Promouvoir l’alphabétisation économique, quelle bonne idée!

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La science économique reste une terra incognita pour la plupart des Français. Pour les évangéliser, il faudrait réformer les programmes scolaires.

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Idée. L’analphabétisme économique et financier constitue une menace de plus en plus grave, pour les individus et les ménages. Le constat procède d’observations récurrentes et préoccupantes. Les Français,vieux ou jeunes, ne maîtrisent pas les mécanismes et raisonnements de base. Ils se forgent donc des opinions en fonction de valeurs et de convictions relativement dégagées de savoirs rigoureux. Ce qui, en soi, n’est pas forcément grave. Mais ils prennent aussi, dans ce brouillard, des décisions qui ont des conséquences dans leur vie quotidienne, comme un achat ou un investissement. Avant les lacunes relatives aux grandes théories et aux grands auteurs, c’est le manque d’habileté et de capacité pour les choses les plus simples qui chiffonne. La gaucherie n’est ni conceptuelle, ni partisane. Il y a là, d’abord, un sujet d’agilité minimale pour la règle de trois, les taux d’intérêt ou les taux de change. Dans un monde qui emploie et met en oeuvre sans cesse de telles notions, ne rien en entendre c’est ne rien comprendre de son environnement.

Être analphabète économiquement pose désormais, au-delà des questions rabâchées sur les inégalités, des problèmes de bien-être individuel et de prospérité collective. Mode d’emploi. Les Anglo-Saxons parlent, à foison, de « financial literacy » ou d’« economic literacy ». Les traductions savantes comme les traducteurs automatiques proposent maintenant « éducation financière » et – plus chic – « littératie économique ». Une autre formule s’impose : l’alphabétisation. Elle désigne bien le fait qu’il ne faut pas viser la maîtrise de l’alpha et de l’oméga, mais celle du b.a.-ba. La France est loin d’être dernière, dans une Union européenne qui réunit, en l’espèce, de bons élèves (Danemark, Suède) et des États membres à grosses difficultés (Portugal, Roumanie). Il importe tout de même de faire mieux saisir aux Français les rudiments et connaissances élémentaires. En introduisant des débuts d’enseignements de qualité dès les débuts du secondaire, et en adaptant – comme s’y emploie la réforme des programmes – les contenus horaires des lycéens. La matière et la façon de l’aborder apparaissent encore, hélas, bardées de controverses idéologiques (trop de marchés et de mathématiques pour les uns; trop de marxisme et de redistribution pour les autres). La France reconnaît, en tout cas, l’importance du dossier et souhaite investir au mieux. Il faut, pour cela, se défaire de polémiques passées.

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