Paris, le 29 novembre 2021 :
Depuis 2018, la politique du ministre de l’Éducation nationale a considérablement dégradé les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignant.e.s du lycée : les enquêtes menées par l’APSES le montraient déjà, et c’est ce que confirme une étude récente du service statistique du ministère (note Depp n°21.37).
Deuxième spécialité choisie, les sciences économiques et sociales sont plébiscitées par les lycéen.ne.s
L’appétence des lycéen.ne.s pour les sciences économiques et sociales ne se dément pas puisqu’en 2020, 44 % des élèves ont choisi la spécialité SES en première. Entre 2018 et 2020, cet attrait pour les SES a conduit à une augmentation de 33,5% du nombre d’élèves suivant cet enseignement en première générale.
Mais les conditions d’enseignement se sont dégradées, en SES en particulier
La réforme du lycée et la disparition des séries ont été l’occasion pour le ministère de supprimer les dédoublements, l’accompagnement personnalisé, les TPE en première et les options complémentaires obligatoires en terminale, jadis offertes dans tous les lycées. Pour les élèves, cela a abouti à une baisse du nombre d’heures enseignées de 2,6% entre 2018 et 2020, toutes disciplines confondues. Les SES ont payé un lourd tribut à la réforme, puisqu’en seulement 3 ans, ce sont plus de 9 000 heures qui disparaissent en SES, soit près de 14 % de moins qu’avant la réforme du lycée. Avec l’équivalent de 524 postes supprimés, on peut parler de véritable plan social pour les enseignant.e.s de la discipline.
Un suivi des élèves rendu très compliqué
Par ailleurs, la réduction du nombre d’heures de cours associée à la disparition des séries a conduit à une augmentation du nombre d’élèves pris en charge par les enseignants de SES de 26,4% en moyenne. Chaque enseignant·e de SES a ainsi, depuis la réforme, pris en charge en moyenne une classe en plus.
A cette augmentation du nombre d’élèves s’ajoute l’explosion du groupe classe : les élèves qui suivent un enseignement de spécialité SES en première et en terminale peuvent maintenant venir de classes différentes. Alors qu’à la rentrée 2018-2019 un·e enseignant·e de SES donnait des cours à des élèves appartenant en moyenne à 6,6 classes différentes, à la rentrée 2020 le nombre s’élève à 12 classes différentes, soit presque deux fois plus, conduisant à une double dégradation, celle du suivi des élèves et celle des conditions de travail des enseignant.e.s.
Comment réparer les malfaçons du lycée Blanquer ?
Au final, comme l’analysait l’APSES et la conférence des associations de Professeurs spécialistes au moment où elle est entrée en vigueur, cette réforme a donc bien abouti à la création d’un lycée « low cost », en faisant le choix d’appauvrir la formation des lycéen.ne.s, de réduire l’encadrement des élèves et de dégrader les conditions de travail des enseignant.e.s.
L’APSES s’inquiète de la forte dégradation des conditions d’enseignement des sciences sociales. Ce lycée Blanquer empêche la transmission d’une culture économique et sociale ambitieuse, alors que les futur.e.s citoyen.ne.es en ont plus que jamais besoin.