Pour l’APSES : Anna Dreuil (co-secrétaire générale), Raphaëlle Marx (bureau national) et Kevin Hédé (bureau national)

Pour le ministère : Cécile Laloux, conseillère pédagogie de N. Belloubet


Résumé des réponses de Cécile Laloux à nos demandes :

  • Sur la session du bac 2024, rien ne sera modifié, pas d’allègements de programmes. Le ministère attirera l’attention des jurys, pour prendre en compte la complexité de cette année. Pas de doublement des sujets prévu mais une « attention particulière a été portée sur les sujets, au moment de la conception et du choix des sujets ».
  • Un travail est engagé pour faire évoluer le programme de terminale à partir de la rentrée 2024 : le programme sera revu dans ses contenus pour pouvoir être réellement mis en œuvre avec une réduction du nombre de chapitres. La discussion actuelle porte sur l’ampleur de la réduction. Des annonces seront faites d’ici quelques semaines. Ce travail n’engagera pas de réécriture des programmes, uniquement des allègements et portera uniquement sur la classe de terminale.
  • Nouvelle rencontre au Ministère prévue mi-mai.

L’APSES :

Merci de nous recevoir. Nous avons souhaité vous rencontrer de nouveau pour faire le point sur la situation en SES, plus particulièrement pour l’année de terminale. Depuis notre dernière entrevue, il y a eu des déclarations du Ministère reconnaissant la difficulté d’absorber la totalité du programme en SES (déclaration d’A. Oudéa-Castera devant la commission des affaires culturelles de l’assemblée, réponse de N. Belloubet à des questions de parlementaires ou d’élèves). Un consensus a  émergé concernant la lourdeur excessive des programmes en SES dénoncée par l’APSES dès 2019.

Présentation des résultats de notre enquête de printemps : Comme annoncé, les collègues sont malheureusement en difficulté dans le traitement des programmes d’examen. Les 2/3 des collègues étaient en retard dans le traitement du programme d’examen. Les collègues sont très contraint·es. Par exemple, pour prendre le cas de l’un·e d’entre nous, au retour des vacances pour la zone B, il restera 30h de cours maximum pour 3 chapitres à faire.

Les collègues continuent de demander un aménagement pour le bac de cette année. C’est encore possible. La moitié des collègues n’avait au moment de l’enquête fin février traité que des chapitres parmi les 8 à prioriser et 75% n’avaient traité qu’au plus un seul des 4 chapitres restants.  Tout le monde profiterait d’un allègement, y compris pour celles et ceux qui sont plus avancé·es dans le programme : cela permettrait aux élèves de mieux travailler sur les méthodes et assimiler ce qui a été traité en revenant sur les points qui ont été abordés trop rapidement.

Les collègues n’ont pas pu préparer le grand oral : depuis septembre, les collègues de SES ont en moyenne consacré 1,1 heure à la préparation du Grand Oral avec leurs élèves de terminale et 45% n’ont pas encore eu le temps de consacrer d’heures à la préparation de cette épreuve de baccalauréat. On va vers une épreuve que les élèves auront préparé en totale autonomie ce qui renforce considérablement les inégalités entre élèves.

Mme Laloux :

La ministre Amélie Oudéa-Castera a pu faire référence aux difficultés rencontrées et exprimées par les enseignant·es, les élèves ainsi que les inspecteurs et inspectrices, tout particulièrement en classe de terminale. Elle a annoncé qu’une réflexion allait être engagée. La ministre Nicole Belloubet a renouvelé ce souhait de faire évoluer ce programme de SES pour le rendre compatible avec le temps des apprentissages et avec la préparation au Grand Oral.

Aujourd’hui cette réflexion est engagée : une réunion est prévue la semaine prochaine avec le cabinet (Cécile Laloux), la DGESCO, l’IG, le CSP et M. Aghion afin de poser le calendrier et de préciser les marges d’évolutions.

Nous ne sommes pas favorables à une réécriture du programme. La plupart de nos interlocutrices et interlocuteurs nous disent que les programmes témoignent d’une avancée positive dans sa construction, dans la façon dont ils portent les fondamentaux de la discipline. Nous ne souhaitons donc pas renouveler totalement le programme de SES. Il s’agit bien de le faire évoluer pour le rendre compatible avec le calendrier de l’année de terminale. Cela ne veut pas dire que nous serons sur un même programme avec une version limitative pour les examens. L’intégralité du programme sera exigible et il n’y aura pas la publication d’un programme limitatif d’examen. Le programme sera revu dans ses contenus pour pouvoir être réellement mis en œuvre avec une réduction du nombre de chapitres. La discussion actuelle porte sur l’ampleur de la réduction. Des annonces seront faites d’ici quelques semaines.  

