A Paris, le 26 novembre 2019

Entre Mathématiques et Sciences économiques et sociales  :

pour une formation cohérente et adaptée aux élèves

L’APMEP et l’APSES avaient déjà alerté le ministère concernant l’appariement des SES et des mathématiques dans le projet de nouveau lycée. Deux mois après l’entrée en vigueur de la réforme, force est de constater que nos inquiétudes se sont renforcées.

En supprimant les séries ES, L et S, le nouveau lycée remet en cause la complémentarité entre nos deux disciplines. Pour l’essentiel, les SES et les mathématiques héritent du statut de discipline de « spécialité », c’est-à-dire d’un enseignement de 4H par semaine en classe de première et de 6H par semaine en classe de terminale.

Dans ce nouveau cadre, il n’est proposé aux élèves qu’une seule spécialité mathématique en classe de Première et de Terminale. Cette spécialité s’adresse donc à un public extrêmement varié, tout en s’appuyant sur un programme largement déconnecté des autres disciplines. Les enseignants de mathématiques font déjà le constat de difficultés liées à une hétérogénéité plus grande des groupes et à l’impossibilité d’enseigner des programmes trop volumineux et inadaptés à une partie des élèves de lycée. De leur côté, les enseignants de SES doivent eux aussi composer avec des groupes d’élèves aux profils très divers puisque seulement une partie d’entre eux suit un enseignement de mathématiques. Dès lors, ils se voient obligés de remédier au manque de connaissances mathématiques de certains élèves. La collaboration entre les deux disciplines est rendue impossible par le nouveau lycée dont l’organisation conduit à un glissement dangereux vers un non-respect des qualifications disciplinaires de chacun.

Nous faisons le constat que la formation en mathématiques des élèves, pourtant indispensable dans de nombreuses formations de l’enseignement supérieur qui étaient choisies par les bacheliers ES, s’affaiblit avec le nouveau lycée. En effet, aujourd’hui 33% des élèves n’ont pas choisi la spécialité mathématiques en classe de première. Cela représente une proportion beaucoup plus importante que dans le lycée organisé en séries S, ES et L.

Cet affaiblissement de la formation en mathématiques des élèves sera renforcé en classe de terminale car il est fort à craindre que de nombreux élèves – mais probablement moins ceux dont les ressources familiales les prédisposent davantage aux stratégies d’orientation valorisées – choisissant de suivre la spécialité « SES » abandonneront les mathématiques à la fin de la première, ce qui risque de limiter leurs possibilités de poursuite d’études supérieures. Le peu d’information dont nous disposons sur les attendus des formations de l’enseignement supérieur et la communication du ministère autour de l’importance du « libre choix » des élèves ne peut conduire qu’à un renforcement des inégalités dans les choix d’orientation.

Une option « Maths complémentaires » sera proposée aux élèves en classe de Terminale qui auront suivi la spécialité « Mathématiques » en Première mais, là encore, cette option ne s’adressera pas exclusivement aux élèves suivant la spécialité SES et se traduira de surcroît par l’inscription de trois heures d’enseignement supplémentaires à l’emploi du temps des élèves choisissant cette option. De même, il est prévu que cette option soit financée sur la marge d’autonomie des lycées, ce qui ouvre la voie à des inégalités entre établissements dans l’offre de formation et à une concurrence délétère entre disciplines.

Il est pourtant essentiel que ces élèves puissent acquérir des connaissances mathématiques suffisantes pour être capables d’exercer leur esprit critique sur l’usage des statistiques et des démarches de modélisation en sciences sociales, et être capable de collecter et mettre en forme des données ou modéliser des situations par eux-mêmes. L’acquisition de ces connaissances et savoir-faire devient pourtant inatteignable pour les élèves qui n’ont pas choisi conjointement les spécialités SES et Mathématiques.

Ainsi, nous demandons au Ministère une refonte de la formation des élèves en mathématiques et une meilleure articulation de celle-ci avec les sciences économiques et sociales.

 

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