RDV APSES – IG // 5 juillet 2022

Présents pour l’IG : Christophe Lavialle, Marc Montoussé

Présent.e.s pour l’APSES : Benoît Guyon, Solène Pichardie, Camille Aymard

Traditionnellement, cette réunion entre l’APSES et l’Inspection générale permet de faire un bilan de l’année écoulée, et de mettre en perspective la rentrée prochaine.

C’est aussi l’occasion, pour l’APSES, après son Assemblée générale annuelle de juin, de porter les mandats votés par les adhérent.e.s.

Bilan de l’année

Pour l’IG, ce n’est pas encore une année tout à fait normale, avec seulement 7 chapitres évaluables au lieu de 8, des épreuves déplacées en mai et des sujets élargis.

Malgré une polémique sur les sujets de baccalauréat, l’année s’est déroulée de façon satisfaisante et les élèves montrent une appétence pour la discipline, avec une spécialité très choisie en fin de seconde et conservée en terminale.

Les IPR remontent que des professeurs trouvent les programmes trop lourds. Mais il faut relier ce sentiment à une forme de pression certificative à l’approche de mars, et un contexte encore présent de pandémie. Les programmes s’évaluent sur le temps long, et ce n’est pas encore cette année que nous pourrions envisager un toilettage.

Il y a également des remontées sur une certaine démobilisation des élèves en fin d’année, avec un absentéisme plus élevé.

Pour l’APSES, les épreuves en mars entraînent un enseignement très vertical et désorganisent l’année. On constate aussi une difficulté au niveau de ce programme de faire l’ensemble des objectifs d’apprentissage. Les enquêtes menées par l’APSES montrent un retard important dans le traitement du programme de Terminale et des difficultés à entraîner les élèves aux épreuves (notamment à la dissertation) en raison de contraintes organisationnelles liées à la structure de la réforme et à la lourdeur des programmes.

Décaler les épreuves en juin, c’est donner plus de temps pour travailler la méthodologie mais cela ne règle pas le problème du programme : 12 chapitres à faire pour juin serait trop conséquent.

L’IG est consciente des difficultés d’organiser des devoirs de 4 heures et de préparer les élèves aux épreuves.

Programmes de SES

La position de l’IG reste la même : les programmes sont faisables, il faut se donner le temps de l’appropriation, ne pas traiter des éléments de l’ancien programme pour laisser la place aux nouveaux éléments.

Il n’y aura pas d’allègements pour l’année prochaine. Par exemple, sur la question des limites écologiques de la croissance, on n’est pas obligé de traiter soutenabilité faible et forte. La rédaction sous forme « d’objectifs d’apprentissage » doit conduire à interroger ce qui est strictement nécessaire, du point de vue didactique et pédagogique, à leur acquisition.

L’APSES rappelle que les données récoltées lors des enquêtes menées sur la mise en œuvre des nouveaux programmes montrent qu’ils sont bien trop lourds, que les collègues n’ont pas massivement une vision extensive des objectifs d’apprentissages. Même en ne traitant que le programme, il n’est pas possible de boucler 8 chapitres pour le mois de mars (ou 12 pour le mois de juin). Les programmes publiés n’ont pas vocation à rester gravés dans le marbre, il est légitime de les ajuster en fonction des retours de terrain.

L’APSES demande également, à plus long terme une réécriture des programmes avec une approche par objets.

L’inspection générale admet bien évidemment l’idée que les programmes ne sont pas gravés dans le marbre, qu’ils ont vocation à être évalués et adaptés en fonction de la réalité constatée de leur application. Mais cette évaluation, une nouvelle fois, ne peut pas se penser sur le très court-terme, dans un contexte qui plus est exceptionnel.

