Paris, le 28 juin 2018

APHG, APSES, SNALC, SNES

Contribution commune au Conseil supérieur des programmes à propos de la spécialité « Histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques »

Madame la Présidente,

Dans le cadre du projet de réforme du lycée et du baccalauréat, des groupes d’élaboration des projets de programmes scolaires travaillent actuellement à la définition des futurs contenus d’enseignement, notamment pour l’enseignement de spécialité « Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ».

Dans votre récente note d’analyse, vous indiquez, pour cet enseignement assuré par des professeurs d’histoire et géographie et par des professeurs de sciences économiques et sociales : « Les projets de programme devront déterminer des objets d’étude qui, parce qu’ils sont complexes – à l’image de la complexité de la réalité qu’il s’agit d’éclairer et de comprendre – seront communs à différentes disciplines. Sans compromettre l’idiosyncrasie des disciplines constituées ainsi que celle des savoirs et méthodes qui leur sont associés, on encouragera les études croisées dès lors qu’elles feront la preuve de leur pertinence pour rendre intelligibles les phénomènes caractéristiques de la vie des États et des sociétés »

Vous proposez par ailleurs que cet enseignement donne lieu à des possibilités « d’organisation souple », en prévoyant par exemple deux scénarios pour la répartition des 6H d’enseignement en classe de terminale, avec un scénario A attribuant 4H à l’histoire-géographie-géopolitique et 2H aux sciences économiques et sociales, et un scénario B attribuant 3H à l’histoire-géographie-géopolitique et 3H aux sciences économiques et sociales.

Enfin, s’agissant de l’évaluation au baccalauréat, vous indiquez « L’épreuve devra articuler les différentes perspectives inscrites dans l’intitulé de l’enseignement et donc inciter les élèves à solliciter, pour conduire leur réflexion, les connaissances et les méthodes d’analyse qu’ils auront acquises dans les champs disciplinaires concernés. »

Ces propositions nous appellent à vous exprimer notre plus complet attachement à deux principes qui selon nous doivent guider l’écriture des futurs programmes de cet enseignement.

La qualité de la formation des élèves et de leurs apprentissages repose sur la qualification disciplinaire des enseignants, certifiée par leurs concours de recrutement. A cet égard, et sans préjudice de la cohérence d’ensemble des programmes, ces derniers doivent identifier clairement ce qui relève de l’histoire-géographie-géopolitique (et qui doit être enseigné par les professeurs d’Histoire-géographie), et ce qui relève de la science politique (et qui doit être enseigné par les professeurs de sciences économiques et sociales), selon un cadrage national strict. Pour la même raison, il convient d’élaborer des programmes respectueux des spécificités des disciplines enseignées, et des épreuves de baccalauréat assurant aux candidats d’être évalués par les examinateurs disposant des qualifications disciplinaires adéquates. Pour des raisons évidentes, une réponse du champ disciplinaire « histoire géographie géopolitique » ne doit pas pouvoir être évaluée par un enseignant de sciences économiques et sociales, de même qu’une réponse du champ disciplinaire « sciences politiques » ne doit pas pouvoir être évaluée par un enseignant d’histoire-géographie.

Le caractère national de l’évaluation au baccalauréat impose enfin qu’aucune inégalité de traitement entre lycéens n’existe selon leur lieu de scolarisation. La répartition horaire entre les disciplines se doit donc d’être garantie, et de ne pas dépendre d’arbitrages locaux. Les programmes doivent donc bien refléter un cadrage national strict, ce qui permettra par ailleurs d’éviter localement une concurrence délétère entre des enseignants dont l’objectif est qu’ils travaillent en commun.

Nous sommes à votre disposition pour échanger avec vous sur ces points, et vous prions de croire, Madame la Présidente, en l’expression de nos salutations respectueuses.

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