Présents pour l’IG : Christophe Lavialle, Marc Montoussé (en visio)
Présent.es pour l’APSES : Solène Pichardie, Benoît Guyon, Olivier Louail
Traditionnellement, cette réunion entre l’APSES et l’Inspection générale permet de faire un bilan de l’année écoulée, et de mettre en perspective la rentrée prochaine. C’est aussi l’occasion, pour l’APSES, après son Assemblée générale annuelle de juin, de porter les mandats votés par les adhérent·es.
Ce compte-rendu a été présenté à nos interlocuteurs, afin d’assurer de sa conformité aux échanges.
I. Retour sur le bac 2023
A. Présentation de l’enquête de l’APSES
L’APSES : présente l’enquête menée sur le bac 2023 en mars. Elle insiste :
• Sur les disparités de répartition du nombre de copies à corriger entre collègues, selon les académies (disparités entre académies).
• Sur les attendus de correction (sentiment de moindre exigence des attendus par rapport aux années précédentes : connaissances, méthodologie, notamment concernant la dissertation)
• Sur les notes : disparités de notation entre les copies du jour 1 et du jour 2.
IG : Concernant les disparités de répartition du nombre de copies, l’IG a eu des remontées convergentes de la part des IA IPR. Ces disparités ne résultent pas de consignes données par l’IG. Concernant le sentiment de baisse des attendus de correction : il n’y a pas eu de consignes spécifiques de l’IG appelant à abaisser les exigences. L’IG sera vigilante sur ces deux points.
Concernant les écarts de notes : selon les données de l’IG, il existe seulement 0,5 pts d’écart entre les copies du J1 et celles du J2. Les SES font figure de discipline modèle par rapport aux autres disciplines. L’IG rappelle que les commissions d’élaboration de sujets doivent produire 34 sujets d’écrits différents (et même davantage si on tient compte des sujets de remplacement). Pilotées par des IPR et présidées par un IG, elles doivent se montrer attentives à de nombreux points lors de leur confection et en particulier le fait que les sujets soient de niveau égal.
Concernant la répartition des copies, les IPR ont plus ou moins de pouvoir sur ce point selon les académies. Par exemple, en IDF, le SIEC donne peu de marges de manœuvre aux inspections sur la répartition des copies aux correcteurs.
B. Communication des notes de la session 2023 du baccalauréat
L’APSES : demande si les données nationales de notation sont publiques et souhaiterait qu’elles lui soient communiquées.
IG : les données nationales sont publiques (elles pourront être transmises à l’APSES), mais pas les données académiques.
C. Harmonisation des notes et des critères de correction
APSES : Des collègues ont encore cette année vu des notes augmentées de façon massive (par lots entiers) sans accord des correcteurs, dans au moins deux académies différentes. L’APSES demande que ces pratiques disparaissent à l’avenir.
IG : Il n’y a pas eu de consignes d’harmonisation de masse, ni au niveau de l’IG, ni de la part des IA IPR. L’IG ne souhaite pas que les pratiques de remontées des notes une fois les lots verrouillés par les correcteurs (pratique qui reste marginale) perdurent.
APSES : En comparant les pratiques des différentes académies concernant l’harmonisation (travail de comparaison réalisé par l’APSES), on observe des écarts d’attentes dans les barèmes de correction des différentes académies (par exemple : différences de notation de l’introduction et de la conclusion, répartition des points sur les connaissances et les documents, absence d’attentes formelles sur la dissertation dans certaines académies, etc.).
IG : il y a une demande institutionnelle de renforcer l’harmonisation nationale. Pour l’instant l’IG de SES ne souhaite pas aller vers la transmission de barèmes de correction détaillés transmis à l’échelle nationale. L’échelon académique semble être le bon échelon pour permettre une harmonisation collective des critères de correction, afin de s’assurer ensuite d’une meilleure appropriation des critères de correction par les correcteurs. L’appropriation des pratiques de notation par les collègues suppose des discussions en commission d’entente académiques.
