Logo-Le-Monde-M-01-150x150L’éducation nationale a décidé de réduire le nombre de thèmes obligatoires
Il serait « indigeste », impossible à « boucler » dans les temps. Alors à la prochaine rentrée scolaire, le programme de sciences économiques et sociales (SES) en 2de sera allégé. Restait à choisir quel thème ne serait plus obligatoire, parmi les cinq. Consommation, marché, production, emploi, culture ? Les hauts fonctionnaires de l’éducation nationale ont finalement choisi le marché.

Pour reprendre le fil de l’histoire, tout vient d’une lettre envoyée à la ministre de l’éducation nationale le 27  janvier. Les signataires, six syndicats d’enseignants et l’Association des professeurs de SES (Apses), lui demandent que le nombre de thèmes à traiter soit réduit. Motif : le programme est infaisable – sauf à avancer au pas de course, avec le risque de perdre des élèves au passage.

« L’écart est trop important entre ce qui est demandé et ce qu’il est possible de faire face à des élèves de 15 ans qui découvrent ce nouveau champ disciplinaire, compte tenu des horaires et du statut de cette discipline », résume Erwan Le Nader, le président de l’Apses. En 2de, les sciences économiques et sociales sont enseignées dans le cadre d’un « enseignement d’exploration », à raison d’une heure trente par semaine, le plus souvent en classe entière. 85 % des élèves suivent ces cours.

« Un côté encyclopédique »

Au ministère, les uns et les autres ont été reçus. Un groupe de travail a été mis en place ; des hypothèses ont été mises sur la table. La décision de supprimer le thème du marché sera soumise au conseil supérieur de l’éducation, une instance consultative, le 30  juin. Les professeurs de SES n’auront plus huit thèmes à traiter au cours de l’année (dont cinq obligatoires et trois au choix), mais six thèmes (dont quatre obligatoires et deux au choix).

La question « Comment se forment les prix sur un marché ? » ne sera plus obligatoire. « Elle apparaissait difficile, et est traitée en classe de 1re », rapporte Sandrine Charrier, du SNES-FSU, principal syndicat des professeurs de collège et lycée. Dans les thèmes obligatoires, les élèves apprendront « Comment les revenus et les prix influencent-ils les choix des consommateurs ? », « Qui produit des richesses ? » et « Comment devenons-nous des acteurs sociaux ? » Ils se demanderont aussi, au chapitre travail, si le diplôme est « un passeport pour l’emploi ».

La dernière réforme du lycée – mise en place en  2010 à l’initiative de Luc Chatel, ministre de l’éducation sous la droite – a-t-elle trop chargé la barque ? En sciences économiques et sociales, c’est la deuxième fois que les programmes sont allégés, après ceux de première et de terminale en 2013. Là encore, les enseignants dénonçaient la cadence infernale avec laquelle il fallait passer d’une notion à l’autre. « D’une manière générale, la réforme a induit un côté encyclopédique de nos programmes », souligne M. Le Nader.

Depuis la réforme, l’histoire-géographie, elle aussi, a connu des coupes. Les programmes de terminale ont été allégés dans les séries L (littéraire) et ES (économique et sociale) en  2013. Des syndicats d’enseignants demandent maintenant à revoir le programme de terminale S (scientifique), jugé trop lourd aussi. Une pétition circule depuis novembre  2015. Mais au ministère, on souligne que la question n’est pas du tout à l’étude.

Aurélie Collas, Le Monde daté du 4 juin 2016

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