Economie au lycée : les avis divergent sur une éventuelle révision des programmes

MARIE-CHRISTINE CORBIER / Journaliste Le 27/01 à 06:00

Une réforme des programmes ne présente « aucun caractère d’urgence », selon plusieurs associations professionnelles.

Les programmes de sciences économiques et sociales doivent-ils évoluer ? Le Medef le pense. En juin, son vice-président, Thibault Lanxade, estimait que « tout (devait) être fait pour insuffler l’esprit et le goût d’entreprendre le plus tôt possible, par un enseignement en phase avec la réalité quotidienne des entreprises». L’initiative de l’Académie des sciences morales et politiques (ASMP) relance le débat sur l’intérêt de le modifier. Les avis sont partagés, y compris parmi les économistes sollicités par l’ASMP pour se prononcer sur les manuels de lycée. « Je n’ai pas trouvé de biais idéologique », écrit Olivier Blanchard, ex-économiste en chef du FMI, ni « d’attaque en règle du système capitaliste ».

Mais un manque « d’instruments conceptuels et analytiques ». Il s’interroge sur des programmes qui rendraient l’économie « plus passionnante ». Invité aussi à donner son avis, Kevin O’Rourke, professeur d’histoire économique à Oxford, est très élogieux : « Je serais heureux d’avoir en Irlande quelque chose de moitié aussi bon», dit-il.

Yann Coatanlem, président du think tank Club Praxis, est bien plus négatif : « On s’étonnera du manque d’introduction à des outils probabilistes (variables gaussiennes, simulations de Monte-Carlo) et statistiques de base, tels que les régressions linéaires, et en général l’estimation de paramètres de modèles simples », écrit-il. « De quoi faire fuir mes élèves en courant », grince un enseignant. Yann Coatanlem évoque « le manque de thèmes importants tels que la création et la croissance des entreprises » et un programme de terminale « bien trop macroéconomique ».

« Une réforme sans caractère d’urgence »

« Inquiets » de l’évolution des débats , l’Association française de science économique (AFSE) présidée par Philippe Aghion, l’Association française de science politique et l’Association française de sociologie ont réclamé, dans un courrier à Najat Vallaud-Belkacem, une « évaluation rigoureuse » des programmes, « avant une éventuelle réforme des programmes qui ne présente aucun caractère d’urgence ». Il ne faut pas « remettre en cause des acquis, sans évaluation des élèves et de leur poursuite d’études dans l’enseignement supérieur», insistent les enseignants du Collectif de défense et de promotion des sciences économiques et sociales (CDP-SES).

L’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) réclame, elle, des programmes «évalués et réécrits », critiquant leur « encyclopédisme » et « le manque de pluralisme »« La monnaie ou l’économie de marché sont étudiées sous le seul angle économique, l’éclairage d’autres sciences sociales serait utile », estime son président Erwan Le Nader.

M-C. C., Les Echos

http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/0211734584277-des-avis-divergents-sur-une-eventuelle-revision-de-lenseignement-2060551.php

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