Alors que le très contesté programme de SES de première doit entrer en vigueur à la rentrée prochaine, les modalités de l’épreuve de baccalauréat pour les élèves qui abandonneraient la spécialité SES en fin de première ne sont toujours pas officiellement connues.

Sans véritable bilan des épreuves actuelles, sans concertation préalable des enseignants, les textes communiqués aux éditeurs de manuels scolaires ainsi que des sujets « prototypes » présentés par l’Inspection dans l’académie de Lille inquiètent (cf. annexes ci-après).

La première partie de l’épreuve, notée sur 4 points, n’appelant qu’à une récitation de connaissances, perpétuerait les défauts de l’actuelle épreuve composée en incitant au bachotage au détriment de la liberté pédagogique et du développement de l’argumentation des élèves.

La seconde partie de l’épreuve, notée sur 6 points, pourrait comporter « un exercice conduisant à une résolution chiffrée ou graphique », qui se bornerait à évaluer des compétences mathématiques des élèves (qui par ailleurs pourraient ne plus suivre cette discipline en première !) au détriment d’une analyse pluraliste de la réalité économique et sociale.

La troisième partie de l’épreuve, notée sur 10 points, demandant un raisonnement appuyé sur un document texte et un document statistique, serait tout à fait pertinente si le sujet ne risquait pas de renouveler les défauts de l’actuelle épreuve composée en évinçant les libellés sous forme de débat, marquant là encore le peu de place accordé à l’argumentation et au pluralisme.

Parce que ces nouvelles épreuves risquent aujourd’hui d’être publiées au journal officiel sans qu’aucune procédure de consultation des organisations représentatives n’ait été mise en place, l’APSES demande à être reçue au plus vite par le Ministère sur cette question.

L’APSES rappelle que tous les sujets de baccalauréat doivent être construits autour d’une argumentation problématisée s’appuyant sur l’analyse de documents et la mobilisation de connaissances et de savoir-faire.

Annexe 1 – Projet de définition de l’épreuve écrite de SES de première communiqué aux éditeurs de manuels scolaires

Sciences économiques et sociales

Épreuve écrite

Durée : 3 heures

Objectifs

L’épreuve porte sur les notions et contenus, capacités et compétences figurant dans l’ensemble du programme de spécialité de sciences économiques et sociales de la classe de première défini par l’arrêté du 17 janvier 2019 paru au BOEN spécial n° 1du 22 janvier 2019.

Structure

L’épreuve est constituée de trois parties.

La première partie comporte une question de mobilisation de connaissances. Il est demandé au candidat de répondre à la question en faisant appel à ses connaissances acquises dans le cadre du programme.

La deuxième partie concerne le traitement de l’information. Elle comporte soit un exercice conduisant à une résolution chiffrée ou graphique, soit une étude d’un document comportant une ou plusieurs questions et un document de nature statistique (tableau, graphique, carte, radar, etc.) de 120 données chiffrées au maximum. Il est demandé au candidat de répondre aux questions en faisant appel à ses connaissances acquises dans le cadre du programme et en adoptant une démarche méthodologique rigoureuse de collecte, de traitement et d’analyse de l’information et en ayant recours le cas échéant à des résolutions chiffrées et graphiques.

La troisième partie demande un raisonnement appuyé sur un dossier documentaire. Le candidat est invité à développer un raisonnement structuré en exploitant les documents du dossier et en mobilisant ses connaissances acquises dans le cadre du programme. Le dossier documentaire comprend deux documents ; ils sont de nature différente : texte de 2 000 signes au maximum ; document de nature statistique de 65 données au maximum. Il est demandé aux candidats de traiter le sujet en développant un raisonnement structuré, en exploitant les documents du dossier, en mobilisant ses connaissances acquises dans le cadre du programme.

L’épreuve est construite de façon à couvrir plusieurs dimensions du programme : les trois parties de l’épreuve portent sur des questions différentes et au moins sur deux champs du programme (science économique, sociologie et science politique, regards croisés).

