COP 27. Trop d’économie pas assez d’écologie, « Les programmes scolaires ne sont pas à la hauteur des enjeux »
Un collectif de professeurs de sciences économiques et sociales lance un appel à bifurquer des programmes pour replacer la question écologique au centre des préoccupations. Entretien avec Amandine Oullion la représentante de l’APSES dans le Rhône et ses élèves.
La question environnementale, selon un collectif d’enseignants serait la grande absente des programmes de sciences économiques et sociales. Des choix éducatifs en décalage avec l’époque et les enjeux auxquels la jeunesse doit se préparer selon l’Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales.
Amandine Oullion, représentante de l’APSES dans le Rhône, estime qu’ « il faut du temps pour aborder les questions environnementales avec les élèves » Selon elle: « Dans les derniers programmes mis en place suite à la réforme des lycées, la question environnementale est considérée comme secondaire ».
A l’occasion de la COP 27, du 14 au 19 novembre, l’APSES appelle les enseignants de SES à organiser des activités permettant de « mobiliser, de façon pluraliste, les sciences économiques et sociales au service d’une compréhension de la complexité des enjeux environnementaux ».
Nous avons tenté de réfléchir à des propositions concrètes. Car aujourd’hui l’enseignement est proposé comme une suite d’apprentissages et plus assez comme un débat
Amandine Oullion, Association des professeurs de SES du Rhône
« Nous défendons une approche pluraliste car cela manque de plus en plus. L’environnement est abordé sous l’angle économique et jamais social ».
Un des sujets du baccalauréat 2022, avait suscité une vive polémique au sein du corps enseignants et de plusieurs associations : « Vous montrerez que l’innovation peut aider à repousser les limites écologiques de la croissance » , une approche que l’on retrouve noir sur blanc dans le manuel de l’année où la question est posée dans les mêmes termes.
Croissance, innovation et enjeux écologiques doivent être abordés avec plus de réflexion et de débats selon l’association des professeurs de sciences économiques et sociales
Croissance, innovation et enjeux écologiques doivent être abordés avec plus de réflexion et de débats selon l’association des professeurs de sciences économiques et sociales • © France TV
En finir avec le « green washing pédagogique »
Pour les 2000 enseignants de SES sur les 5000 que compte le pays, » l’avenir de la planète se joue aussi dans les classes »
« Notre programme est très cloisonné et l’environnement est abordé sous l’angle économique mais jamais sociologique » ajoute Amandine Ouillon. « En terminale impossible de se permettre cette bifurcation, c’est la course au programme mais en seconde nous mettons en place plusieurs activités ».
A l’ordre du jour par exemple :
« L’écologie est elle un acte individuel ou social? » ou encore « Quels pays sont les plus émetteurs de CO2? « , autant de sujets qui selon l’enseignantes ne seraient pas abordés sans cette bifurcation.
Les élèves, de seconde de Villefranche sur Saône dans le Rhône sont tout à fait réceptifs à la démarche de leur professeure et lorsqu’on leur demande ce qu’ils attendent, les idées ne manquent pas : former les enseignants et l’administration, motiver les élèves à passer à l’action, parler davantage des alternatives. Nombre d’entre eux regrettent qu’on ne parle pas assez du climat et appellent à une plus grande prise de conscience.
Une réécriture des programmes ?
« Nous demandons une réécriture de nos programmes et d’être associés à cette réactualisation » précise Amandine Ouillon. Les enseignants appellent à une évaluation des programmes précédents pour cibler les lacunes actuelles et les défis à relever.
Il s’agit en priorité conclut-elle d’avoir une approche interdisciplinaire des questions environnementales au cœur de plusieurs chapitres et d’arrêter d’en faire des parenthèses.
Le 15 novembre 2022, lors d’une réunion interministérielle de la COP27, le rapport de l’ONU sur les changements climatiques indique que « le monde est loin de rester en dessous des objectifs de température de l’Accord de Paris ».
Le rapport a montré que la mise en œuvre des engagements actuels des gouvernements nationaux augmenterait les émissions de 10,6 % d’ici 2030 ce qui annoncerait un monde plus chaud de 2,5 °C d’ici la fin du siècle.
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