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Réforme du bac : les scénarios de Jean-Michel Blanquer

Le ministre de l’Education étudie trois scénarios qui, tous, prévoient de maintenir les séries du bac. Mais elles pourraient évoluer sensiblement.

Le ministre de l’Education dévoilera mercredi l’architecture du bac tel qu’il l’envisage pour 2021. Il pourrait aussi présenter certains axes de la réforme du lycée.

Jean-Michel Blanquer semble s’être éloigné de la disparition des séries que proposait  Pierre Mathiot , dans son rapport remis  le 24 janvier . « Le big bang qu’il promettait, avec des enseignements organisés en semestres et un bac modulaire, semblent avoir été mis sous le boisseau », se félicite Philippe Vincent, représentant du SNPDEN, le principal syndicat de proviseurs, qui en redoutait la complexité.

Deux pôles

Trois scénarios sont sur la table. Tous prévoient de maintenir des séries.

Premier scénario : le découpage des séries actuelles demeurerait, l’évolution concernerait seulement leur contenu. Cette option n’est « pas la plus plausible », selon plusieurs sources.

Deuxième scénario : les séries générales actuelles (S, ES, L) seraient réorganisées en un pôle scientifique et un pôle lettres-humanités-société. Ce dernier rapprocherait les séries L et ES pour mettre un terme au déclin de la série L.

Troisième scénario : les séries générales seraient fusionnées dans un tronc commun autour duquel se grefferaient des spécialités. « On ne voit pas la logique de fusionner les séries ES et L, critique Erwan Le Nader, président de l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES). La série ES fonctionne bien. Si on fusionne avec les littéraires, on va perdre la cohérence actuelle. »

Scinder les « SES »

La question du sort des sciences économiques et sociales (SES) est majeure. Jean-Michel Blanquer va-t-il maintenir les « SES » en un seul bloc ou les scinder en différentes disciplines – sciences économiques, sciences politiques, droit… -, et ainsi faire coïncider les disciplines du lycée avec celles de l’enseignement supérieur ?

« Il faut des disciplines permettant à l’université de savoir si les attendus (prévus par Parcoursup, NDLR) sont au rendez-vous ou pas », décrypte une source bien informée qui se demande toutefois « si le ministre va aller au charbon avec l’APSES, car une césure des sciences économiques et sociales ne se ferait pas sans cris ni heurts ».

Le sujet est tellement sensible que les annonces de mercredi pourraient se limiter à la seule réforme du bac. Sur ce point, l’essentiel des propositions du rapport Mathiot devrait être retenu.

Avec quatre épreuves en terminale – dont la philosophie et un oral – et une part de contrôle continu (probablement 40 %), conformément aux promesses d’Emmanuel Macron. Le contrôle continu prendrait la forme de partiels semestriels, en première et en terminale. Les sujets proviendraient d’une banque de données nationale, et les copies seraient corrigées de manière anonyme par les enseignants du lycée où se trouvent les élèves.

« Attention à ne pas créer quatre bacs au lieu d’un », met en garde le Sgen-CFDT. Au SNES-FSU, principal syndicat d’enseignants du second degré, on parle déjà d’« impasse » et d’une « réforme (qui) ne va faire que complexifier la passation de l’examen ». « On n’est pas obligés d’arrêter la vie du lycée si on organise des partiels de fin de semestre », relativise toutefois le SE-UNSA.

Exit la « terminale » ?

D’autres sujets nourrissent les débats, comme les modes d’évaluation (avec des QCM dans certains cas), l’anglais qui pourrait devenir obligatoire ou encore la certification des langues vivantes.

Pour un bac et un lycée plus tournés vers l’enseignement supérieur, l’année de « terminale » pourrait aussi changer de nom.

Marie-Christine Corbier
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