Une rencontre réalisée en visio, en présence de Camille Cullin, Raphaëlle Marx, Benjamin Quennesson, Amandine Ouillon pour l’APSES et de  Christophe Lavialle, Frédéric Carluer, Fatima Ait-Said pour l’Inspection générale des SES.

Voici une synthèse des échanges : 

  1. Réunions d’entente et conditions de correction du bac

APSES : Est-il possible de travailler sur des réunions d’entente réellement participatives ?

IG : Il serait envisageable de consacrer plus de temps à la réunion d’entente, une demi-journée pourrait être possible en fonction du calendrier. Toutefois ce calendrier, entre la mise à disposition des lots témoins, le déroulé de la commission nationale de pré-entente, la tenue des commissions académiques et le début des corrections, est très contraint.  Le bilan sera fait avec les IA-IPR. Chacun peut échanger avec son IPR. Il est possible d’échanger sur le cadrage général des corrections même si rien ne peut être modifié suite à la pré-entente. C’est ce qu’implique le cadre réglementaire.

 

APSES : Peut-on rendre possible pour les correcteurices d’assister à la commission d’entente des deux sujets J1/J2 dans toutes les académies ?

 

IG : Il y a là un interdit réglementaire : on ne convoque que les correcteurs pour des raisons de confidentialité. Si cet interdit réglementaire est levé, je ne vois pas d’obstacle à la convocation de tous les correcteurs mais cela relève de la décision de chaque IA IPR dans les modalités de son organisation des commissions d’entente académiques.

 

APSES : Certaines collègues ont reçu des doubles convocations pour l’écrit et le grand oral.La DGESCO va alerter les DEC à ce sujet.

IG : Nous pouvons également aborder la question avec les IA-IPR. Dans certaines académies, il faut mobiliser tous les enseignants car le vivier est petit.

 

  1. Sujets de baccalauréat et consignes de correction

APSES : Les synthèses du Campus de l’innovation utilisées dans les corrigés individuels entrent parfois en contradiction avec les fiches Éduscol, par ex. sur les transformations de la structure socioprofessionnelle. Pourquoi avoir recours à ces synthèses ?

 

IG : C’est une décision de l’Inspection générale. Les fiches Eduscol ont été faites dans l’urgence et peuvent être imprécises, incomplètes ou nécessiter des mises à jour. Cependant, leur mise à jour est complexe et un peu longue. C’est le rôle du Campus de l’innovation : ces fiches permettent de borner les programmes et d’actualiser certains contenus. Quelques fiches Eduscol vont être modifiées à la marge : sur la structure sociale, sur le vote et sur la mobilité sociale. Certes le Collège de France n’est pas le Ministère mais cela nous semble un partenariat honorable, sérieux et légitime. Deux des co-présidents du groupe d’élaboration des projets de programme sont dans ce groupe.

APSES : Pour la première fois, nous avons eu un sujet de dissertation sur deux OA (« Une approche en termes de classes sociales suffit-elle à rendre compte de la structure de la société française actuelle

? ») : cela a été dit dans le vademecum, mais il n’y a pas eu de formation préalable des collègues dans ce sens. Un tel sujet, même s’il est intéressant, entre en contradiction avec les pratiques existantes.

IG : La possibilité de croiser deux OA était bien présente dans le Vademecum. Celui-ci n’a peut-être pas été assez approprié par les professeurs dans les académies. Mais nous faisons partie des disciplines qui font des efforts pour expliciter l’ensemble des attentes. Il existait déjà un Vademecum uniquement à destination des concepteurs de sujet, il m’a semblé pertinent que l’ensemble des correcteurs aient accès à ces documents.

APSES : Le principe d’une grille nationale est satisfaisant mais l’imposition des grilles a posé problème : absence de concertation en amont, manque de précision (par rapport notamment au guide de notation publié en 2021), décalage avec les pratiques enseignantes, absence de formation, difficulté à noter les élèves qui performent inégalement dans la maîtrise des connaissance et l’analyse des documents…

Les grilles nationales permettent de conserver la dimension nationale du bac. Nous ne pensons pas que ce soit vertueux d’avoir des grilles barémisées. Elles empêchent de noter réellement sur 20. On peut le faire sur une grille d’évaluation formative en cours d’année. Il y a des intervalles, dans lesquels certains élèves sont difficiles à classer. Nous faisons confiance aux professeurs, nous leur laissons une marge d’évaluation.

Sur les pratiques académiques, chacun est attaché à ce qui a été construit localement. Mais la commission d’entente nationale est une commande nationale qui a permis de remettre les choses à plat, malgré quelques frustrations.

 

  1. Programmes et structure du lycée

APSES : L’APSES est saisie tous les ans par des TZR qui ont un grand nombre de classes de Seconde.

IG : Certains collègues restent TZR très longtemps. Nous ferons un bilan de cette situation avec les IA- IPR car nous avons eu des remontées en ce sens.

