Refuser l’imposé, construire du commun
À l’APSES, la mutualisation est plus qu’une méthode : c’est notre ADN. À rebours des logiques descendantes, nous croyons en l’intelligence collective des enseignant·es de SES. À ce titre, les conditions actuelles de correction du baccalauréat illustrent tout ce qu’il nous faut refuser : des grilles d’évaluation imposées sans concertation, sans formation, sans bilan de l’existant, qui piétinent le travail collectif historiquement mené dans les académies. Il est urgent de redonner du sens à l’évaluation afin de mieux former les élèves et reconnaître leurs acquis, tout autant que les compétences professionnelles des enseignant·es.
Cela passe aussi par un autre chantier majeur : redéfinir les contours d’une épreuve orale juste. L’épreuve du grand oral, en l’état, n’est ni juste ni émancipatrice, et doit donc être supprimée. Elle évalue bien plus le capital culturel que les savoirs disciplinaires et les compétences argumentatives transmis et travaillés en classe. Nous voulons donc contribuer à construire une épreuve orale valorisant des savoirs et méthodes disciplinaires travaillés avec nos élèves et dont la préparation doit reposer sur l’apprentissage de la démarche de recherche.
Cela suppose que l’épreuve soit préparée dans un cadre national clair, avec des temps dédiés, ainsi qu’encadrée et évaluée par les professeur·es des disciplines concernées.
Sur le front des programmes, les allègements d’urgence, décidés sans concertation, ont amélioré nos conditions de travail au prix d’un appauvrissement de la formation citoyenne des élèves. C’est pourquoi l’APSES lance un projet ambitieux pour repenser en profondeur nos programmes. Invisibilisation des enjeux écologiques, manque de pluralisme, effets pervers du cloisonnement disciplinaire : l’APSES a déjà porté haut et fort une réflexion critique sur les programmes en vigueur. Nous allons encore vous y associer pleinement pour analyser l’existant et imaginer ensemble l’enseignement des SES de demain.
Il est indispensable de contribuer à la diffusion des sciences sociales dans le débat démocratique et l’APSES s’efforce de jouer ce rôle. Le colloque de Valence, en mars dernier, l’a montré avec force : face aux caricatures médiatiques et aux discours de l’extrême droite, les chercheur·euses en sciences sociales nous ont présenté des outils rigoureux pour comprendre les réalités sociales des jeunesses, loin des simplismes. Pourtant, partout, les sciences sociales sont attaquées. Y compris au lycée, où nos collègues sont parfois ciblé·es pour avoir évoqué en classe des sujets comme les inégalités sociales et de genre, la délinquance ou l’environnement. Enseigner les SES, c’est transmettre des savoirs critiques, contextualisés, pluralistes. Cela ne peut se faire que dans un cadre qui protège la liberté pédagogique et garantit des conditions d’enseignement dignes.
Qu’il s’agisse de remettre à plat la réforme Blanquer, de défendre notre liberté pédagogique, de réécrire les programmes ou de renforcer la place des SES dans le cursus des élèves du lycée, l’APSES continuera sans relâche de porter ses combats, avec ce qui fait sa légitimité : son ancrage, sa vitalité, et l’engagement de ses adhérent·es, qui représentent plus de 40% des enseignant·es de SES. En 2026, nous fêterons les 60 ans des SES : l’occasion de réaffirmer notre force collective. Plus que jamais, nous devons reprendre la main !
Emmanuelle Caley et Benjamin Quennesson, Coprésidence de l’APSES
Cette année l’APSES a conçu un poster d’aide à l’orientation pour les élèves de la spécialité SES. A afficher dans les salles de classe, il permet d’accéder à une version interactive construite à partir des données parcoursup. C’est ici : poster-APSES-sept-25-PRINT
La version complète de la lettre de rentrée est ici : lettre Apses2025-bleu-15aout25-web