Formation sur le nouveau programme de 1ère le 17/01/2020 au lycée Kléber de Strasbourg

  • M. Carluer « Marchés et financement »
  • M. Aghion « Les énigmes de la croissance »

Les enseignants partageant le propos de ce texte se sont mis debout pendant sa lecture.

Strasbourg, lycée Kléber, le 16 janvier 2020

Chèr.e.s collègues, Monsieur l’inspecteur général, Madame l’inspectrice,

Nous sommes réunis aujourd’hui pour une formation dans le cadre des nouveaux programmes de SES qui s’inscrivent dans la réforme des lycées.

Nous ne pouvons nous réunir sous l’égide de nos supérieurs hiérarchiques et du président du groupe d’experts, sans rendre compte de la dégradation de nos conditions de travail et de l’accroissement de notre souffrance au travail.

Face à l’improvisation, l’inconséquence et les méfaits de cette réforme, à la perte de sens de nos programmes, de nos pratiques et de notre rapport à notre métier et à notre discipline scolaire, à la façon dont nous sommes déconsidérés et infantilisés quand nous sommes consultés, nous avions d’abord envisagé de répondre, aujourd’hui, sur le même ton. De jouer l’ironie et le jeu de l’absurde, de saboter cette journée de formation comme nous avons le sentiment que l’on sabote notre travail d’enseignant de SES.

Nous avons compris les nouveaux programmes, nous avons compris la réforme du lycée et ses effets et nous nous y opposons toujours.

Depuis la rentrée, comme nos collègues des autres disciplines, nous avons vu nos conditions de travail se dégrader de façon nette. Cela se traduit par une augmentation considérable du nombre de classes et du nombre d’élèves par enseignant, avec une hausse de 19% en moyenne. Cette augmentation du nombre d’élèves se traduit par une augmentation de la charge de travail, à travers la hausse du nombre de copies à corriger, de conseils de classes et autres réunions pédagogiques, mais cela se traduit également par une diminution de nos possibilités de construire une relation pédagogique de qualité avec nos classes et nos élèves, notamment du fait de la presque totale disparition des heures de cours à effectifs réduits en SES et de l’augmentation du nombre de classes dans nos services d’enseignement.

Cette impossibilité de suivre nos élèves, tous nos élèves, de les évaluer suffisamment, de les aider à progresser, de les entraîner aux épreuves du bac, est accentuée sur le niveau première du fait de la lourdeur et des malfaçons du programme combinée à la disparition du groupe classe, à la quasi-disparition des dédoublements et à la baisse de 20% du volume horaire (5h -> 4h).

La réforme des lycées, du baccalauréat et les nouveaux programmes nous empêchent de bien faire notre travail ce qui est à la base de la souffrance au travail. Nos élèves payent autant que nous cette dégradation qui s’ajoute à la violence de la logique de compétition et de culpabilisation instaurée par la double réforme du baccalauréat et de Parcoursup.

Nous tenons ici, solennellement, à vous alerter sur notre souffrance au travail, la nôtre et celles des personnels des lycées. Ne croyez pas que seules des journées de formation comme celle d’aujourd’hui ou la promesse de la revalorisation de nos traitements permettront d’endiguer cette souffrance. L’effondrement du nombre de candidats aux concours d’enseignement, et au CAPES de SES en particulier, l’essor des reconversions et des démissions, des arrêts maladies, des burn out et des suicides d’enseignants en sont les manifestations saisissantes.

Nous continuerons à nous mobiliser collectivement pour de meilleurs programmes, de meilleures conditions de travail, de meilleures conditions d’enseignement pour les élèves, une école ambitieuse et bienveillante pour les lycéens. C’est pourquoi nous serons nombreux à nous impliquer dans les prochaines actions collectives notamment celles de refus des E3C.

Collectif d’enseignants de SES de l’académie de Strasbourg

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