Paris, le 4 décembre 2018,
Dans le sillage de la pétition qu’elle a initiée et qui a réuni plus de 6 000 signatures, dont plus de 500 universitaires, l’Association des professeurs de SES (APSES) a organisé un après-midi de débats à Paris ce samedi 1er décembre. Devant un auditoire d’une centaine de personnes, l’APSES a commencé par présenter les résultats de la consultation menée auprès de la profession concernant les projets de programmes pour la 2nde et la 1ère récemment rendus publics. De manière très majoritaire, les répondant.e.s ont souligné le caractère inadapté de ces programmes, tant en ce qui concerne le public visé que du point de vue du temps d’enseignement imparti. Plus fondamentalement, le non-respect des « 3 P » (pluridisciplinarité, pluralisme et problématisation) constitutifs des SES a été massivement critiqué.
Invitant des universitaires, pour la plupart représentant.e.s de nombreuses associations du supérieur, telles que l’AFEP, l’ASES, l’AFS, l’ARES, l’ADEK, une première table-ronde a confirmé ce sentiment, pointant notamment à tour de rôle les graves lacunes de ces projets de programmes (l’absence des catégories socio-professionnelles, des inégalités, des questions socio-écologiques et un traitement contestable de l’économie de marché, de l’Etat ou du chômage), empêchant les élèves de se saisir de grands enjeux du monde contemporain. La prétention des concepteurs de ces projets à vouloir enseigner ce qui se fait dans les meilleures universités étasuniennes semble du reste négliger les fortes critiques justement nées dans ces établissements contre l’enseignement de l’économie dominant actuellement.
La seconde table-ronde réunissait quant à elle les représentant.e.s de différentes organisations syndicales, professionnelles, lycéennes et étudiantes : Sgen-Cfdt, Snalc, Snes-FSU, Sud-Solidaires, UNL et Unef. Confirmant l’unité en opposition au projet de réforme du lycée, ces dernier.e.s ont chacun.e leur tour également sévèrement critiqué les projets de programmes de SES et appelé à éviter à tout prix la concurrence entre disciplines que la réforme projetée est en train d’attiser.
En conclusion, l’APSES a appelé ses adhérent.e.s à poursuivre leur mobilisation contre ces projets de programmes ainsi que la réforme du lycée. Si les projets de programmes de seconde et première n’étaient pas significativement revus par le Ministère, l’APSES, dans l’intérêt des élèves, publierait un document de contournement des programmes. Les collègues pourraient ainsi exploiter tous les interstices du programme afin d’exercer leur liberté pédagogique et préserver ce qui fait le succès des SES dans les classes depuis plus de 50 ans. Et parce que les procédures actuelles d’élaboration des programmes ont démontré leur insuffisance et la négation de l’expertise des enseignants de terrain, l’APSES publiera avant la fin du premier trimestre 2019 son propre projet de programme de terminale, pour montrer au Ministère que d’autres programmes de SES sont possibles.