Pour ce qui est de la réécriture plus profonde des programmes, l’inspection générale revendique le choix opéré depuis les programmes 2013 qui consiste à revendiquer des entrées explicitement disciplinaires (science économique, sociologie et science politique), adossées aux savoirs académiques, et permettant d’identifier les démarches méthodologiques propres de chacune des disciplines, affirmer leur caractère scientifique, pour ensuite, sous la forme de regards croisés, montrer la fertilité d’une transdisciplinarité maîtrisée. L’inspection générale se dit résolument convaincue, non seulement de ce que cela ne représente pas une rupture avec la tradition de la discipline, mais que c’est là un élément décisif dans le succès et la crédibilité de l’enseignement des SES.

Bilan des sujets

L’APSES demande qu’il y ait un équilibre entre les disciplines dans les sujets du baccalauréat. Cette année, sur les 23 sujets de dissertation, 9% concernent des chapitres de regards croisés, 39% de sociologie/sciences po et 52% d’économie.

L’IG précise que ce déséquilibre est dû au hasard. Les sujets sont élaborés de telle manière que tous les champs sont susceptibles d’être interrogés, et les 8 (cette année 7) chapitres évaluables, faire l’objet ou de dissertation, ou d’EC.

L’APSES demande également que les sujets laissent plus de place à l’expression d’une réponse nuancée. Il y a très peu de sujets qui permettent de présenter les termes de débats inscrits au programme et beaucoup de sujets plus descriptifs qui commencent par « comment ».

l’IG souligne que le problème des sujets « débat » est que la problématique et le plan sont évidents alors qu’il faut attendre des élèves qu’ils construisent une problématique et un plan ; pour cela, il est souhaitable de diversifier les intitulés des sujets.

L’APSES considère que les sujets qui commencent par « comment » ne donnent pas davantage l’occasion aux élèves de construire un plan et une problématique par eux-mêmes puisqu’il suffit bien souvent de reprendre le plan du cours. Le problème est le même pour tous les sujets : construire un plan et une problématique est un exercice difficile.

Enfin, sur la polémique qui a eu lieu sur les sujets de cette année, l’APSES rappelle qu’elle est due en partie à la forme de l’épreuve composée qui ne laisse pas de place à l’expression de réponses nuancées ainsi qu’à la formulation problématique de certains objectifs d’apprentissage (comme celui sur l’innovation qui permet de reculer les limites de la croissance).

Baccalauréat 2022

L’APSES souligne des pratiques très différentes en fonction des académies (commissions, dates de rendu des notes). Les collègues souhaitent des réunions réellement collectives, et en présentiel : travail sur copies tests, construction des critères d’harmonisation.

Les collègues ont également été légitimement choqués par des modifications de notes sur Santorin, avant la tenue des jurys, et sans information préalable.

Par ailleurs, les collègues ont eu en même temps à corriger les épreuves, préparer les conseils de classe, les livrets scolaires, les cours etc. Ce problème se reposera avec des épreuves en mars, en fin de deuxième trimestre (conseils de classe, procédure parcoursup…).

L’IG entend ces difficultés, et souhaite que l’harmonisation des notes se fasse de manière transparente avec les correcteurs. Même si le présentiel est préférable, il y a toujours une question de coût pour les académies.

Ensuite, après cette phase d’harmonisation, dans les textes, le jury est souverain, pas le correcteur, donc les points de jury sont réglementaires.

L’APSES fait également part de messages adressés à l’ensemble des correcteurs dans certaines académies, en nommant individuellement les collègues qui sont en dessous des moyennes.

Pour l’IG, si Santorin permet d’avoir une vision en temps réel et donc de mieux harmoniser, il convient effectivement de rester dans un cadre collectif.

L’APSES demande un bilan statistique des notes aux épreuves (jour 1 et 2, EC, dissertation).

Grand oral

L’APSES souligne que des dysfonctionnements persistent : conflits sur la grille d’évaluation, certains élèves non autorisés à garder leurs notes, jurys sans professeur de SES. En SES se pose le problème de « jurys naïfs » ayant leur propre expérience du monde social, qui posent des questions inappropriées et déstabilisent les candidats. Il faudrait former le jury naïf à poser des questions plus ouvertes, qui ne portent pas de préjugés.