 

APSES : Cette problématique est liée à la place des SES au lycée, un mandat historique de l’APSES. En SES il y a eu une augmentation du nombre d’élèves mais une baisse du nombre de profs. Nous demandons 3h en Seconde.

IG : Notre discipline n’a pas été perdante [avec la réforme Blanquer]. Je veux bien croire que le nombre d’élèves [par enseignant] a augmenté.

APSES : Concernant les allègements, nous sommes favorables à un statu quo en l’attente d’une réécriture des programmes.

IG : La situation n’a pas changé. La décision de réduction du périmètre évaluable du programme (9 questionnements évaluables sur les 12 du programme officiel) a fait l’objet d’une note de service, mais ne devait pas consister, au regard de la DGESCO, un point final. La DGESCO ne souhaitait en effet pas, dès lors que les épreuves étaient positionnées en Juin, que le périmètre évaluable d’un programme diffère de son contenu officiel. L’étape à venir devait donc une réduction du programme officiel lui-même aux 9 questionnements retenus, par arrêté et après consultations des instances paritaires. Sachant qu’une autre volonté de la DGESCO était de ne pas revenir aux périmètres évaluables « tournants ». Mais le processus n’a pas repris sa marche. Donc pour 2026, la situation reste inchangée. Depuis, les périmètres d’évaluation des programmes d’HGGSP sont parus, et sont des programmes tournants. Si le Ministère nous saisissait, nous serions éventuellement en accord avec des programmes tournants en SES.

 

APSES : Concernant HGGSP, nous avons un nouveau mandat : nous demandons que cette spécialité s’appelle simplement HGG car il y a un effet d’affichage problématique.

 

IG : Nous sommes d’accord avec cette analyse. Initialement cette appellation a été adoptée pour satisfaire à une demande expresse de Pierre Mathiot qui voulait un enseignement de science politique au lycée. Il était par ailleurs initialement prévu que les professeurs de SES aient « vocation à intervenir » dans cet enseignement. Finalement avec l’accord des deux inspections générales, le programme s’est éloigné de la science politique telle que nous l’enseignons (et concentré davantage sur la seule géopolitique et les relations internationales). Du même coup, les professeurs de SES devenaient « le cas échéant » susceptibles d’intervenir dans cet enseignement (et comme ayant davantage vocation, le cas échéant, à intervenir en EMC). Mais l’appellation HGGSP est demeurée, et il n’est pas évident que l’on revienne sur ce point. Mais nous portons en effet cette requête d’appeler cet EDS « HGG », ce qui serait d’ailleurs cohérent avec le contenu et avec l’appellation de l’enseignement similaire en CPGE ECG. Nous avons plutôt accompagné le retrait des profs de SES de cette spécialité, pour que cette spécialité devienne plutôt une spécialité clairement d’histoire-géo. Nous avons par contre insisté sur le fait que les professeurs de SES avaient vocation à enseigner l’EMC. De manière générale, lorsqu’il est question de formation citoyenne, les SES ont leur mot à dire : sur l’esprit critique, la relation aux données, aux documents etc.

 

  1. Remises en cause des enseignant·es de SES

APSES : En mars, l’IG avait dit pouvoir faire une note au Cabinet et à l’IGESR au sujet des remises en cause des collègues pour que des consignes claires soient données au recteur. L’IG a-t-elle eu des retours à ce sujet ?

IG : Non, nous sommes restés en veille. Il faut être vigilant. La liberté pédagogique est importante mais les collègues doivent être attentifs. Nous pouvons être mis en cause car nous traitons des questions vives. Je fais confiance aux professeurs pour aborder ces sujets avec prudence, bien choisir les documents et les activités adaptées à l’âge et au niveau des élèves.

 

  1. Réforme des concours

APSES : Nous avons des inquiétudes autour de la réforme des concours, notamment parce que nous sommes une discipline pluridisciplinaire. Nous aimerions avoir des garanties sur les contenus proposés aux futures enseignantes.

IG : Je n’ai pas beaucoup d’informations, on sait que le concours sera ouvert et que j’en serai président. Il devrait y avoir autant de places que l’année dernière : 115 places + une quinzaine de places au Cafep.

Les maquettes de M2E sont en train d’être finalisées. Nous défendons plutôt l’idée que l’objectif est qu’au terme du Master les professeurs de SES n’aient plus de majeure / mineure. Il faudra donc les remettre à niveau au cours de leurs années de master. Nous sommes en train de travailler sur les actuels master MEEF SES, mais nous sommes encore dans le brouillard. Nous devrions connaître le nombre de places aux concours dans les prochaines semaines.

 

  1. Formation

APSES : Beaucoup de collègues ont renoncé à assister à des formations depuis qu’elles sont forcément hors face-à-face pédagogique.

IG : Les IA-IPR nous font remonter qu’ils n’arrivent plus à organiser des formations et que quand ils le font les collègues ne parviennent plus à y assister. Nous faisons remonter car il y a des besoins de formation, mais rien ne change.

 

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