Ce travail portera uniquement sur la classe de terminale. Nous avons par ailleurs engagé une vaste réflexion sur les programmes dans les cycles 1, 2 ,3 et 4 et il n’est pas prévu que les programmes de lycée soient modifiés.

Sur la session 2024, rien ne sera modifié. Les IG y sont extrêmement défavorables. Nous entendons la complexité de la part des enseignant·es, des élèves, des familles, des inspectrices et inspecteurs mais on ne peut pas exclure qu’un allègement à ce moment de l’année poserait des problèmes au niveau local avec des enseignant·es qui n’auraient pas traité les mêmes chapitres. Cela poserait des problèmes d’équité entre élèves.

En revanche, nous attirerons l’attention des jurys sur la complexité de cette année. Les IG y sont sensibilisé·es et les jurys doivent avoir une prise en compte de la complexité pour les enseignant·es et les élèves de réaliser l’intégralité du programme. Un grand nombre d’enseignant·es va tenter de faire l’intégralité du programme mais dans des conditions dégradées. Il y aura donc une prise en compte de cette difficulté pour les épreuves écrites mais aussi pour le grand oral.

Il faudra engager également une réflexion sur le grand oral au delà de la spécialité SES. Les compétences attendues et évaluées par le grand oral sont construites au fil d’un parcours. Là ou l’année de terminale est importante dans la finalisation de cette préparation, elle va l’ancrer dans les enseignements de spécialité, ce n’est pas sur les deux derniers mois de l’année que l’on travaille le grand oral.

L’APSES :

On entend les difficultés d’allègements à ce stade de l’année mais c’est une demande que l’on porte depuis le début de l’année. La mansuétude des jurys ne résout pas le problème des élèves qui n’auront pas traité le chapitre ou trop rapidement. On pourrait aussi envisager un doublement des sujets comme ça a été le cas précédemment.

Mme Laloux :

Les sujets qui vont être proposés cette année ne risquent pas de présenter cette difficulté. Une attention particulière a été portée sur les sujets, et au moment de la conception et du choix des sujets. Les sujets sont produits donc le doublement des sujets ne semble pas réalisable mais  je poserai la question lors de la réunion de la semaine prochaine.

APSES  :

Pour la rentrée de septembre, nous sommes favorables à des  allègements au sein des chapitres.  Un travail de réflexion sur des premières  propositions d’allègement d’urgence a été lancé au sein de l’association, nous demandons à ce que l’APSES soit associée au travail sur les allègements. Et il est important que ce groupe soit constitué au moins pour moitié par des enseignant·es du secondaire. L’APSES souhaite être intégrée à ce groupe de travail (rappel de la représentativité de l’APSES).

Mme Laloux :

La réunion de la semaine prochaine est une réunion politique menée par le cabinet. Puis il y aura un groupe de travail. Il faut déterminer si le CSP sera saisi. Si c’est le CSP qui dirige ce groupe de travail, le CSP est indépendant et on ne peut pas intervenir sur la composition du groupe de travail mais on peut attirer leur attention sur la présence d’enseignant·es. Si le CSP constitue un groupe de travail, il y aura un copilotage IG-universitaires et la présence d’IPR et d’enseignant·es. Il n’est pas certain que la présence de représentant·es d’associations disciplinaires constituées soit usuelle. L’indépendance du CSP permet à la ministre ou au ministre en poste de ne pas être responsable du programme. L’indépendance du CSP est une garantie que les programmes ne sont pas produits par le ministère. Suite à la consultation, le ministre ou la ministre peut apporter des modifications.

J’ai eu des échanges avec M. Aghion : selon lui, le programme devait être traitable,  les intentions étaient bonnes au départ, un programme pas trop lourd, mais il y a eu un phénomène d’emballement lors de la construction des programmes avec de multiples ajouts et des difficultés ensuite pour sélectionner. Quand il s’agit de sélectionner ce qu’il faut garder, tout le monde ne veut plus rien retirer. L’autre élément qui peut susciter l’étonnement c’est le fait que selon M. Aghion le programme a été publié à l’origine dans son intégralité et a été bien reçu.

Là où je suis d’accord avec vous, c’est qu’il faut que la représentation soit cohérente. Il faut dans le groupe de travail un nombre suffisants d’enseignant·es de la discipline qui permet de faire entendre de manière plus audible la nécessité de faire des choix et de limiter. 

J’attirerai l’attention sur ce point et je poserai la question au CSP de l’intégration de l’APSES. Je souligne que vous êtes favorables à un allègement d’OA plutôt que de chapitres. [EDIT : Nous précisons que, si Mme Laloux souligne ici la demande d’allègements d’OA, l’APSES demande également une diminution du nombre de chapitres].