L’IG partage le constat de l’importance d’avoir de vrais attendus méthodologiques (introduction en dissertation par exemple), défend le fait de maintenir des exigences élevées malgré le calendrier du baccalauréat et transmettra des consignes en ce sens aux IA IPR.
L’APSES : souligne l’importance des réunions d’harmonisation en présentiel pour l’appropriation des pratiques de notation par les collègues. Elle regrette le fait que dans certaines académies les collègues aient été empêchés d’intervenir lors de ces réunions (prise de paroles ou chat bloqués).
IG : l’IG est d’accord sur le fait que les réunions en présentiel sont préférables lorsqu’elles peuvent effectivement être organisées.
II. Sur l’après bac en mars :
A. Troisième trimestre
L’APSES : maintient sa demande de retour du bac en juin, sur une seule journée.
Elle souligne les problèmes posés par le calendrier actuel concernant le troisième trimestre : absentéisme, manque d’implication des élèves, désorganisation de l’année pour les élèves des trois niveaux, bachotage jusqu’en mars, recul des pratiques pédagogiques actives, etc. Cela participe à la perte de sens du travail pour les collègues.
IG : l’IG n’a pas la main sur le calendrier du baccalauréat. L’IG ne conteste pas les constats concernant la baisse d’investissement des élèves au troisième trimestre. Il faudra mener une réflexion pour arriver à donner du sens au troisième trimestre, dans le cadre du calendrier existant. Par exemple, il serait possible de renforcer la formation à la dissertation, pour anticiper les attendus du supérieur en la matière.
B. Présentation enquête APSES progression terminale
L’APSES a mené une enquête auprès des enseignant·es de SES sur la progression dans les programmes, et la formation méthodologique des élèves. Par rapport à l’année dernière, le retrait d’un chapitre a permis de limiter les retards de progression, mais ne les a pas annulés pour autant (1/3 des collègues étaient en retard dans le programme à la reprise de janvier).
Autres enseignements de l’enquête : recul important sur la formation méthodologique des élèves et de l’évaluation (recul des pratiques de remédiation, des entraînements de 4h en classe et des bacs blanc, renvoi de points du cours à étudier à la maison, etc.).
IG : Les conseils pédagogiques dans les établissements sont un levier utile pour porter la demande d’organisation d’épreuves d’entraînement type bac blanc, les enseignant·es peuvent s’en saisir.
C. Adaptations pour l’année prochaine ?
L’APSES : dénonce les effets de ce calendrier du bac qui renforce les inégalités et fragilise les élèves en difficulté et demande si des adaptations pour l’année prochaine et les suivantes sont prévues.
L’IG : a été consultée pour faire des suggestions d’aménagement pour les années qui viennent mais les arbitrages n’ont pas encore été rendus. Dans ce cadre, l’IG a fait remonter la nécessité de donner du sens à la césure qu’introduit le positionnement des épreuves en mars, à la fois pour faciliter la préparation des élèves au baccalauréat, et pour ensuite maintenir leur attention et leur investissement après que les épreuves aient été passées. La réflexion se fait dans le cadre des programmes tels qu’ils existent : il n’est pas prévu de refondre les programmes.
L’APSES : souhaite à la fois des allègements à court terme pour éviter l’effet bachotage, mais reste attachée à la transmission des contenus et le maintien à tout prix des épreuves en mars ne doit pas se traduire par un recul de la transmission des contenus et des méthodes sur l’année et donc par une dégradation de la formation en SES.
III. Retour sur les enquêtes APSES menées dans l’année
A. Note sur filles, maths et SES
APSES : Parmi les élèves qui font des SES, la part des élèves qui font des maths régresse, et ce phénomène est particulièrement prononcé pour les filles. L’IG a-t-elle mis en place un chantier spécifique sur ce point, notamment pour éviter le renforcement des inégalités de genre ?
IG : Il n’y a pas de travail spécifique sur cette question en ce moment mais le problème se situe surtout à un autre niveau, dans l’enseignement supérieur, l’excellence en maths continue à être utilisée comme critère central pour sélectionner les élèves (y compris dans des cursus de droit par exemple), et il faut faire un travail pédagogique à ce propos auprès des acteurs du supérieur. De plus, l’introduction des maths en première en tronc commun permettra à davantage d’élèves de choisir maths complémentaire. La réforme a introduit un libre choix pour les élèves qui est intéressant car il permet des parcours de formation plus variés.
