SES : Un rapport ministériel tranche le débat
L’enseignement d’économie au lycée va bien continuer à associer sociologie et sciences économiques. Il devrait même renforcer sa partie sociologique. C’est l’avis que rendent le Conseil national des programmes et le Conseil national Education Economie (CNEE). Un avis non publié mais que le Café pédagogique s’est procuré et que vous pouvez télécharger. Les deux conseils avaient été saisis par la ministre de l’éducation nationale pour travailler à une refonte des programmes de SES.
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2017/10/17102017Article636438517829439477.aspx
Une discipline soumise aux tentatives de recadrage
« L’avis de la commission ne peut être vu comme une évaluation des programmes en vigueur… ou une ébauche de programme. Il s’agit de constats, d’orientations, de pistes », tiennent à souligner les deux conseils, soucieux sans doute des prérogatives du CSP. Mais leurs préconisations sont précises et réorientent les programmes en vigueur.
Les SES sont l’objet depuis des années de tentatives de recadrage. Une vient de l’extérieur, celle l’Académie des sciences morales et politiques. Au printemps 2017 elle n’a pas hésité à déclarer « néfaste » l’actuel enseignement de SES et à demander « une réforme ambitieuse de l’enseignement des sciences économiques » tournée vers le fonctionnement des marchés et la micro économie. L’ASMP voudrait qu’on en finisse avec la sociologie et les sciences politiques et qu’on organise au lycée un enseignement de l’économie tournée vers la gestion. Pour elle, l’enseignement des SES devrait apprendre » comment assurer l’équilibre du budget de la famille ». Nul doute qu’avec cet avis commun du CSP et du CNEE l’académie soit déçue…
Une autre tentative est en interne chez les enseignants de SES. Un groupe appuyé par le ministre, a participé à une refonte des programmes allant dans le sens d’un enseignement plus explicite et plus universitaire de l’économie. Cela a valu une fronde des professeurs de SES, réunis dans l’association APSES, qui se sont habilement emparé des programmes officiels pour y injecter des pratiques et une conception pluridisciplinaire des SES donnant toute sa part à la sociologie. Ceux là aussi ne seront pas satisfaits de l’avis des deux conseils.
Des SES pour tous les lycéens
Les deux conseils ne préconisent pas une refonte des programmes. Mais ils estiment que l’enseignement de SES doit concerner tous les élèves de l’enseignement général et technologique.
Pour cela ils demandent un enseignement de SES dans toutes les secondes incluant un enseignement de gestion et de droit. Actuellement tous les lycéens (hors LP) de seconde suivent soit SES soit PFEG. Les deux conseils demandent une fusion, sans le dire, qui bénéficierait aux SES. Celles ci dominent déjà largement avec 80% des élèves.
Ils proposent que tous les élèves des séries générales et technologiques puissent suivre un enseignement de SES en option.
Ils demandent un renforcement de l’enseignement de mathématique orienté économie. La faiblesse de cet enseignement avait été soulevé par l’ASMP.
Des programmes rééquilibrés
S’agissant des programmes actuels, si les deux conseils ne demandent aps leur réécriture, ils demandent un allègement et une réorientation. Certains chapitres pourraient devenir optionnels pour que les enseignants puissent avoir une démarche mieux adaptée au profil des élèves et à la tradition de cette discipline. L’approche notionnelle serait remplacée par une approche par compétences. De même l’enseignement de sociologie et de sciences politiques pourraient être renforcé. Sur ces points, qui sont essentiels aux yeux des professeurs, les conseils tranchent nettement en faveur des positions de l’Apses.
Il reste une inconnue après cet avis. Ce sont les pré requis qui seront exigés par l’enseignement supérieur. L’enseignement actuel des SES prépare modérément les élèves de ES à suivre des études d’économie car le niveau en maths est insuffisant. Redresser ce niveau suffira-t-il pour éviter la coupure entre la discipline scolaire et l’universitaire ? La réponse sera bientot donnée par les commissions réunies par la ministre de l’enseignement supérieur.
François Jarraud