L’APSES :

M. Aghion a dû oublier le vote de rejet du CSE qui avait rejeté le programme de SES. Et il y a eu des aménagements dans les programmes d’examens dans les sessions précédentes (passage de 8 chapitres à 7 chapitres exigibles ou doublement des sujets).

Pour nous, il faudrait faire ce travail d’allègement sur les trois niveaux car la situation en terminale hérite de la situation problématique sur les deux années antérieures. Nos enquêtes montrent qu’en Première les collègues n’arrivent pas à traiter les 12 chapitres du programme. Absentes du collège et des enseignements obligatoires en première et terminale, les SES sont intégrées au tronc commun de seconde générale et technologique, mais avec un horaire hebdomadaire limité à 1h30, le plus faible du tronc commun. Les élèves arrivent donc en Terminale en n’ayant pas traité certains pré-requis et en s’étant trop peu approprié les méthodes d’analyse de documents et d’argumentation.

Mme Laloux :

La position de la ministre : la réflexion portera sur la terminale seulement. Je mettrai la question sur la table la semaine prochaine, mais pour l’instant ce n’est pas ce qui se décide. 

L’APSES :

Nous nous inquiétons du calendrier de correction des épreuves. Les copies devront être corrigées sur deux jours ouvrés, en correction sur écran ce qui dégrade très fortement les conditions de correction.

On se réjouit de la fin annoncée des harmonisations de masse mais la mise en place d’une commission d’entente nationale pose un certain nombre de problèmes. D’une part, elle est mise en place en cours d’année, dans un contexte où nos collègues ont continué à travailler, tout au long de cette année, à partir des grilles académiques qui ont été utilisées lors des précédentes sessions. D’autre part, on déplore la fin d’un travail collectif d’harmonisation. Nous sommes attaché·es à un un travail non descendant qui implique les collègues. Il nous semble nécessaire de partir du terrain et d’associer les enseignant⋅es au travail d’entente, qu’il soit mené au niveau national comme local.

Réponse Mme Laloux :

Il s’agit ici de la suppression des correctifs académiques. Ces correctifs académiques étaient appliqués de deux façons : une opération technique qui visait à mettre le même nombre de points à tout le monde. A un deuxième niveau il y avait au niveau académique une relecture des consignes de correction et des grilles académiques. L’impact est beaucoup plus fort sur le DNB, qui aujourd’hui ne signifie rien, ni pour les élèves ni pour les enseignant·es. Il suffit d’interroger les professeur·es de seconde. L’objectif est d’avoir des pratiques identiques, harmonisées sur l’ensemble du territoire national.

Qu’est-ce que ça induit ? Cela ne remet pas en cause le travail d’harmonisation au niveau académique. Cela permet de garantir que la copie soit corrigée de la même façon. La commission d’entente nationale existait déjà dans certaines disciplines. La commission d’entente permet de corriger un certain nombre de rugosités. L’harmonisation est ce qui permet de garantir qu’il n’y ait pas de disparités d’un correcteur ou d’une correctrice à l’autre. La commission d’entente nationale est importante, notamment pour les EDS passées sur 2 jours car elle permet de corriger un certain nombre de problématiques identifiées à partir de quelques copies test. Le travail d’harmonisation n’est pas modifié, la commission d’entente nationale n’est pas là pour déposséder les correcteurs et correctrices académiques de leur possibilité de correction et d’harmonisation mais elle est là pour éclairer et unifier.

Sur le calendrier : le choix est fondé sur la volonté de redonner aux élèves et aux enseignant·es, le maximum de temps d’enseignement. Le calendrier est serré. Si dans certaines académies les copies sont récupérées après le 21 juin et que le temps de correction en est réduit, il faut me le signaler.

L’APSES :

On partage l’idée qu’une forme d’harmonisation nationale peut être intéressante pour un examen national mais la grille communiquée est beaucoup moins précise que ce qui faisait au niveau académique. Les modalités de l’appropriation collective ne sont pas claires.

Mme Laloux :

Je poserai la question.

Concernant les épreuves, il a été évoqué le fait que des enseignant·es puissent ne pas faire passer les épreuves du grand oral.

L’APSES :

La question a été discutée au sein de l’association (Lettre ouverte à nos élèves publiée dans Le Monde). Les collègues s’interrogent sur le fait de faire passer une épreuve pour laquelle ils et elles n’ont pas préparé leurs élèves.

Mme Laloux :

Si les élèves ne passent pas le grand oral, ils n’auront pas leur bac. Chacun prend ses responsabilités.

L’APSES :

Le Ministère a su par le passé faire preuve d’inventivité pour pallier l’absence de notes. Nous pensons aux élèves et prenons nos responsabilités.

Mme Laloux :

Je propose que l’on se revoit mi-mai.

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