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13 juillet 2016 · 8 h 57 min

 

Taux de succès incroyable au baccalauréat. Taux d’échec incroyable à la licence. Il y a comme un problème, non ?

D’un côté, l’objectif de 80% de jeunes au niveau du baccalauréat est atteint : la part des bacheliers dans une génération a augmenté de 77,7% en 2015 à 78,6% en 2016 (in Le baccalauréat 2016, Note d’information, n°22, juillet 2016). D’un autre côté, l’objectif de la loi de 2005 sur l’École (50% de jeunes diplômés du supérieur dans une génération) ne se profile pas à l’horizon ; le pourcentage reste scotché un peu au-dessus des 40%.

Intéressons nous aux seuls bacheliers généraux, i.e. à ceux qui réussissent le moins mal dans l’enseignement supérieur : taux de succès au bac ? taux d’obtention de la licence en 3 ou 4 ans ?

En 2016, 91,4% des candidats à un baccalauréat général l’ont obtenu (327.049 bacheliers généraux contre 316.971 en 2015). Ce taux est égal à celui de 2015. Les taux de succès dans les 3 types de baccalauréat général sont tous supérieurs à 91%.

Au baccalauréat général, la proportion de candidats obtenant une mention Bien ou Très bien est la plus élevée : elle a atteint 30,4% contre 12,9% dans la voie technologique et 11,6% dans les spécialités professionnelles. Cette proportion a augmenté de 2,6 points par rapport à 2015 dans la voie générale. Aux mentions les plus élevées, il faut ajouter 1/4 de mentions Assez bien chez les bacheliers généraux.

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Tous les bacheliers généraux poursuivent des études supérieures, à quelques exceptions près. La majorité des 327.049 bacheliers généraux de 2016 vont s’inscrire à l’université, la moitié d’entre eux venant d’obtenir une mention à leur bac. Un avenir rose – obtenir la licence en 3 ans – devrait se dessiner devant eux. Ce ne sera vraisemblablement pas le cas.

Le tableau ci-dessous indique que seulement 34,7% des bacheliers généraux 2010 (cohorte ayant passé au moins 4 ans dans le supérieur) ont obtenu leur licence en 3 ans, 49% en 4 ans. Ces taux de succès moyens sont inférieurs pour les bacheliers généraux littéraires (respectivement 31,7% et 44,7%).

p1420911Parcours et réussite aux diplômes universitaires : les indicateurs de la session 2014

Isabelle Maetz, DGESIP, Note Flash, N°1, février 2016.

Pléthore de mentions au bac versus Minorité de licences obtenues en 3 ans : un paradoxe français assassin. L’introduction de ma chronique du 25 février 2016, L’Université sans qualités, reste d’actualité. A tous les niveaux de formation, les taux de diplômés, dans les délais (2 ans pour le DUT, 3 ans pour la licence, 1 an pour la 3ème année de licence, 2 ans pour le master) ou avec une année de plus, sont mauvais. Pire, les taux ne s’améliorent pas en licence, en dépit de modalités de contrôle des connaissances fort favorables aux étudiants.

L’Université sans qualités est indigne de notre pays. Pire, elle nous précipite dans une crise financière qui s’accentuera au fil des ans (progression du nombre d’étudiants universitaires). Les ressources publiques et les sur-ressources (financement des années de redoublement) sont insuffisantes (diminution de la dépense par étudiant), mais en même temps elles sont gaspillées : elles ne permettent pas une diplomation élevée. Viendra prochainement le jour où ces dépenses interrogeront les contribuables. L’Université publique sans qualités n’est pas garantie d’une vie éternelle.

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