Notation

L’épreuve est notée sur 20 points. La première partie est notée sur 4 points, la deuxième sur 6 points, la troisième sur 10 points. Il sera tenu compte, dans la notation, de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation.

Annexe 2 : Exemples de sujets « prototypes » présentés par l’Inspection de SES dans l’académie de Lille

Première partie : Mobilisation de connaissances (4 points)

Exemple 1 : Présentez deux sources de financement des entreprises.

Exemple 2 : Illustrez par un exemple que le marché est défaillant en présence d’externalités.

Deuxième partie : Traitement de l’information (6 points)

Exemple 1

Le marché des pizzas présente les caractéristiques suivantes :

  • L’offre de pizzas a pour équation Offre = 2p + 5 (où p est le prix)
  • La demande de pizzas a pour équation Demande = -3 p +30
  1. A l’équilibre combien de pizzas sont vendues et à quel prix ?
  2. Vérifier votre calcul par une représentation graphique (graduation de 0 à 30 pour l’axe des abscisses, et de 0 à 10 pour l’axe des ordonnées).

En raison de la baisse des prix de la farine et des tomates, l’équation de la fonction d’offre devient Offre = 2p + 10

  1. Représentez sur votre graphique le déplacement de la courbe.
  2. Que constatez-vous ?

Exemple 2

Un consommateur appréciant la brioche a des préférences de demande en fonction du prix, de la nature suivante :

Quantités

Q

1

2

3

4

Prix

P

2

3

4

5

Un boulanger fabricant ces brioches, au regard de ses coûts de production, est prêt à vendre les quantités suivantes sur la base des prix ci-dessous :

Quantités

Q

1

2

3

4

Prix

P

4

3

2

1

  1. Représentez sur un graphique les droites de demande et d’offre de ce micro-marché
  2. Quelles sont la quantité et le prix d’équilibre ?

En raison d’une forte augmentation des prix du blé, les coûts de production augmentent brutalement.

Quantités

Q

1

2

3

4

Prix

P

6

5

4

3

[suivent d’autres questions suite à ce changement des coûts]

Exemple 3

  1. Donnez le mode de calcul du taux d’inscription électoral et du taux d’abstention électoral
  2. A l’aide du document, vous caractériserez l’évolution de l’abstention électorale.

Document : Données sur l’abstention aux élections présidentielles et législatives 2007-2017.

Présidentielle 1er tour

Présidentielle 2ème tour

Législatives 1er tour

Législatives 2ème tour

Taux d’abstention (%)

2007

16,23

16,03

39,58

40,02

2012

20,52

19,65

42,78

44,6

2017

22,23

25,44

51,3

57,36

Ecart taux d’abstention entre les ouvriers et les cadres (en points)

2007

5,8

6 ,5

16,6

13,9

2012

6,8

11,2

20

20,7

2017

12,55

12,01

25,8

23

Source : Céline Braconnier, Baptiste Coulmont et Jean-Yves Dormagen, « Toujours pas de chrysanthèmes pour les variables lourdes de la participation électorale », Revue française de science politique, volume 67, 2017

Troisième partie : raisonnement appuyé sur un dossier documentaire (10 points)

Exemple 1 – A l’aide de vos connaissances et des documents, vous montrerez que la protection sociale par ses logiques d’assurance et d’assistance contribue à une couverture des risques fondée sur le principe de solidarité collective.

– 1 document sur les prestations sociales (graphique)

– 1 texte.

Exemple 2 – A l’aide de vos connaissances et du dossier vous montrerez que la déviance revêt des formes variées.

– 1 document texte (« La galère », François Dubet)

– Doc 2 tableau statistique.

Recommandations aux concepteurs de sujets :

Le sujet est libellé sous forme affirmative, aucun plan-type. L’énoncé utilise les notions et questionnements des objectifs d’apprentissage des programmes.

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