par Erwan Le Nader, président de l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales, septembre 2015

Résumé de l’article, version complète en pièce jointe

Dans un article publié en août 2015 et diffusé sur les listes professionnelles d’enseignants de Sciences Economiques et Sociales (SES) ainsi qu’à des universitaires, Alain Beitone[1], et Margaux Osenda[2], prétextent d’une étude d’un chapitre du manuel scolaire en ligne SESâme pour critiquer les positions théoriques, épistémologiques et didactiques de l’Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales (APSES). Pour ces auteurs, l’analyse du chapitre consacré à la monnaie démontrerait que l’APSES met en œuvre une pédagogie « invisible » au sens de Bernstein, relevant à la fois d’un cadrage faible (objectifs et consigne peu explicites) et d’une classification faible (faible référence aux disciplines universitaires et à leurs débats, usage d’un vocabulaire courant et non savant).

Nous mettons ici au jour plusieurs contrevérités et omissions cruciales qui, selon nous, font s’écrouler l’ensemble de l’argumentation des auteurs. Leurs assertations centrales sont aisément contredites par une analyse du contenu des séquences pédagogiques de SESâme. Contrairement à ce qui est affirmé, les séquences « analysées » démontrent, tout en respectant le pluralisme, un niveau exigeant de théorisation (et bien plus élevé que celui que l’on peut noter dans les séquences qu’Alain Beitone propose à ses propres élèves). La précision dans l’usage du vocabulaire et l’énoncé systématique d’objectifs précis réfutent l’accusation de proposer aux élèves une pédagogie « invisible » qui nuirait aux apprentissages de ceux qui ne disposeraient pas des codes pour décrypter les attendus de l’institution scolaires (là encore, la comparaison avec les propres séquences d’Alain Beitone est loin de lui être favorable). Ces contrevérités sont redoublées par deux omissions. Tout d’abord, les deux auteurs, en faisant abstraction des interactions à l’intérieur de la classe, semblent faire comme si les enseignants ne jouaient aucun rôle dans la régulation des apprentissages et donc comme si les élèves étaient seuls et isolés face aux supports pédagogiques. Ensuite, ils n’expriment à aucun moment de regard critique sur le programme officiel de SES en classe de première – programme qu’Alain Beitone a contribué à rédiger et a largement soutenu – alors même que ce dernier exclut toute approche anthropologique et sociologique de la monnaie.

Nous concluons que si l’article d’Alain Beitone et Margaux Osenda est émaillé de ces nombreuses contrevérités et omissions, c’est qu’il paraît moins guidé par la recherche d’une certaine objectivité et la volonté de faire progresser la didactique des sciences économiques et sociales que par celle de discréditer une association professionnelle.

[1] Alain Beitone est professeur retraité de sciences économiques et sociales. Il a enseigné au lycée Thiers de Marseille en classe préparatoire B/L et à l’IUFM, devenu ESPE, d’Aix-Marseille. Il a été membre du groupe d’experts qui a rédigé les actuels programmes de première et de terminale en SES. Il mène une opposition ancienne à l’APSES et à ses conceptions didactiques et épistémologiques.

[2] Margaux Osenda est professeure néo-titulaire de sciences économiques et sociales. Elle a soutenu son mémoire de Master à l’ESPE d’Aix-Marseille sous la direction d’Alain Beitone.

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