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Bac 2024 : « On envoie nos élèves à l’abattoir », affirment les professeurs de SES en grève pour le « grand oral »

MOBILISATIONDepuis le mois de septembre dernier, l’association nationale des professeurs de sciences économiques et sociales demande au ministère de l’Éducation nationale une révision du programme qui est « trop chargé » et « intenable » en une année scolaire

Depuis le mois de septembre dernier, l'association nationale des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) demandent une révision du programme qui est « trop chargé » et « intenable » en une année scolaire. (Illustration)
Depuis le mois de septembre dernier, l’association nationale des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) demandent une révision du programme qui est « trop chargé » et « intenable » en une année scolaire. (Illustration) - D. Budin / D. Budin

Elise Martin

Ils avaient prévenu et ils l’ont fait. L’association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses), qui représente 45 % des enseignants de cette spécialité en France, a co

mmencé une grève ce mardi matin pour les épreuves de baccalauréat du « grand oral ». A Lyon, mais aussi dans d’autres académies, des rassemblements ont eu lieu, et vont avoir lieu jusqu’à « être entendus », devant des établissements pour dénoncer le programme « trop lourd » et « intenable » de SES.

« C’est toujours difficile de faire grève sur un moment d’examen comme celui-ci, affirme Amandine Oullion, coprésidente de l’Apses. Mais là, on a vraiment l’impression qu’on envoie nos élèves à l’abattoir. Ils se rendent à une épreuve à laquelle on n’a pas pu les préparer. Le ministère ne nous a pas laissé d’autres choix pour défendre la formation de nos élèves et pour lutter contre les inégalités. »

« On a été en souffrance toute l’année »

La coprésidente de l’association précise que les professeurs alertent sur cette situation depuis fin septembre, « depuis l’annonce du programme de douze chapitres [soit un quasi-doublement du nombre de chapitres] en terminale pour le baccalauréat », développe-t-elle. Avant d’ajouter : « On fait des demandes au ministère pour un allègement. Et jusqu’ici on n’a pas été entendu. »

Résultat ? « On a été en souffrance toute l’année », dit-elle. Certains professeurs ont demandé à leurs élèves de travailler des chapitres seuls à la maison, d’autres ont distribué des polycopiés. « Ça veut dire que nos terminales se présentent à l’examen avec beaucoup d’inégalités et impréparés. On est allé très vite sans avoir le temps de faire revenir sur des difficultés rencontrées. On a déjà eu du mal à boucler les douze chapitres pour les écrits, il était impossible de consacrer du temps, sur nos heures de spécialité, à l’épreuve du Grand oral », indique Amandine Oullion. Le « grand oral » compte pour 10 % sur la note finale du baccalauréat.

Le choix des chapitres supprimés « pose question »

A la suite de l’appel à mobilisation, les professeurs de SES ont reçu un mail des inspecteurs d’académie, lundi, pour annoncer que « le ministère avait décidé de supprimer trois chapitres pour la session du baccalauréat 2025 ». « Aucune décision n’a été officialisée, souligne la coprésidente de l’Apses. Et en plus, elle a été prise sans concertation avec les enseignants de SES. » Et le choix des chapitres supprimés « pose question », dénonce la représentante des profs de SES.

« Le ministère enlève le chapitre de la justice sociale dans lequel on voit de quelles manières les pouvoirs publics peuvent agir pour lutter contre les inégalités, via notamment la redistribution, la fiscalité, la protection sociale, pointe Amandine Oullion. Ce sont des choses qui disparaissent complètement de nos programmes puisque ce n’est plus au programme de terminale mais ce n’est pas non plus dans les programmes de première ni de seconde. Ça veut dire que les élèves vont faire toute une scolarité avec une spécialité de sciences économiques et sociales sans jamais travailler ces questions-là qui sont essentielles. A côté de ça, en première, on a trois chapitres qui traitent du fonctionnement du marché. Il y a un problème d’équilibre. »

Notre dossier baccalauréat 2024

Les professeurs lèveront la grève avec « la garantie d’une mise en place d’un groupe de travail sur la réécriture des programmes de SES » à laquelle ils seront associés. En attendant, le rectorat devra trouver des professeurs remplaçants pour assurer le déroulement de l’examen.

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