L’Apses est-elle satisfaite du dernier rapport du Conseil supérieur des programmes (CSP) et du Conseil national Education Economie (CNEE) ? Président de l’association des professeurs de SES (Apses), E Le Nader revient sur les principaux points de ce rapport. A quelques semaines de l’ouverture de la concertation sur les programmes du lycée, le rapport, révélé par le Café pédagogique, ouvre des pistes qui pourraient être suivies par le ministre.

L’Apses était contre la fusion de l’enseignement d’exploration de SES e seconde avec celui d’économie gestion (PFEG). C’est pourtant le scénario que retient le rapport. Qu’en pensez vous ?

Le rapport ne le mentionne pas explicitement mais c’est bien cela qu’il faut comprendre. Et c’est un point d’achoppement pour nous. On est attachés à la dimension de formation de culture générale des SES et défavorables à cette fusion.

Mais il recommande aussi une augmentation de l’horaire qui permettrait de faire entrer la gestion et le droit  dans un nouvel enseignement…

Je ne crois pas qu’il soit possible d’augmenter à la fois le temps d’enseignement en gestion et en sociologie. Pour nous ce qu’il faut faire c’est utiliser ce temps pour  rééquilibrer entre économie et sciences sociales.

Et ce qu’on retient du rapport c’est surtout qu’il reconnait la contribution des SES à la culture générale des élèves, sa capacité à décrypter les grands débats contemporains, à développer le raisonnement des élèves. On voit bien que certains thèmes de SES sont devenus incontournables, comme l’égalité entre femmes et hommes. C’est ce qui amène le rapport à demander que les SES deviennent obligatoires en 2de.

Le rapport demande la généralisation des SES en première et terminale générale et technologique. Une bonne chose ?

Il envisage une option pour toutes les séries. Mais ce serait plus cohérent d’ouvrir d’abord en séries générales.

Le rééquilibrage annoncé entre économie et sciences sociales c’et ce que vous demandiez ?

On est satisfait d’autant que le rapport recommande aussi une approche par objet d’étude à la place du cloisonnement disciplinaire que l’on connait aujourd’hui.

Par contre la perspective de nouveaux allègements ne nous semble pas une bonne piste. On a atteint les limites des allègements. Il y a un moment où il faut réécrire quand la philosophie des programmes, qui restent trop encyclopédiques, ne convient pas. On demande une réécriture des programmes et c’ets le moment avec la réforme annoncée du lycée.

Le rapport souhaite un renforcement en maths, une demande qui avait été faite par l’Académie des sciences morales et politiques. Une déception ?

On est d’accord pour dire que les maths sont importantes pour les SES. On est d’accord pour renforcer le niveau de maths dans l’option de spécialité. Mais on regrette la formulation trop rapide qui semble dire que les bacheliers ES seraient mal préparés en maths. On a pourtant de belles réussites en ES y compris dans des filières exigeantes en maths. On a un éventail très large pour l’orientation y compris dans les filières où les maths comptent.

On attend la liste des pré requis pour l’accès à l’enseignement supérieur. Vous ne craignez pas que les bacheliers ES voient leurs possibilités d’orientation se restreindre ?

Il faut garder à l’esprit que le lycée en France est général et qu’il prépare à des savoirs, des méthodes et des modes de raisonnement généraux. Je ne vois pas comment tout cela peut se transformer en pré requis. On a un bon taux de réussite pour les bacheliers ES et je n’imagine pas qu’on veuille leur appliquer des pré requis pour aller en économie ou gestion. D’ailleurs cette réflexion devrait associer les professeurs du secondaire au lieu de rester un exercice des seuls enseignants du supérieur.

Globalement le rapport balaie vos craintes ?

Il va dans le bon sens. Ce travail long, mené par deux conseils,  tord le cou à de nombreux préjugés sur l’enseignement des SES. On demande à en discuter avec le ministre.

Propos recueillis par François Jarraud

SES un rapport ministériel tranche le débat