L’APSES a répondu à une interview à propos de l’appel de Valence, publié sur le site de Touteduc lundi 31 mars 2025. Le site spécialisé est disponible sur abonnement, mais en voici une retranscription complète
L’enseignement des sciences sociales fait l’objet « d’attaques récurrentes » par l’extrême-droite, s’alarme l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) dans un communiqué. Au lycée, des parents d’élèves et associations d’extrême droite, en plus d’attaquer le contenu des programmes, « s’en prennent nommément à des professeur·es, sans considération pour leur sécurité ».
« Des élu·es se font les relais de ces attaques au sein même de nos institutions politiques et n’hésitent pas à remettre en cause des connaissances scientifiquement établies au nom de leurs peurs infondées », indique le communiqué. A l’instar, d’une députée LR qui, en février dernier, a partagé, lors d’une audition d’Elisabeth Borne par la commission des affaires culturelles et d’éducation, une lettre d’une parent d’élève qui se plaignait du contenu d’un cours d’EMC sur l’Etat de droit. L’enseignante de SES avait pris comme point de départ pour une analyse critique la phrase de Retailleau, « l’Etat de droit n’est ni intangible, ni sacré ».
« On constate une nette évolution des remontées de terrain d’enseignants qui sont critiqués dans leur enseignement, que ce soit de la part de parents d’élèves ou de chefs d’établissement, explique Raphaëlle Marx, co-secrétaire générale de l’APSES. Il y a toujours eu des critiques car nous abordons des sujets qui peuvent être sensibles, mais il y a une augmentation récente évidente. » Les enseignements relatifs à l’Etat de droit et au genre sont le plus souvent visés. « La question du genre est régulièrement la cible d’attaques qui relaient les préoccupations de l’extrême-droite sur l’éducation à la sexualité alors même que nous, nous enseignons les inégalités de genre », rapporte Raphaëlle Marx.
Dans ce contexte marqué par une « montée des tensions et de diffusion de fausses nouvelles », la place donnée aujourd’hui aux sciences sociales à l’Ecole est largement insuffisante, estime l’APSES. Aujourd’hui, « les SES ne font partie du ‘tronc commun’ des matières enseignées aux élèves en classe de seconde qu’à raison d’1h30 par semaine, la plupart du temps en classe entière de 35 élèves ».
Le volume horaire dédié à cet enseignement doit donc être revalorisé, « notamment en seconde », et les programmes scolaires construits « en prise avec les questions vives de société, nourris des apports les plus récents de la recherche universitaire et fondés sur un principe de pluralisme scientifique », avance l’APSES. Au risque de « renoncer à la possibilité de former intellectuellement des citoyen.nes critiques et mieux informé.es, capables de résister à la montée des discours haineux et populistes ».
« Les professeur·es de SES doivent pouvoir continuer à traiter, ainsi que les programmes le prévoient, de la fiscalité, de la formation de l’opinion ou de la question des inégalités de genre sans crainte de devenir la cible d’attaques réactionnaires. Elles et ils doivent pouvoir interroger en classe les contours de l’Etat de droit sans être accusé.es de faire de la politique, évoquer les limites écologiques de la croissance économique sans être accusé.es de prosélytisme ou analyser les mécanismes explicatifs de la délinquance sans subir de procès en laxisme. »
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