Un collectif d’enseignants et de chercheurs déplore, dans une tribune au « Monde », que les questions d’écologie n’occupent qu’une place minime dans les classes au regard des enjeux. Aussi s’engagent-ils à constituer au plus vite un groupe de travail pour refonder les programmes de SES.

Alors que de plus en plus de chercheurs en sciences économiques et sciences sociales prennent la mesure de l’ampleur des enjeux écologiques et les intègrent à leur programme de recherche, en France, les lycéennes et lycéens continuent de recevoir des enseignements où les questions écologiques sont considérées comme un supplément d’âme civique ou moral, détachées de contenus standards réputés plus utiles à la compréhension de notre monde économique et social.

Cette approche place nos élèves en situation de dissonance cognitive : le hiatus entre les programmes actuels, qui portent la marque d’une vision dépassée de la pensée comme du système économique, et le besoin de révolutionner nos connaissances, nos paradigmes, nos modes de vie et nos modes d’action collective, devient criant et pour tout dire intenable.

Les élèves connaissent l’ampleur de la crise climatique et prennent conscience de l’effondrement du vivant, travaillent en classe sur les limites écologiques de la croissance, mais continuent d’être formés à des modèles économiques qui ne tiennent pas compte de ces limites ou prétendent pouvoir les ignorer en recourant à l’innovation technologique. De même, ils et elles apprennent à analyser les rapports de pouvoir et d’inégalité, mais sans pouvoir véritablement les articuler aux enjeux environnementaux.

Se confronter aux questions de notre temps

Les sciences économiques et sociales (SES) sont l’enseignement où, par excellence, les savoirs pluriels des sciences sociales peuvent permettre de comprendre le caractère systémique des crises écologiques, leur articulation avec nos modes de production et de consommation comme avec nos structures sociales et politiques. Les élèves devraient pouvoir se confronter aux questions de notre temps : quelles stratégies de transition systémique pour répondre à la crise climatique ? Comment concilier transition et justice sociale ? Quels peuvent être le rôle de l’Etat et des pouvoirs publics en général dans l’adaptation au changement climatique ?

En l’état, l’orientation des programmes nous prive de ce levier pédagogique essentiel pour faire évoluer les attitudes et les comportements : en 2019, alors que la jeunesse manifestait partout dans le monde et en France contre la crise climatique, le ministère de l’éducation nationale entérinait la suppression du thème de la consommation des contenus enseignés en classe de seconde. Comment ne pas se sentir désorienté ?

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