« Vu le nombre de combinaisons possibles, avec treize spécialités, il n’y a pas le choix », remarque Sophie Le Louvier, professeure nantaise, qui a préparé ses élèves pour l’épreuve de HGGSP, « Histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ». Les lycéens doivent en sélectionner trois en première, et en conserver deux en terminale.

« Mon sujet de SVT était plus compliqué »

Scolarisée dans un lycée de Laval (Mayenne), Eugénie a opté pour physique chimie et sciences de la vie et de la Terre : « Le fait d’avoir deux sujets différents n’est vraiment pas équitable, pense-t-elle. Mon sujet de SVT était plus compliqué. Nous sommes notamment tombés sur un chapitre que nous avons abordé seulement deux heures en cours. Il avait été survolé car nous avons eu du mal à finir le programme en classe. » Cette année, pour la première fois selon le calendrier prévu par la réforme Blanquer de 2019, les épreuves ont été avancées en mars pour que les notes puissent être comptabilisées dans les dossiers Parcoursup.

Élève de terminale, Gaëlle a également passé son épreuve de SVT au premier jour, et a eu la surprise de tomber sur « une analyse de documents qui mobilisait plutôt nos connaissances de première. Je n’ai pas pensé à réviser ces chapitres. Néanmoins, ce sont des notions qu’on maîtrise depuis longtemps. »

Charlotte, autre lycéenne mayennaise, a trouvé qu’en histoire-géographie, « la dissertation du lundi était trompeuse par rapport à celle du mardi. J’en ai parlé avec mon professeur, qui partageait mon avis. » En sciences économiques et sociales, Manon était convoquée au jour 1. Elle n’est pas convaincue que ces convocations décalées pénalisent les candidats. « Ça dépend des profils, des difficultés de chacun. Par contre, c eux qui passaient l’épreuve du mardi savaient qu’ils ne tomberaient pas sur l’énoncé du lundi. »

Des copies cobayes

Alors, inéquitable le nouveau bac ? Non, pense Lise Bailly, professeure de SVT dans un lycée de Nantes (Loire-Atlantique) : « Les élèves ont toujours l’impression que les sujets sont plus faciles pour les autres. » Au sein de son académie, bien avant l’examen, l’enseignante a fait partie d’une commission chargée « de  faire du cobayage. C’est-à-dire qu’on a corrigé des copies tests rendues par des élèves, avec les exercices imaginés pour les jours 1 et 2. On avait presque les mêmes moyennes, ce qui m’a rassuré. » « Cela garantit une égalité de traitement entre les candidats », commente le ministère de l’Éducation nationale.

Avant d’examiner les copies, les correcteurs se sont réunis pour élaborer un nouveau barème de notation. Et une fois les travaux corrigés, des commissions de délibération, qui octroient le diplôme aux lauréats, ont procédé à des phases d’harmonisation des notes pour « s’assurer qu’il n’y a pas de difficultés entre les deux lots de sujets », insiste l’Éducation nationale.

Dans un communiqué, l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) assimile néanmoins cette phase d’harmonisation à un « bidouillage organisé des notes du bac ». « Dans plusieurs académies, les correcteurs de spécialité SES ont découvert stupéfaits (vendredi 7 avril) que les notes de leur lot de copies avaient été arbitrairement remontées par l’institution », regrettent ses membres, qui assurent ne pas avoir été avertis au préalable. L’objectif, selon eux, était de « palier les différences de notation et de difficulté entre l’épreuve du jour 1 et celle du jour 2 ».