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A propos de Sapiens
L’Institut Sapiens est la première « think tech » française.
Organisme indépendant à but non lucratif, sa vocation est de peser sur le débat économique et social français contemporain par la diffusion de ses idées et d’innover
par ses méthodes, son ancrage territorial et la diversité des intervenants qu’il mobilise, afin de mieux penser les enjeux vertigineux du siècle.
Impulsé par Olivier Babeau, Laurent Alexandre et Dominique Calmels, en partenariat avec la chaire Capital Humain de l’université de Bordeaux, Sapiens a vocation à définir le rôle de l’humain dans une société bouleversée par le numérique. Son axe principal de travail est l’étude et la promotion des nouvelles formes d’écosystèmes favorables au développement économique et au bien-être social.
Sapiens fédère un large réseau d’experts issus de tous horizons,universitaires, avocats, chefs d’entreprise, entrepreneurs, hauts fonctionnaires, autour d’adhérents intéressés par le débat touchant aux grands enjeux actuels.
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Introduction
L’enseignement de l’économie est un sujet sensible et hautement polémique. Son contenu est un enjeu de lutte entre les disciplines qui structurent le champ des sciences humaines comme entre les tendances idéologiques qui les animent, chacune d’elles ayant la conviction de n’être pas suffisamment représentées dans les programmes en vigueur. Trouver un point d’équilibre aussi neutre que possible est pourtant nécessaire car de l’orientation donnée à cet enseignement dépend la construction intellectuelle des futurs citoyens.
Or le compromis actuel n’est pas du tout satisfaisant. Il ne garantit l’équilibre ni entre l’analyse économique et la sociologie, ni entre la micro et la macro-économie, ni entre le courant libéral et le courant interventionniste.
C’est ce que montre cette note à travers un examen attentif du contenu du manuel Hatier qui est l’un des deux manuels de sciences économiques et sociales (SES) les plus utilisés en classe de seconde.
Il y sert de support à l’enseignement d’exploration de SES proposé à la très grande majorité des élèves. Mais, par la suite, la plupart d’entre eux feront le choix de ne pas aller plus loin dans cette discipline. Ce qu’ils ont reçu en classe de seconde leur tiendra donc lieu de viatique en économie pour le reste de leur vie.
On mesure bien l’importance de l’enjeu dès lors qu’on se préoccupe du niveau des français en économie. Le moins qu’on puisse dire est que ce manuel, comme ses concurrents, ne contribue pas à l’élever.Or on sait que la prospérité d’un pays est étroitement liée à la culture économique de ses citoyens, comme l’établit clairement l’étude publiée par l’institut Sapiens en mai dernier où nous avons rappelé que
selon l’économiste Edmund Phelps,le manque de culture économique des français fait perdre à notre pays un point de croissance par an.
Même si culturellement les comportements économiques sont longs à changer, il faut sans attendre remédier à nos archaïsmes dans ce domaine. Il faut d’urgence faire évoluer le contenu des programmes de SES en vigueur, programmes dont les auteurs de manuel ne font qu’appliquer les directives. Une commission présidée par Philippe Aghion y travaille.
On ne peut qu’espérer que le fruit de ses réflexions sera fructueux tant le contenu des manuels actuellement en vigueur laisse à désirer. L’introduction du manuel pris comme exemple présente la démarche suivie en sciences économiques et sociales au lycée. D’emblée l’économie est noyée dans un ensemble plus vaste : «Avec les SES, il s’agit en fait de comprendre comment les individus vivent en société».
On est loin de l’analyse économique au sens propre, celle-ci étant mélangée sans distinction avec la sociologie, montrée comme science jumelle de l’économie. Il est précisé qu’on travaillera sur des documents de nature diverse, et notamment des articles de presse ainsi que des documents multimédias.
Certains documents sont fabriqués par les auteurs pour la circonstance ou sont de simples extraits d’un dictionnaire proposé par le même éditeur. Cela n’est pas vraiment une garantie de rigueur scientifique.
Ces deux premières impressions sont confirmées par le contenu des chapitres qui s’enchainent en suivant fidèlement les instructions officielles.
En examinant attentivement les sujets étudiés par les élèves du secondaire,
il apparaît clairement qu’il existe un biais dans l’appréhension de l’économie et que son enseignement est à la fois peu rigoureux et partisan.
Conclusion
Ce manuel comporte beaucoup d’opinions, souvent biaisées, et peu de faits.
Il ne permet pas de familiariser les élèves avec les bases du raisonnement économique. Ses auteurs ne sont pourtant pas responsables de ce résultat. Ils ne font qu’appliquer les consignes du programme officiel de la classe de seconde.
On est donc fondé à se demander si le Conseil Supérieur des Programmes (CSP), souhaite vraiment que soient formés de futurs citoyens à l’esprit vif et critique.
Atteindre cet objectif suppose en effet que chaque élève soit doté en économie et sociologie d’un bagage suffisant pour lui permettre d’interroger les fausses évidences auxquelles il sera confronté tout au long de sa vie. On risque sinon de favoriser l’éclosion d’individus indifférents à la chose publique ou de militants aveuglément anti capitalistes.
En tout état de cause, les élèves suivant ce genre d’enseignements ne peuvent avoir que de lourdes lacunes en économie et démarrent dans l’existence avec un réel
handicap cognitif. L’école ne remplit donc pas ici son rôle d’éducation et de
formation de futur citoyen.

 

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