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Les pistes de réforme pour les principales matières

Les nouveaux programmes scolaires pour les classes de seconde et première au lycée sont en train d’être finalisés par le Conseil supérieur des programmes. Leur version définitive qui sera enseignée dès la rentrée 2019 sera publiée fin décembre. Beaucoup d’enseignants critiques, notamment sur leur aspect plus directif, ou encore sur leur aspect davantage élitiste, espèrent encore des réécritures. Mais les grandes lignes sont désormais connues…

Français : un enseignement plus encadré

L’enseignement du français fait l’objet d’une matière évaluée par une épreuve du bac à la fin de la 1re. L’écrit du bac ne proposera désormais que la dissertation et le commentaire du texte, le sujet dit d’invention est supprimé. La moitié de la note d’oral du bac sera obtenue à partir d’un dossier documentaire proposé par l’élève à partir du «carnet personnel de lectures et de formation culturelle» qu’il devra élaborer dès la seconde. Sinon, l’enseignement du français s’effectuera toujours à travers les quatre grands genres (roman et récit, théâtre, poésie et littérature d’idées) avec une approche chronologique plus marquée, façon «Lagarde et Michard», en allusion à l’ouvrage emblématique de l’enseignement du français au lycée il y a quelques décennies. En outre, les programmes seront plus encadrés avec, désormais, l’étude de quatre œuvres obligatoires, décidées par l’Inspection générale, ce qui limitera la marge de manœuvre pédagogique des enseignants qui jusqu’à présent choisissaient les ouvrages à étudier. Les experts remarquent qu’il n’y a jamais eu d’œuvres obligatoires au bac français sauf sous le ministère Bayrou au siècle dernier. (1993-1997).

Maths : la matière devient une «spécialité» exigeante

La principale nouveauté réside dans la disparition des mathématiques du tronc commun des matières enseignées en classe de première. Actuellement, seuls les lycéens de la voie littéraire (15 % des effectifs de la voie générale) ne faisaient plus de maths à partir de la première. Les maths vont devenir une «spécialité». Les jeunes sont invités à choisir trois spécialités en première puis deux en terminale. La «spé maths», selon les experts, est ambitieuse avec un programme exigeant, presque plus qu’une première S actuelle, ce qui peut s’avérer problématique pour des élèves qui souhaitent faire des maths sans ambitionner de devenir Cedric Villani.

Histoire : l’événement contre les idées ?

Les programmes d’histoire-géo sont de ceux qui suscitent le plus de controverse. Et pas seulement en France. Le pouvoir politique est forcément soupçonné d’y instiller sa vision de l’histoire, et notamment soupçonné d’alimenter le roman national de la maternelle à la terminale («nos ancêtres les Gaulois» !). Le nouveau programme de 1re prévoit de couvrir l’histoire, principalement française, de la Révolution (actuellement enseignée à la fin de la seconde) jusqu’à la première guerre mondiale, avec des intitulés plus descriptifs comme «La difficile entrée dans l’âge démocratique : la IIe République et le Second Empire» ou bien «La mise en œuvre du projet républicain». Et pourtant, là encore, au-delà de ces intitulés, les programmes se veulent «plus chronologiques», ce qui n’est pas forcément un mal car poser les bases chronologiques de l’histoire permet à l’élève de mieux appréhender ensuite les thématiques abordées. Mais plusieurs syndicats dénoncent le retour d’une «une histoire événementielle, au détriment du mouvement des idées». Vieille querelle ! Cette controverse, au demeurant féconde, devrait être versée au programme d’enseignement de l’histoire. Le contenu de l’enseignement moral et civique suscite aussi son lot de critiques, mais là encore, c’est quasiment la loi du genre. A voir ce qu’en feront réelle ment les enseignants dans les classes. Et en géo, quoi de neuf ? La planète est toujours ronde. Et les intitulés toujours aussi alléchants : «Les dynamiques des espaces productifs dans la mondialisation», ça vous dit ? Sinon, on relève parmi les préconisations que les différents chapitres abordés (production, ruralité…) devront proposer un éclairage côté France. Une dialectique entre global et local qui se défend.

Sciences économiques et sociales : la microéconomie contestée

Économie, sujet sensible ! Il n’y a pas que l’histoire qui suscite la controverse. Le choix de privilégier la microéconomie au détriment de la macroéconomie suscite un vif débat. Les nouveaux programmes traduisent-ils un prisme conservateur libéral ? L’Association des professeurs de sciences économiques et sociales, vent debout, a lancé une pétition pour demander la «réécriture» des programmes, qui interdisent, selon elle, de saisir «les grands enjeux qui traversent nos sociétés». «En deux ans, avec ces projets, les élèves n’auraient que bien peu entendu parler des inégalités, du pouvoir d’achat, des hiérarchies entre groupes sociaux ou du chômage». Des gros mots, il est vrai pour nombre d’économistes libéraux. «Le programme de sciences économiques et sociales tel qu’il nous est présenté ici empêche de préparer les élèves à développer leurs capacités futures de citoyens critiques et émancipés», résume un professeur pétitionnaire. Des citoyens «critiques et émancipés» ? On est pourtant bien là au cœur de la mission de l’école républicaine en général et du lycée en particulier.

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