Lettre de l’APSES sur la formation continue en sciences économiques et sociales

Madame la Ministre, Madame la Directrice de l’enseignement général scolaire, Mesdames et messieurs les Recteurs d’académie, Madame la Directrice générale du centre national d’enseignement à distance,

La loi de refondation pour l’école a affiché comme l’une de ses ambitions premières de « reconstruire la formation des enseignants ». S’il faut se féliciter de la remise en place d’une formation initiale dans les ESPE, l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales souhaite vous alerter sur la remise en cause du droit à la formation continue, qui, s’il reste un objectif affirmé par le Ministère, tend à devenir de plus en plus théorique en sciences économiques et sociales (SES). En effet, aujourd’hui un enseignant titulaire certifié qui souhaite préparer l’agrégation externe ou interne de SES aura la plus grande difficulté à trouver dans le cadre du Plan académique de formation de son académie ce type de préparation (il n’y a que 7 préparations à l’agrégation interne de SES sur les 25 académies de la France métropolitaine).

Ainsi sur l’académie de Versailles, qui est pourtant la plus grande de France, il n’y en a aucune. Et suivre les préparations existant dans les autres académies franciliennes relève du parcours du combattant (administratif notamment), alors qu’elles pourraient très simplement être mutualisées. Pour l’académie de Strasbourg, de Clermont-Ferrand, par exemple, la préparation la plus proche est à Créteil, ce qui représente un coût dissuasif en termes de temps et de transport. L’alternative, qui est la préparation à distance proposée par le CNED, coûte, selon le type de préparation choisie, entre 599 euros et 952 euros (599 € (interne) + 229 € (externe nouveaux thèmes) + 95€ (compléments audio) + 29 € (actualités)), sans compter les achats de livres et les accès payants aux bibliothèques. Des tarifs bien souvent rédhibitoires, et qui nous semblent entrer en contradiction avec les missions de service public du centre.

Quant au droit individuel à la formation », il n’est accordé qu’au bout de quatre à cinq demandes, « dans la limite des crédits académiques disponibles ». Si la formule est intéressante, le traitement net représentera 80% du traitement net habituel (sans les primes), ce qui rendra impossible l’accès d’une formation à l’ENS dont le prix s’élevait à 3200 euros et qui aujourd’hui n’est de facto plus accessible aux enseignants titulaires.

Ajoutons à cela que l’offre de formation disciplinaire en SES a été réduite à peau de chagrin dans de nombreuses académies, plusieurs d’entre elles ne proposant plus à leur plan académique de formation qu’une seule offre par an, parfois sur public désigné.

Cette situation est particulièrement dommageable car la préparation de l’agrégation et le suivi des formations du PAF sont indispensables pour que les enseignants puissent régulièrement enrichir leurs connaissances scientifiques et entretenir une démarche réflexive quant aux enjeux épistémologiques, didactiques et pédagogiques de leurs cours

Aussi, nous demandons que soient mis en place :
– une action véritable, cohérente et concertée de formation académique pour les préparations aux concours de l’agrégation de SES interne et externe,
– des moyens suffisants pour assurer à tous les possibilités de formation et de promotions : un soutien effectif au CNED pour que ses tarifs excessifs soient réduits, des formations académiques avec des moyens réels.

Dans l’attente de pouvoir échanger avec vous sur ces propositions, nous vous prions de croire, Mesdames et Messieurs, en l’assurance de notre dévouement au service public d’Education nationale.

Erwan Le Nader Président de l’APSES

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