspection générale, cher collègue,

Nous vous écrivons afin de vous faire part des conditions de rentrées difficiles rencontrées par les enseignant.e.s de SES en cette rentrée 2020/2021. Partout en France de nombreux collègues de SES doivent composer avec des services particulièrement dégradés. Si nous avions déjà abordé le sujet lors de nos récentes entrevues, les témoignages recueillis sur les listes de discussion de l’APSES sont préoccupants en cette rentrée. En voici quelques extraits :
– « A temps partiel (10/18èmes), cette année j’ai 188 élèves, dont 4 groupes d’EMC en classe complète par quinzaine »
– « Temps plein avec 6 secondes, 1 première et 1 terminale : 286 élèves »
– « Je ne suis pas loin de 300 élèves »
– «Environ 200 élèves pour moi avec 4 secondes, une 1ère et 1 terminale. »
– «Environ 430 élèves sur 2 établissements… Pour mon complément de service de 8h, j’ai 10 classes dont 8 classes d’EMC 1ère c’est-à-dire 230 élèves que je ne verrai qu’une heure par quinzaine + emploi du temps à trous »
– « A temps partiel (13/18), j’ai 225 élèves dont 6 groupes de seconde »
– « Une terminale à 38, une première à 33, une autre à 34 et 5 groupes d’EMC de 31 à 35 élèves, soit 235 élèves à prendre en charge, sur un emploi du temps de 16h, sans aucune journée libre. »

Ainsi, ces témoignages spontanés viennent corroborer la dégradation de nos conditions d’enseignement et de suivi des élèves, déjà identifiée par notre vaste enquête portant sur la rentrée 2019.

Nous tenons donc à vous alerter sur l’amplification des difficultés pour l’ensemble des collègues de SES. En particulier, certain.e.s. doivent prendre en charge de nombreuses classes de seconde, en effectif complet à 1h30 hebdomadaires. De plus, la réduction des horaires en Première et Terminale induit mécaniquement un plus grand nombre de classes par professeur. D’ailleurs, l’augmentation du nombre d’élèves pris en charge évoquée ci-dessus est éloquente.

Dans ces conditions, il devient difficile d’apprendre à connaître les élèves et de créer une relation de confiance, condition essentielle pour asseoir son autorité et développer les apprentissages de manière efficace par une pédagogie différenciée.

Par ailleurs, concernant la classe de Terminale, de nombreux.ses collègues remontent d’importantes difficultés pour élaborer leurs progressions pédagogiques du fait de l’absence d’aménagements du programme, alors que les élèves ont été privés d’enseignement en classe pendant plusieurs mois et n’ont donc pas acquis tous les prérequis pour traiter le programme de Terminale. Ces craintes sont redoublées par la pression temporelle induite par le maintien des épreuves de spécialité fin mars, dans un contexte de perte d’heures dédoublées.

En outre, de nombreux.ses collègues déplorent le flou qui entoure certains éléments pourtant fondamentaux pour la préparation de leurs cours :
– La publication très incomplète et très tardive des fiches Eduscol pour la classe de Terminale, ce qui complexifie l’interprétation du programme et sa mise en œuvre efficace dans la perspective de la préparation à l’examen
– L’absence de formations pédagogiques au Grand Oral avant l’année de sa mise en œuvre, qui rend l’appropriation de cette nouvelle épreuve compliquée pour les collègues dans un contexte dans lequel aucun moyen horaire n’a été alloué à sa préparation pour les élèves dans de nombreux lycées (d’autant plus que certaines parties de cette épreuve, comme l’évaluation de la cohérence entre le choix d’orientation des élèves et les choix de sujet de Grand Oral, semblent très difficiles à évaluer équitablement et induisent des risques d’arbitraire dans la notation).

Cette pression temporelle et ces incertitudes sont ressenties d’autant plus durement que le contexte sanitaire entraîne lui aussi des incertitudes pour les élèves et les collègues, et que dans certains lycées touchés par la COVID 19, les cours en présentiel sont et seront remis en cause.

Par conséquent, il nous semble indispensable d’alerter les IA-PR afin qu’ils accompagnent les collègues, et interviennent auprès des établissements afin d’améliorer chaque fois que possible ces situations. Nous pensons aux collègues contractuels et TZR, dont certain.e.s se retrouvent, encore en cette rentrée, avec des services entièrement composés de classes de Seconde.

De plus, au vu de la crise sanitaire, nous réitérons notre demande d’aménagement des programmes pour le bac 2021.

Nous nous tenons à votre disposition pour échanger autour des solutions concrètes qui pourraient être apportées pour atténuer les difficultés rencontrées lors de cette rentrée très particulière. Ne doutant pas que vous aurez à cœur de prendre en considération nos demandes, nous vous en remercions par avance.

Bien cordialement, Solène Pichardie et Benoît Guyon, pour le Bureau national de l’APSES

 

Lettre APSES conditions de rentrée

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