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Bac nouvelle formule : les questions en suspens et celles qui fâchent

Marie-Christine CORBIER | 02/01 | 15:51

Portées par des syndicats d’enseignants ou des associations disciplinaires, les inquiétudes sont déjà nombreuses.

Les lycéens auront-ils tous encore une deuxième langue vivante ? Les mathématiques disparaîtront-elles du tronc commun des enseignements de terminale ? Les sciences économiques et sociales verront-elles leur volume horaire diminuer ? Les interrogations fusent de toutes parts. Du côté des disciplines, on sent poindre « une belle foire d’empoigne », pour reprendre l’expression de Bruno Magliulo, inspecteur d’académie honoraire. Les professeurs de mathématiques s’inquiètent du sort réservé à leur discipline. Ceux de sciences économiques et sociales redoutent que la leur ne passe de 5 heures par semaine à 3 en première. D’autres s’inquiètent de la deuxième langue vivante, qui deviendrait une discipline « mineure ». L’idée serait la suivante : au vu du faible niveau général des élèves en langue vivante, mieux vaudrait apprendre bien une langue plutôt que d’en suivre deux moins bien…

Les critiques portent aussi sur l’esprit général de la réforme . Le SNES-FSU, principal syndicat du secondaire, défend « la diversité » des séries du bac actuel et dénonce « l’illusion d’un choix très varié » de l’examen nouvelle version. « Les élèves les plus faibles auront très peu de choix, ils iront où il reste des places. Et les moins initiés feront les choix les moins stratégiques », estime Caroline Chevé, du SNES-FSU d’Aix-Marseille. Selon le syndicat, l’organisation modulaire, calquée sur l’université, n’est « pas adaptée » à des lycéens. « Chaque tranche d’âge doit avoir une structure scolaire qui lui convient et ce n’est pas en jetant les élèves dans le grand bain qu’on va leur apprendre à nager », ajoute Caroline Chevé. Le syndicat redoute aussi que la réforme ne soit « un levier de réduction de postes ».

Le mode d’évaluation encore en suspens

A ceux qui, comme SUD Education, annoncent « des bacs  »maison » dépendant de l’établissement (et) cassant sa valeur nationale », Pierre Mathiot a promis d’être « attentif » au «  caractère national du bac ». Le futur examen doit donner lieu à quatre épreuves nationales en terminale, mais l’évaluation des autres disciplines – celles du tronc commun et des « mineures » – n’est pas arrêtée. Quelle forme prendra le contrôle continu annoncé pour ces épreuves ? Il pourrait déboucher sur des partiels anonymes, avec des épreuves académiques ou nationales. Attention, cependant, à ne pas recréer une « usine à gaz » avec des « jurys locaux »,prévient le syndicat d’enseignants SE-UNSA. Le sort des options facultatives (arts, EPS, LV3…) n’est pas tranché non plus. Elles pourraient être maintenues ou faire l’objet d’une troisième « mineure ».

D’autres s’interrogent sur la mise en oeuvre. « Un professeur de philosophie fera ses 18 heures. Mais que lui fera-t-on faire si les élèves ne choisissent pas la philosophie [la majeure lettres/philosophie, NDLR] ? » se demande Philippe Tournier, secrétaire général du principal syndicat de chefs d’établissement, le SNPDEN. L’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public (APMEP) met en garde contre une organisation « qui pénaliserait les petits établissements », ces derniers n’étant pas tous à même de proposer toutes les combinaisons de disciplines « majeures ».

« Effet boomerang »

La tâche de Pierre Mathiot et de Jean-Michel Blanquer n’est pas simple. « Tout dépendra de la réussite de Parcoursup », confie un proche de l’exécutif. Sur ce sujet, c’est la ministre Frédérique Vidal qui est aux manettes. « Mais c’est Jean-Michel Blanquer qui se prendrait l’effet boomerang avec les lycéens s’il y avait des ratés avec la nouvelle plate-forme d’accès à l’enseignement supérieur. »

@mccorbier

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