LYCÉE : FAUT-IL SUPPRIMER LA FILIÈRE ES ?

Lycée : faut-il supprimer la filière ES ?
Thomas Barwick / Getty Images

Ce serait une des pistes envisagées par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, dans le cadre de la réforme du baccalauréat qui doit être présentée ce mercredi 14 février. Selon des informations du Figaro et des Echos, la série ES (économique et sociale) pourrait être fusionnée avec la série L (littéraire). Dans le même temps, l’enseignement des sciences économiques et sociales (SES) pourrait disparaître dans sa forme actuelle. Alors faut-il supprimer la filière ES ? À vous de juger.

1.Les SES ont un biais idéologique

Pour certains économistes, les sciences économiques et sociales, qui ont vu le jour dans l’après “mai 68”, ont depuis gardé un biais idéologique, plutôt à gauche. “Certaines thèses sociologiques paraissent bien gratuites. On se contente souvent de les énoncer sans véritable effort de les justifier”, dénonçait par exemple l’économiste Yann Coatanlem, dans un rapport publié en août 2016 par l’Académie des Sciences morales et politiques, qui analysait la présentation des manuels de SES édités par Belin. L’auteur s’opposait par exemple à l’usage du terme de “classe sociale”, qui selon lui “relève davantage de l’histoire, pas de la sociologie contemporaine, tant le concept nous paraît aujourd’hui dépassé pour décrire la société et ses dynamiques”.

2.Elles sont trop éloignées de l’enseignement universitaire

Scinder les SES en “différentes disciplines – sciences économiques, sciences politiques, droit… -”, pourrait être un des scénarios retenu par le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, expliquent Les Echos. Ceci pourrait permettre de “faire coïncider les disciplines du lycée et celles de l’enseignement supérieur”. Pour une source “bien informée” citée par le quotidien économique, cela créerait “des disciplines permettant à l’université de savoir si les attendus (prévus par Parcoursup, NDLR) sont au rendez-vous ou pas “.

1. Les lycéens sollicitent cette filière

Pourquoi vouloir remettre en cause une filière qui a du succès auprès des lycéens ? “S’il est de bon ton de critiquer l’actuelle série S qui servirait avant tout de série permettant la sélection sociale ou de s’inquiéter de la désaffection connue par la série L, la série ES peut se satisfaire d’un certain succès. Elle regroupe aujourd’hui un tiers des élèves de la filière générale, avec des effectifs croissants qui attestent de son attrait”, rappelle Alternatives économiques. Parmi les candidats de la dernière session du baccalauréat, en juin dernier, “52% ont choisi la Série S, 32% la Série ES, 16% la série L”, indique Le Parisien Étudiant. Il y aurait donc plus de raisons de supprimer la filière L, dont l’effectif est deux fois moindre qu’en ES.

2.Un enseignement nécessaire au lycée

“Une solide culture économique est indispensable pour se comporter en citoyen éclairé”, soulignent 15 économistes, parmi lesquels Philippe Aghion, Michel Aglietta, ou encore Patrick Artus, dans une tribune publiée par Le Monde. Pour ces économistes, “il ne s’agit pas de former des spécialistes de l’analyse économique ou de surcharger les programmes”, mais plutôt “de fournir à tous les élèves la maîtrise des raisonnements de base et des concepts essentiels leur per­mettant de porter un regard informé sur le monde économique et social”. Un cri du coeur partagé par le médiatique économiste Thomas Piketty et le sociologue Stéphane Beaud, qui dans Alternatives économiques jugent que “les sciences sociales ont cette vertu, indispensable en démocratie, de donner à voir la réalité sociale telle qu’elle est et non pas telle que le pouvoir ou les pouvoirs souhaiteraient qu’elle soit”.

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