L’APSES est favorable à une épreuve orale, mais celle-ci doit être préparée, avec des moyens dédiés.

L’IG constate également les différences d’approche entre les académies, avec par exemple des grilles d’évaluation plus ou moins détaillées. Le grand oral n’est pas une épreuve purement disciplinaire, la forme est également évaluée. Le but est de noter avec bienveillance la prestation globale.

Conditions d’enseignement

L’APSES fait à nouveau le constat de conditions d’enseignement dégradées : moins d’heures dédoublées, d’heures d’AP, des effectifs très chargés en seconde, en spécialité, en EMC. Dans son service, un.e enseignant.e de SES n’a désormais que peu d’espace de respiration.

Aussi, la mission de PP a tendance à se décaler en seconde, car nous avons des classes de tronc commun. Face à la pénurie de PP, les établissements ont besoin des enseignant.e.s de SES, mais c’est le niveau où on voit le moins les élèves, à 1h30 hebdomadaire.

Du temps est nécessairement pris sur le cours de SES pour ces missions, ce qui réduit d’autant le traitement du programme. L’horaire de seconde est vraiment problématique du point de vue des élèves et de nos services.

Orientation

L’APSES souligne le fait que les collègues de SES sont moins souvent sollicités dans le cycle terminal en tant que PP, et la solution des groupes référents n’a pas vraiment été mise en œuvre. Il est difficile également de suivre tous les conseils de classe, avec le système des groupes de spécialité.

On constate, en Terminale, que les conseils reçus par les élèves sur des filières qui nous concernent sont parfois mal documentés, notamment sur les CPGE et au moment des avis Parcoursup.

L’APSES a engagé un travail statistique sur l’orientation des élèves, et constate un effondrement des inscriptions en prépa et une baisse en licence d’économie.

L’IG relève aussi le tassement des recrutements en BL et ECG. Cela peut toutefois n’être que conjoncturel. C’est probablement la question des maths qui joue.

Les collègues de SES ont un rôle à jouer dès la Seconde, il faut que les élèves sachent qu’il faut choisir la spé maths en classe de première pour faire une CPGE BL ou ECG.

Des lycées sans spécialité SES ?

L’APSES demande s’il est réglementaire de ne pas ouvrir la spécialité SES, une des spécialités « généralistes ». Cela pose le problème du choix pour les élèves, d’une spécialité très présente au niveau national, mais entraîne également des services très compliqués pour les collègues, composés uniquement de classes de seconde.

L’IG souligne que la mutualisation est possible, et que cela a sans doute été proposé dans quelques lycées, très spécialisés avant la réforme. Mais l’IG est preneuse des cas qui subsisteraient.

Concours de recrutement :

L’APSES a été surprise de constater que tous les postes n’avaient pas été pourvus cette année, ce qui est rare pour le CAPES de SES, et alors que la barre d’admission a été fixée à 11. Elle relaie la déception des candidats et de leurs formateurs.

L’IG l’explique par le souci de conserver la qualité du recrutement, et souligne que le concours a déjà été moins sélectif : la barre d’admission au Capes a été inférieure aux années précédentes, le pourcentage d’admission sur les différents admissibles est supérieur à l’année dernière, comme le pourcentage d’admissibles et admis par rapport aux inscrits.

L’APSES rappelle que les recalés du concours seront peut-être les contractuels de la rentrée, à ceci près qu’ils n’auront pas de formation. Ces collègues, peut-être un peu « fragiles », seraient mieux accompagnés et mieux à même d’enseigner dans les lycées s’ils avaient été reçus au concours.

Pour l’IG, le recrutement par concours s’envisage sur de nombreuses années, alors qu’un professeur contractuel peut n’être embauché que pour 1 ou 2 ans. 2022 est une année transitoire car depuis cette année les candidats doivent être titulaires d’un M2 alors qu’ils pouvaient ne détenir qu’un M1 jusqu’à l’année dernière. L’IG pense que tous les postes devraient donc à nouveau être pourvus l’année prochaine.

 

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