« L’APSES et ses trois régionales de Paris-Créteil-Versailles organisaient le 4 mai dernier avec le soutien d’Alternatives Économiques un Café Sciences Sociales sur le thème « Crise après crise. Et demain, quel(s) capitalisme(s) ? ».

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Une rencontre et un débat avec :

Claire LEMERCIER & Pierre FRANCOIS, directrice et directeur de recherche au CNRS, CSO à Sciences Po.
Auteurs de : Sociologie historique du capitalisme, Ed. La Découverte, 2021.

Et une discussion autour du dernier ouvrage de Robert BOYER, ancien directeur de recherche au CNRS, directeur d’études à l’EHESS, « Les capitalismes à l’épreuve de la pandémie », Ed. La Découverte, 2020.

Animé par Catherine ANDRE, rédactrice en chef adjointe d’Alternatives Économiques.

Ce café virtuel a regroupé plus de 50 participant.e.s

En voici la captation vidéo: https://youtu.be/Vrkg6BKH82A

Après un rappel des principes – plus spécifiquement d’ouverture de l’enseignement sur la Cité – des cafés de sciences sociales et une courte présentation par son Co-Président Benoît GUYON de l’Apses, l’association professionnelle des professeurs de SES, qui compte aujourd’hui plus de 2000 adhérents et qui défend le pluralisme notamment dans les programmes scolaires, le débat a pu commencer.
C. Lemercier est fille d’un professeur de SES, chercheuse en histoire, spécialiste de la 1ère moitié du 19ème siècle. Elle s’est intéressée également aux grandes entreprises françaises et à leurs dirigeants tout au cours du 20ème et au début du 21ème siècle. P. François est quant à lui doyen de l’école de recherche de Science Po depuis 2017, après avoir dirigé le département de sociologie de Science Po, ancien professeur de SES à la fin des années 1990. Il a globalement travaillé sur le monde de l’art et sur la sociologie des marchés.

Pour écrire leur ouvrage, C. Lemercier et P. François se sont retrouvés confrontés à un problème de définitions. En effet, quand on parle de capitalisme, on peut le saisir au niveau individuel ou collectif. Au niveau individuel, on peut définir un comportement : rechercher le profit pour lui-même (caractérisation classique). Les historiens ont repéré cette forme de capitalisme dès l’antiquité. C’est l’une des raisons (cette expansion maximale chronologique) qui a fait préférer aux chercheurs placer leur discussion à une échelle plus collective, caractériser une société capitaliste et non un comportement.
Leur ouvrage présente une organisation thématique (il y a des chapitres sur la consommation, la finance et les crises, l’Etat de droit…), mais avant tout, c’est un geste original de périodisation depuis la fin du XVIIème siècle du point de vue précis du capitalisme. Les auteurs délimitent 3 âges : l’âge du commerce, vers la fin du XVIIème siècle (1680 par symétrie) jusqu’à la fin du XIXème siècle (1880), puis il y a l’âge de l’usine pendant l’essentiel du XXème siècle, de 1880 à 1980 environ, et enfin il y a l’âge de la finance depuis le début des années 1980 qui pourra être mis en lien avec le livre de R. Boyer. Chaque âge se caractérise à la fois par des manières différentes d’organiser les entreprises, d’organiser la relation de travail, d’organiser la production mais aussi par des mots et des idéologies différentes pour le dire.
Le livre est émaillé d’études de cas (ce n’est pas un livre d’économie, de sociologie), dans une optique pédagogique et illustrative.

R. Boyer quant à lui, dans son ouvrage, indique que la profession des économistes est désarçonnée par l’irruption de la pandémie. R. Boyer nous alerte sur le danger de l’autonomisation des macro-économistes par rapport aux autres disciplines. Enfin sur le sujet du débat, pour R. Boyer, il n’y a pas un capitalisme mais des capitalismes. Le capitalisme est une forme historique qui se transforme de crise en crise et R. Boyer établit aujourd’hui une nouvelle taxonomie de ces capitalismes : il y en aurait 3 formes principales : un capitalisme de plateforme transnational et oligopolistique né aux Etats-Unis, un capitalisme étatique (qui apparaît en Turquie ou en Russie) et un capitalisme hybride (en Chine). In fine, R. Boyer note que les capitalismes européens sont divisés.

En fin de café, un tirage au sort a eu lieu pour permettre à deux de nos auditeurs de recevoir un exemplaire d’un des deux ouvrages présentés lors de la conférence.

Pour rappel, voici la captation vidéo des précédents cafés :

–          T Piketty, B. Borrits, « Changer la propriété pour dépasser le capitalisme ? » : //www.apses.org/cafe-sciences-sociales-changer-la-propriete-pour-depasser-le-capitalisme-17122019-paris/

–          S. Abdelnour, N. de Grenier, C. Cosme, « Les plateformes en guerre contre le salariat ? » : //www.apses.org/lapses-au-printemps-de-leconomie-a-lautomne-2020/.

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