L’APSES : les effets négatifs du libre choix des spécialité dépassent les effets positifs car cela creuse les écarts face à l’orientation selon la CSP et le genre : les choix de spécialité les plus « innovants » par rapport aux matières clé des anciennes séries sont davantage le fait des élèves de milieux défavorisés, et cela place ces élèves face à des difficultés d’accès à l’enseignement supérieur. Les stratégies de choix de spécialité sont aussi différenciées selon le genre et cela joue en défaveur des filles. L’APSES se prononce pour un système avec des séries cohérentes, dans un format rénové par rapport à ce qui se pratiquait avant la réforme du lycée.
IG : partage le constat qu’il faut réfléchir aux inégalités de classe et de genre face à l’orientation, et réfléchir aux évolutions du lycée à cet aune.
B. Enquête APSES évolution des conditions d’enseignement et de travail
L’APSES : revient sur l’enquête concernant les conditions d’enseignement : elle pointe notamment la disparition des dédoublements, l’augmentation du nombre d’élèves et de classes pris en charge, les effectifs les plus élevés sur les 3 niveaux en moyenne, la difficulté à être professeur principal en Première et Terminale dans le lycée post-réforme, le report de cette mission en Seconde en tronc commun, là où le volume horaire est faible.
L’APSES souligne notamment l’intensification du travail et ses effets sur la santé. Par rapport à la moyenne des salariés et des autres enseignant·es, les enseignant.es de SES sont plus exposé.es aux risques psycho-sociaux. Face à l’alourdissement de la charge de travail, un horaire hebdomadaire accru en Seconde permettrait d’avoir des répartitions de service plus supportables.
IV. Organisations locales des services
L’APSES : a eu des remontées concernant des organisations locales des services : Plusieurs enseignant.es de SES sur un même groupe ; variation des horaires en fonction de l’année (7 ou 8h sur le premier semestre). Même si cela reste marginal, cela introduit une rupture d’égalité dans la préparation au baccalauréat et une dégradation du travail des collègues à qui cela est imposé.
IG : n’a pas entendu parler de ces pratiques. Les IPR seront interrogés sur ce sujet.
V. Rapport sur la culture statistique des français·es
L’APSES : souligne certaines incohérences et erreurs dans le rapport : sous-estimation de la part des élèves suivant un enseignement de SES (30 % d’une cohorte à 15 ans au lieu de 60 % en réalité) ; hypothèse selon laquelle les enseignant·es de SES seraient peu à l’aise avec l’enseignement des savoir-faire statistiques car majoritairement issu·es de cursus de sociologie voire littéraires par exemple.
L’APSES s’interroge également sur la mise en avant très importante dans ce rapport des ressources proposées par Melchior. Enfin, elle déplore aussi que dans les préconisations pour renforcer la culture statistique, les SES soient largement absentes. Elle demande à ce titre un renforcement des moyens attribués aux SES (horaire revalorisé en Seconde, dédoublements nationaux permettant de mieux travailler les savoir-faire statistiques…).
IG : n’a pas été associée formellement à ce rapport et partage les interrogations de l’APSES.
VI. Éducation financière
APSES : Quel est le statut des ressources publiées sur Eduscol concernant l’éducation financière ?
IG : Il ne s’agit pas de traiter la totalité des points qui y sont présents, mais de fournir des ressources mobilisables par les collègues au fil des chapitres. Il y a un enjeu à ce que les SES soient identifiées sur ces sujets, et pas seulement l’économie-gestion. Il est donc important de souligner la contribution des SES à l’éducation financière.
APSES : Rappelle que des conditions d’enseignement revalorisées, notamment en seconde permettraient aux SES de contribuer pleinement à la transmission de ces notions, sans qu’il soit besoin de faire appel à des dispositif « d’éducation à ».