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Les nouveaux programmes scolaires de seconde et première divisent les enseignants

Des manuels scolaires.
Des manuels scolaires. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

Les programmes scolaires des classes de seconde et de première sont en train d’être finalisés. Mais cette révision fait polémique chez les enseignants, qui dénoncent ces nouveaux programmes.

C’est la suite logique de la réforme du lycée et du baccalauréat. Les nouveaux programmes scolaires des classes de seconde et de première sont en train d’être finalisés. Les enseignants avaient jusqu’au 20 novembre au soir pour donner leur avis, en ligne, sur les projets présentés par le Conseil supérieur des programmes. Il faut faire vite pour s’adapter à la nouvelle organisation en vigueur à partir de la rentrée 2019. Mais le contexte n’est pas vraiment serein, et ces projets de programmes font polémique sur le fond comme sur la forme.

Des programmes réalisés trop vite ?

Il y a eu les démissions de certains membres du conseil supérieur des programmes, plus récemment des tribunes pour dénoncer un retour en arrière, des programmes trop classiques qui sentiraient la naphtaline. Si le sujet est traditionnellement très sensible, cette réforme de 2018 déchaîne les passions.

« On est quand même dans une cavalcade sur cette construction des programmes, s’agace Alexis Torchet, le secrétaire national du Sgen-CFDT. Ce Conseil supérieur des programmes a travaillé de manière accélérée en à peine trois semaines. Donc en modifiant les programmes dans un temps très court on risque de rater des débats importants, souligne-t-il. Le problème c’est qu’il n’y a pas eu de ligne claire dès le départ. On n’a pas dit clairement : voilà à quoi doit servir le baccalauréat. Et du coup les débats qui n’ont pas eu lieu au moment nécessaire et bah ils ont lieu maintenant. La cristallisation des tensions elle se fait autour de ces programmes ». 

Les sciences humaines en ligne de mire

La polémique est particulièrement forte autour de deux disciplines : l’histoire-géographie et les sciences économiques et sociales (SES). Erwan Le Nader préside l’Association des professeurs de SES, qui a lancé une pétition pour réclamer la réécriture de ces programmes. « On a des projets de programmes aujourd’hui en SES qui laissent de côté les principaux débats de société. Ce sont des programmes qui appellent uniquement des réponses de la part des élèves et pas assez de questionnements, regrette-t-il. En économie, la première question posée c’est ‘comment un marché parfaitement concurrentiel fonctionne-t-il ?’. Les réponses vont être des réponses parfaitement mécaniques alors qu’il faudrait davantage interroger les élèves sur les bienfaits et les limites de l’économie de marché par exemple. Là ce serait des questions qui auraient du sens ».

L’économiste Philippe Aghion, qui a dirigé le groupe de travail sur les SES, ne comprend pas ces critiques. « Tous les grands débat sont abordés ! On débat sur le rôle du diplôme, on débat sur l’entreprise et son organisation, on débat sur le rôle de la protection sociale, argumente le professeur au Collège de France. Nous n’évacuons aucune grande question, on enseigne l’économie telle qu’elle est, il n’y a pas eu de parti pris idéologique. Et puis ça a été fait avec de nombreuses réunions. Moi j’ai vu régulièrement les représentants d’association. Je n’ai pas sorti ça de mon chapeau ! »

Le Conseil supérieur des programmes affirme que toutes les parties ont été consultées, que la pluralité des points de vue est respectée et que d’autres modifications sont encore possible d’ici la publication officielle à la fin du mois de décembre.

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