La science politique au lycée ne peut être qu’en Sciences économiques et sociales

L’Association des Enseignants Chercheurs en Science Politique (AECSP) ainsi que l’Association des Candidats aux Métiers de la Science Politique (ANCMSP) ont pris connaissance du projet de réforme des enseignements et des examens au lycée. Elles s’associent d’abord à nombre d’associations d’enseignants du secondaire pour mettre en garde le gouvernement contre les risques de grandes inégalités entre élèves qui seront bientôt confrontés à un système à la carte dont on sait qu’il demandera un haut niveau de maitrise sociale.

L’AECSP et l’ANCMSP prennent acte de la volonté du gouvernement de développer en Première et en Terminale deux matières de spécialité que sont la « science politique » et la « géopolitique ». La dénomination de ces matières place ces deux enseignements au cœur de la science politique française telle que cette dernière s’est développée à l’Université et dans les laboratoires du CNRS. Si cette nouveauté présente de réelles opportunités pour le développement de la science politique, il n’en reste pas moins que des déceptions et des interrogations subsistent. D’abord, une concertation auprès des associations et des instances de la science politique aurait permis de réfléchir à la pertinence du terme de « géopolitique ». Le passé sémantique de ce mot comme la place mineure qu’il occupe au sein de l’enseignement supérieur porteraient à lui préférer celui de « relations internationales ». Ensuite, la nature disciplinaire de ces cours manque de précision. L’AECSP et l’ANCMSP entendent affirmer avec force que la science politique ne saurait être autre chose que la mobilisation des sciences sociales pour étudier les faits politiques. Par conséquent, c’est aux professeurs de sciences économiques et sociales (SES) et à eux seuls que doit revenir la mise en œuvre de la science politique au lycée.

Parce que les SES ont intégré depuis longtemps l’analyse du politique en leur sein et que, surtout, elles reposent sur les mêmes fondements épistémologiques que la science politique en tant que discipline scientifique, l’AECSP et l’ANCMSP demandent donc solennellement au ministère de l’Education nationale de garantir aux professeurs de sciences économiques et sociales l’attribution exclusive des cours de science politique au lycée.

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