Pascal Combemale, directeur de la collection Repères, soutient les SES:

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L’avenir des sciences économiques et sociales

À l’occasion de chaque réforme, voire parfois entre les réformes, les sciences économiques et sociales (SES) enseignées au lycée sont l’objet de critiques plus ou moins virulentes, assorties de projets visant à les normaliser ou à les dénaturer, le plus souvent en séparant religieusement l’économie des sciences sociales, afin d’éviter tout risque de dangereuse contamination de la science pure par l’idéologie impure (sous-entendu : marxiste ou gauchiste).
Comme si l’économie, en tant que discipline, n’était pas une science sociale, ou comme si l’économie, en tant que sphère d’activité, n’était pas dans la société. Auquel cas on aimerait bien savoir sur quelle planète vivent les économistes, ou quels mondes imaginaires ils étudient.

Pourtant, cette discipline, jadis indisciplinée, n’est plus toute jeune : elle a plus de 50 ans. Ce qui signifie, d’une part, que les SES, de nombreuses fois évaluées, y compris par les économistes les plus reconnus, tels qu’Edmond Malinvaud ou Roger Guesnerie, ont fait leurs preuves ; d’autre part, qu’elles ont nécessairement changé, comme ont changé les élèves, les enseignants, par le simple renouvellement générationnel, mais aussi la société, le monde… et les sciences sociales qui permettent de les analyser.
Après avoir été un temps considérées comme une « erreur génétique », elles se sont installées dans le paysage, notamment parce qu’elles ont été plébiscitées par les élèves. Certes, cet argument ne suffit pas, mais parvenir à susciter l’envie de comprendre et d’apprendre n’est pas une mince qualité dans le lycée d’aujourd’hui.

Il est bien sûr légitime qu’un tel enseignement, qui porte sur des questions dont les implications sont politiques (le chômage, les inégalités, la soutenabilité du mode de développement, etc.) soit, en quelque sorte, sous surveillance, en particulier quant à sa rigueur méthodologique, et fasse l’objet de débats, à condition qu’ils soient informés et relativement transparents.
Hélas ! C’est rarement le cas, ceux qui reprochent aux SES un biais idéologique étant souvent eux-mêmes guidés par des intérêts particuliers ou une idéologie mal dissimulée…

Dans une démocratie, un enseignement de sciences économiques et sociales est une composante de la culture générale du citoyen éclairé. Il doit donc être présent dès la classe de seconde, dans des conditions (horaires, dédoublements, programmes) qui garantissent son attractivité et la qualité de la formation des lycéens.

 

Pascal Combemale
Directeur de la collection Repères
Professeur d’économie et de sciences sociales en classes préparatoires au lycée Henri-IV

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