Lycée : la tension monte de nouveau sur les programmes d’économie

MARIE-CHRISTINE CORBIER Le 27/01 à 06:00

L’Académie des sciences morales et politiques présente, lundi, son « diagnostic » sur l’enseignement de l’économie dans les lycées, avant de faire des « propositions », fin février.

« La ministre voulait calmer le jeu sur les programmes de sciences économiques et sociales (SES) au lycée, c’est mal parti » : cette réflexion d’un fin connaisseur des débats qui enflamment régulièrement l’enseignement des SES est révélatrice de la tension qui règne sur le sujet. A l’origine de cette nouvelle montée de fièvre : les deux rencontres qu’organise l’Académie des sciences morales et politiques (ASMP, qui dépend de l’Institut de France), sous l’impulsion de son président et ex-PDG de BNPParibas, Michel Pébereau. La première de ces rencontres sur l’enseignement de l’économie dans les lycées aura lieu lundi, et sera consacrée au « diagnostic ». Avant des « propositions », prévues fin février. Certains craignent un scénario similaire à la précédente réforme des programmes de 2011, dans laquelle Michel Pébereau avait joué un rôle très actif.

Le début de la polémique date de juin , lorsque le ministère de l’Education décide d’alléger les programmes d’économie en classe de seconde pour « soulager » les enseignants qui les jugent trop lourds. Les élèves n’ont plus que quatre chapitres obligatoires au lieu de cinq. Celui qui portait sur la façon dont se forment les prix sur un marché devient facultatif. La décision provoque alors beaucoup d’émoi chez les chefs d’entreprise, et au Medef, où certains dénoncent un prisme idéologique dans ce choix. Les milieux patronaux font aussi part de leur colère de ne pas avoir été consultés, notamment via le Conseil national éducation économie (CNEE), créé en 2013 pour rapprocher école et entreprise.

En juillet, pour calmer le jeu, la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, crée une commission comprenant le Conseil supérieur des programmes (CSP) et le Conseil national éducation économie (CNEE), dont est membre Michel Pébereau. La saisine de cette commission va au-delà du seul programme de seconde : elle est élargie à l’enseignement des sciences économiques et sociales au lycée. Mais Michel Pébereau, furieux, claque la porte du CNEE en septembre, emmenant avec lui plusieurs autres chefs d’entreprise. « En réalité, Michel Pébereau avait commencé son travail à l’ASMP dès le mois d’avril en demandant à des économistes de s’exprimer sur le sujet (voir ci-dessous), donc bien avant l’incident de juin, regrette le président du CNEE, Pierre Ferracci. C’est désolant qu’il ne nous en ait pas informés. C’est une forme de croisade inappropriée. »

« Dépassionner le débat »

La démission des chefs d’entreprise du CNEE a décalé de deux mois le rapport prévu. « Certains ont imaginé que l’avis du CSP et du CNEE ne pourrait pas sortir avant l’élection présidentielle et qu’on ne retiendrait donc que celui de l’ASMP », grince un proche du dossier.

Le rapport sortira bien avant l’élection, au plus tard début avril, indique Pierre Ferracci. Il veut, avec les auditions qu’il a commencées, « dépassionner le débat » et apporter une première évaluation des programmes de 2011. « C’est une réflexion qui constitue un préalable à la refonte des programmes de SES, un cahier des charges pour dire ce qui pourrait être fait, beaucoup plus que pour dire ce qu’il faudrait faire », complète le président du CSP, Michel Lussault.

Le Medef affirme, de son côté, son souhait que « tous les élèves » aient « une formation en économie et en gestion », tout en réclamant « un débat plus ouvert et dépassionné qu’aujourd’hui ». Ce qui ne s’annonce pas simple, en pleine période électorale.

Marie-Christine Corbier, Les Echos

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