Paris, le 23 mai 2024
Après une consultation de ses instances représentatives, l’APSES s’engage dans la mobilisation contre le « choc des savoirs », et signe l’appel à manifester le samedi 25 mai, aux côtés de nombreuses organisations syndicales, professionnelles, d’élèves et de parents d’élèves.
Vers une École sans classes ?
Depuis la réforme Blanquer de 2018, les lycéen·nes et leurs professeur·es subissent le passage à une organisation en groupes. L’expérience montre que l’affaiblissement du groupe classe, en tant que repère et référence, dégrade les conditions de travail : lien pédagogique, accompagnement et suivi des élèves…
Imposer ce fonctionnement délétère de manière précoce, dès la 6ème avec les « groupes de niveau », signe la fin d’une École vue comme un lieu d’apprentissage du vivre et du faire ensemble, basé sur l’entraide et la coopération.
Démocratisation scolaire : le grand renoncement
Ce projet global tourne le dos aux politiques de démocratisation scolaire, c’est-à-dire à l’égale possibilité donnée à chaque élève, quelles que soient ses origines sociales, de poursuivre des études et de réussir sa scolarité.
Plusieurs mesures posent question du point de vue de la liberté pédagogique. Or, cette marge de manœuvre permet aux professeur·es d’adapter au mieux leur enseignement à la situation réelle de leurs classes, aux difficultés que peuvent rencontrer leurs élèves.
Il est pourtant essentiel de garantir l’implication des enseignant⋅es à toutes les échelles, de la conception des politiques éducatives jusque dans leurs classes.
L’esprit critique, réservé aux élites ?
Ce projet de tri social affectera le public que nous, professeur·es de SES, retrouverons au lycée en classe de Seconde. La création au lycée, en 1967, d’un enseignement de « sciences économiques et sociales », est l’illustration d’un système scolaire qui permet aux élèves de mieux comprendre le monde dans lequel ils et elles vivent, de mettre des mots sur leur expérience sensible, de construire des savoirs et de pouvoir exercer leur esprit critique, à partir de l’étude de la réalité économique, sociale et politique.
Avec les mesures du « choc des savoirs », une plus grande partie de la jeunesse, parmi notamment les milieux populaires, se verra empêchée d’accéder aux sciences sociales. Or, les savoirs en sciences sociales sont particulièrement « parlants » pour les enfants de la démocratisation scolaire.