Paris, le 17 septembre 2019

Monsieur le Ministre,

Le combat pour la préservation de l’environnement et de la biodiversité figure désormais en tête des préoccupations des français. Première concernée du sort futur de notre planète, la Jeunesse s’engage, se mobilise, souhaite débattre et agir partout où cela est nécessaire.

Pour répondre à cette forte demande, l’École garde un rôle central pour permettre aux futur.e.s citoyen.ne.s une meilleure compréhension des enjeux climatiques et environnementaux. Le 20 juin dernier, vous avez notamment saisi le Conseil supérieur des programmes (CSP) d’une mission spécifique pour le primaire et le collège : ces éléments devront « autant que possible être intégrés dans toutes les disciplines et étoffés au cours de la scolarité ». En même temps, vous saluez le travail effectué par le CSP en lycée, en citant l’enseignement de spécialité de sciences économiques et sociales (SES) pour la classe de terminale.

Les enseignant.e.s de l’Apses partagent la nécessité d’articuler les enjeux environnementaux aux dimensions économiques et sociales. Or, l’Apses fait le constat d’une place insuffisante réservée aux enjeux environnementaux en SES ainsi que du traitement biaisé dont ils font l’objet.

D’une part, les questions climatiques et environnementales sont abordées – tels que le prévoient les nouveaux programmes de SES – de manière cosmétique en Seconde, et de manière approfondie uniquement en classe de Terminale ce qui ne permettra qu’à une minorité de lycéen.ne.s d’appréhender ces enjeux puisque seul.e.s les élèves ayant choisi la spécialité SES suivront cet enseignement. C’est pourquoi il apparaît nécessaire de réfléchir à une intégration plus franche de ces thèmes dès la classe de Seconde, en écho avec les autres disciplines. Cet objectif ne pourra évidemment être atteint s’il ne s’accompagne pas d’une revalorisation conséquente du volume horaire affecté aux SES en classe de seconde.

D’autre part, la manière d’aborder l’environnement en classe de Terminale s’avère insuffisante, souffre de manques théoriques importants, et ne propose pas de réponses scientifiques plurielles. D’ailleurs, lors de votre participation au Grand Jury sur RTL le 1er septembre 2019, une lycéenne du mouvement Youth for Climate, s’était inquiétée de l’absence de la notion de décroissance dans les manuels scolaires, critiquant l’inadaptation d’une approche en termes de développement durable qui laisse supposer que la croissance est compatible avec la durabilité. La réponse que vous avez apportée à cette lycéenne suggère que vous estimez légitime de pouvoir aborder les enjeux du développement durable en envisageant d’autres alternatives comme la décroissance.

Néanmoins, force est de constater que cette approche est absente des programmes de SES, que ce soit en Seconde, en Première ou en Terminale. En économie, ou plus largement, dans l’ensemble des sciences sociales, les savoirs scientifiques portant sur cette question ne manquent pourtant pas.

Ainsi, nous partageons votre souhait que les inquiétudes des jeunes face aux menaces environnementales puissent trouver des réponses au sein de l’École. C’est pourquoi nous sollicitons une audience sur cette question essentielle, afin de pouvoir échanger avec vous sur les évolutions indispensables des nouveaux programmes de SES.

Nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en notre profond attachement au service public d’éducation.

Solène Pichardie et Benoît Guyon, co-présidents de l’APSES

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